On ne se bouscule plus entre les �tals des march�s des fruits et l�gumes. Cons�quence des derni�res hausses, la mercuriale, en folie, a rendu infr�quentables les souks et march�s, et fait fuir le citoyen. �Le consommateur alg�rien assume une grande part de responsabilit� dans cette hausse des prix des fruits et l�gumes. Puisque, c�est dans ce contexte de flamb�e qu�il se rabat le plus sur ces produits. C�est une singularit� alg�rienne�, reprochera un retrait�. Cette fois-ci la hausse des prix a plut�t fait fuir les gens des march�s qui ne sont pas fourmillants comme � l�accoutum�e. De moins en moins d�acheteurs fr�quentent, en effet, les �talages des marchands de l�gumes qui, chert� de l�offre oblige, tendent � diversifier leurs marchandises. �Cette diversification est un param�tre qui indique que le march� stagne. Ils essayent ainsi de compenser le manque � gagner qu�engendre la m�vente de certains produits qui ne sont pas � la port�e du consommateur�, expliquera un ancien l�gumier. R�sultat d�une baisse naturelle de l�offre ou d�un monopole orchestr� de barons sans scrupules, les vendeurs aux trois principaux march�s de d�tail de la ville des Ponts n�arrivent plus, en tout cas, � trouver des explications � cette flamb�e. �Peut-�tre que l�offre ne r�ponde pas aux besoins du march�, mais le peu qu�on ach�te on l��coule difficilement. C�est du jamais vu ! Je vous jure que m�me le pr�sident de la R�publique ne pourra expliquer cette situation�, a r�pliqu� un l�gumier du march� des Fr�res Bettou de Saint-Jean � Constantine qui a vu son chiffre d�affaires d�gringoler. N�anmoins, la majorit� des p�res de famille abord�s devant ces souks ne jure que par le boycott du scrutin de demain. �M�me l�oignon s�est permis des moustaches. Moi je ne l�ach�te pas � 60 DA. C�est exorbitant !� regrettera, par ailleurs, une vieille dame � la sortie du march� de Boumezzou. Une autre femme au foyer, qui a, de son c�t�, qualifi� d�imaginaires� ces prix, ira dans le m�me sens pour dire qu�il faut au contraire boycotter ces produits afin d�apaiser un temps soit peu la tension. �Il ne faut pas acheter la patate � 90 DA et se diriger vers d�autres produits�, appellera-t-elle. �Pensez-vous que le citoyen alg�rien, s�int�resse � la politique en ces moments ?� s�interrogera une femme au foyer, 34 ans, abord�e hier devant le march� de Boumezzou situ� en bas de la place de la Br�che et qui a plut�t la t�te ailleurs, avant d�encha�ner : �J�ai fait mes emplettes � Souk El-Asser. Je n�ai m�me pas os� mettre les pieds dans ce march� o� les prix ne sont pas � la port�e de tout le monde. Mon mari est diab�tique. Je lui ai achet� un demi kilo d�haricots verts pour les besoins de son r�gime � raison de 140 DA/kilo, un kilo de patates pour les enfants (80 DA) et des oignons. M�me les prix des l�gumes de saison sont tr�s chers. Plus au moins, on trouve nos comptes dans les l�gumes secs mais les enfants en ont marre. Je n�arrive plus � les satisfaire. Personnellement, j�ai d�velopp� une crise de colon mais je vous jure que �a n�a rien � voir avec ces l�gumes secs. Les m�decins m�ont signifi� que c�est plut�t le stress. Et on nous demande de voter ! M�me si je vais voter, je le ferai juste pour parapher ma carte de vote. Peu importe pour moi le gagnant. Moi, je veux vivre dignement. J�ai 34 ans� Dites-leur qu�ils font baisser le prix de la pomme de terre � 20 DA et ils auront une participation record aux �lections.� En tout �tat de cause, les prix � Souk El-Asser ne sont pas si moins chers par rapport aux march�s des Fr�res Bettou et celui de Boumezzou. Les patates sont c�d�es � 80 DA, soit 10 DA de moins. Les prix des petits pois et des artichauts, pourtant de saison, sont respectivement de 50 DA et 40 DA, soit 30 et 20 DA de moins. La tomate est vendue � 60 DA contre 100 DA aux march� des Fr�res Bettou, sauf qu�il faut pr�ciser que la qualit� du produit reste quand m�me un �l�ment angoissant des habitu�s de Souk El-Asser comme ceux qui y se sont r�orient�s, forc�s par la flamb�e des prix.