L�abstention, seul et unique adversaire de Abdelaziz Bouteflika, pourrait fausser tous les calculs du scrutin qui se d�roulera aujourd�hui. Pour faire face � cette menace, les autorit�s ont multipli� les actions envers les citoyens. Aujourd�hui, annonceront-elles des r�sultats probants ? Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - �Votez ! M�me contre moi, m�me � bulletin blanc !� L�appel lanc� par Abdelaziz Bouteflika d�s le premier jour de campagne, � partir de Batna, d�montre, � lui seul, la crainte que suscite le spectre de l�abstention. Le candidat-pr�sident a tenu � r�it�rer cet appel � chacun de ses meetings. A tel point qu�il donnera l�impression de mener une �contre-campagne�. C�est que l�heure est grave. Il est admis que Abdelaziz Bouteflika ne saurait accepter d��tre �lu avec un taux de participation inf�rieur � 60%. Pour �lutter� contre l�abstention, l�administration a mis en �uvre des moyens cons�quents. Cette offensive a d�but� bien avant le lancement de la campagne �lectorale avec le renouvellement du fichier �lectoral. Le minist�re de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales a d�cid� de faire du porte-�porte pour enregistrer puis distribuer les cartes de vote aux citoyens. Un service tout � fait in�dit pour une administration scl�ros�e par la bureaucratie. Puis, c�est au tour des sp�cialistes de la communication institutionnelle d�intervenir � travers une campagne publicitaire largement diffus�e dans les m�dias. �Ne laissez personne d�cider � votre place�, dit en substance le slogan. Les op�rations de �persuasion des masses� se multiplient. Rien n�y �chappe, pas m�me l��cole et la mosqu�e. Lors de la campagne �lectorale, Abdelaziz Bouteflika n�est pas seul � faire la promotion du �devoir national�. Les cinq autres candidats s�y mettent eux aussi. Comme ils ne manqueront pas de fustiger les partisans du boycott, FFS et RCD en premi�re ligne. Ces derniers seront trait�s de tous les mots. Ahmed Ouyahia, principal soutien de Bouteflika et pr�sident de la Commission d�organisation de l��lection pr�sidentielle, en fera m�me son sujet de pr�dilection dans ses discours. �Je vais �tre direct : ceux qui appellent au boycott sont les tra�tres de la nation, des criminels (�). La jeunesse alg�rienne ne doit pas �tre un instrument politique, votre r�ponse est d�aller vous exprimer librement le jour du scrutin afin d��lire votre repr�sentant, c�est votre avenir qui est en jeu.� Des d�clarations vivement d�nonc�es par les partis de Hocine A�t-Ahmed et de Sa�d Sadi. Reste l�essentiel : les Alg�riens iront-ils voter aujourd�hui ? A voir le peu d�engouement des citoyens pour cette �lection et, surtout, la d�t�rioration de la situation socio�conomique, on serait tent� de r�pondre par la n�gative. Pourtant, certains se veulent optimistes. A l�instar du ministre de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales qui dit refuser de vivre avec le complexe de l�abstention et qui estime que le �taux sera bon�. Un optimisme que ne partage pas le FFS qui table sur un taux de participation de 30%. A ce titre, Karim Tabou, le premier responsable de ce parti, se dit pr�t � rendre publics les r�sultats de la r��lection de Abdelaziz Bouteflika avant m�me leur annonce officielle.