Il était l'enfant roi, objet de toutes les attentions. Câlins, cadeaux, bisous, mots d'amour... tout était pour lui. Et voilà que la menace déboule de la clinique sous les traits d'une petite sœur ou d'un petit frère. Désormais, papa et maman ne s'intéressent plus qu'à ce petit être chauve et rose. Ils en font des tonnes et le négligent lui, qui était leur chouchou avant l'arrivée de la concurrence. Rongé par la jalousie, l'ex-enfant-roi rêve de vengeance. Il étranglerait bien ce nouveau bébé qui lui a chipé sa place ! Pour rassurer leur aîné, les parents déploient des trésors de psychologie. Témoignages et anecdotes. Asma, 34 ans «Dès mon retour de la maternité, mon fils nous a fait une grosse crise de jalousie. Celle-ci s'est manifestée par une série de comportements bizarres. Du jour au lendemain, il a exigé de boire son lait dans le biberon, s'est remis à mouiller son lit afin qu'on lui remette des couches et à pousser des hurlements sans aucune raison apparente. A la minute où je prenais son petit frère dans mes bras, il se précipitait pour tenter de prendre sa place, n'hésitant pas à lui asséner quelques coups au passage. Une fois, il a profité d'un moment où j'avais le dos tourné pour lui griffer le visage et le pincer. Mon bébé a commencé à pleurer. Mon aîné jubilait de le voir en larmes. Il m'a dit que je ferais mieux de le rendre à la clinique car il était laid. Pendant plusieurs mois, j'ai dû faire montre de psychologie afin de calmer sa jalousie. Cela passait par des mots réconfortants pour lui dire que c'est lui le grand frère, qu'il était beau et que personne ne prendrait sa place. Il a retrouvé un semblant de sérénité, mais me demande constamment si je l'aime encore. Je pense qu'il a besoin d'être rassuré à cause de l'arrivée de son petit frère, qu'il considère comme un ennemi pour le moment.» Faiza, 26 ans «L'arrivée de ma petite fille a complètement perturbé mon fils Anis âgé de 3 ans. Je suis obligée de monter la garde tellement j'ai peur de ses réactions. Récemment, il a échappé à ma vigilance ainsi qu'à celle de son père. Mon bébé dormait dans son berceau. Affairée en cuisine, je l'avais confié à la surveillance de son papa qui, entre-temps, s'est assoupi. Anis a profité de cet instant pour porter sa petite sœur à la salle de bain avec l'idée de lui donner son bain. Comme un grand, il a rempli une bassine d'eau brûlante. Il était en train de déshabiller sa petite sœur pour l'immerger dans son bain. Par bonheur, mon mari s'est réveillé juste à temps pour éviter une catastrophe. Nous l'avons fortement grondé et, pour se venger, il a mordu sa petite sœur au niveau des cuisses dès le lendemain. Afin de ne pas attiser sa jalousie, j'adopte une stratégie en sollicitant son aide lorsque je m'occupe de sa sœur. Je lui demande de m'apporter une couche, une serviette ou de lui donner le biberon. Cela lui donne l'impression d'être utile et le calme un peu. Mais, pour le moment, il est impossible de le laisser seul en présence du bébé sans craindre le pire.» Salim, 39 ans «Pendant quatre ans, ma fille était traitée comme une princesse. Enfant unique, Lyna était choyée, gâtée, adulée par toute la famille. L'arrivée de son petit frère l'a rendue très jalouse. Déjà, avant l'accouchement, elle donnait de grands coups dans le ventre de sa maman. Elle répétait à qui voulait l'entendre, qu'elle n'avait nul besoin d'une petite sœur qui lui volerait ses jouets, mangerait son chocolat et lui enlèverait ses parents. A chaque fois que ma femme et moi achetions de la layette pour le futur bébé, elle exigeait d'avoir de nouveaux habits elle aussi. A l'arrivée de sa sœur, Lyna a commencé à enchaîner les bêtises, elle qui, d'habitude, était très sage. Elle a mis de la peinture sur la couverture et la layette de sa sœur. Une fois, elle a tenté de l'étouffer en appuyant sur sa bouche avec ses deux mains. Je ne compte pas le nombre de morsures et de pincements qu'elle a imprimés sur la peau du bébé. Lyna a aussi refusé d'aller à la crèche, elle qui aimait tellement y retrouver ses petites copines. Elle ne savait plus manger seule et réclamait qu'on la nourrisse à la cuillère comme un bébé. En réalité, notre fille aînée a compris qu'il fallait accaparer notre attention par tous les moyens afin qu'on ne s'occupe plus de sa petite sœur, ce ‘‘microbe'' comme elle se plaisait à l'appeler. Dès que sa sœur a bouclé ses deux ans, les choses se sont un peu tassées. Lyna a trouvé une compagne de jeux en la personne de sa petite sœur. Cela l'a rendue moins jalouse du coup.» L'inquiétude des aînés face à l'arrivée d'une petite sœur ou d'un petit frère est légitime. Ils imaginent qu'ils vont être rejetés ou relégués au second plan... Ils ont juste besoin d'être rassurés afin de tempérer leur jalousie. C'est aux parents de déployer des trésors d'imagination pour leur prouver leur indéfectible amour.