Cinq ans apr�s la mort du grand reporter Didier Contant, le juge d�instruction parisien, Patrick Rama�l, qui enqu�tait sur les circonstances du d�c�s, a ordonn�, le 5 f�vrier dernier, le renvoi du journaliste Jean-Baptiste Rivoire devant le tribunal correctionnel de Paris pour violences volontaires pr�m�dit�es. Cette querelle entre journalistes n�a sans doute pas retenu jusqu�� pr�sent toute l�attention que m�rite pourtant cette �trange affaire, qui d�passe de loin une simple rivalit� professionnelle : Rivoire et Contant enqu�taient tous deux sur la mort, en 1996, des moines de Tibhirine. En janvier 2004, Didier Contant, qui avait publi� un premier sujet dans Le Figaro Magazine, s�appr�tait � proposer � l�hebdomadaire un nouvel article contredisant totalement la th�se de Rivoire. Au cours de sa derni�re investigation, le grand reporter avait trouv� de nouveaux t�moins, affirmant que les moines avaient �t� assassin�s par le GIA et il avait recueilli des t�moignages mettant en doute la cr�dibilit� des propos d�Abdelkader Tigha. Or, l�enqu�te de Rivoire reposait en grande partie sur les d�clarations de ce sous-officier d�serteur de l�arm�e alg�rienne, qui mettait en cause cette derni�re dans l�assassinat des moines. Les r�v�lations de Tigha ont �t� largement exploit�es par un certain nombre de personnes ayant manifest� un vif int�r�t pour la situation en Alg�rie et qui d�noncent sans nuance, depuis plusieurs ann�es, l�instrumentalisation du terrorisme islamiste par le gouvernement alg�rien. Dans l�intention d�emp�cher toute nouvelle publication de son confr�re, Jean-Baptiste Rivoire a contact� les r�dactions parisiennes en se r�clamant de sources dignes de foi, pour accuser, ni plus ni moins, Didier Contant d��tre un agent des services secrets alg�riens et fran�ais. Les nombreux journalistes, t�moins des faits, entendus par le juge d�instruction ont confirm� la r�alit� des accusations prof�r�es par Rivoire et le caract�re gravissime d�une telle man�uvre qui condamne la personne vis�e � une perte totale de cr�dit et � sa mort professionnelle� Didier Contant n�a pas support� d��tre ainsi calomni� et mis en cause dans son int�grit� professionnelle. Il y a quatre ans, Rina Sherman, la compagne de Contant, a port� plainte et s�est constitu�e partie civile. Elle a depuis relat� sa propre enqu�te dans un ouvrage intitul� Le huiti�me mort de Tibhirine*, ainsi que dans un film, Paris de mes exils. L�information judiciaire a aujourd�hui totalement confirm� les faits d�nonc�s � l�encontre de Jean- Baptiste Rivoire. Un journaliste manipule volontairement une information, une inf�me calomnie, la diffuse, d�autres ne la v�rifient pas, un dernier en fait les frais� C��tait l�affaire Contant. Avec ce renvoi devant la juridiction correctionnelle, on va pouvoir d�sormais parler de l�affaire Rivoire.