A peine r��lu, le pr�sident de la R�publique devra relever un d�fi majeur : assurer une r�elle gouvernance dans le contexte de crise �conomique mondiale. Ce qui n�est pas �vident d�autant que l�aisance financi�re accumul�e durant la d�cade �coul�e a �clips� la question de la gestion. Ch�rif Bennaceur - Alger (Le Soir) - Elu en 1999, reconduit en 2004 et r��lu en 2009, le pr�sident de la R�publique, Abdelaziz Bouteflika, a lanc�, durant ses deux premiers mandats, deux programmes de d�veloppement �conomique financ�s par les deniers publics. Durant le premier mandat, un plan triennal de soutien � la relance �conomique (PSRE) avait �t� lanc� pour la p�riode 2001-2004 et dot� d�une enveloppe budg�taire de l�ordre de 7 milliards de dollars. A l�issue de ce plan aux r�sultats quelque peu mitig�s, un programme compl�mentaire de soutien � la relance �conomique (PCSRE) a �t� impuls� entre 2005 et 2009. Pour ce second programme, une enveloppe budg�taire initiale de 55 milliards de dollars avait �t� allou�e avant d��tre revue progressivement � la hausse pour atteindre les 150 milliards de dollars. Une r��valuation rendue possible par l�am�lioration des revenus g�n�r�s par l�exportation des hydrocarbures. En effet, les cours du p�trole ont observ� une tendance haussi�re durant la p�riode 2001-2008, atteignant une moyenne annuelle de 40 � 50 dollars le baril avant le pic � 147 dollars en 2008. Une flamb�e des cours qui a permis � notre pays, exportateur de p�trole, d�engranger d�importantes recettes (54 milliards de dollars en 2007 et pr�s de 80 milliards de dollars en 2008). Mais aussi de voir ses r�serves internationales accro�tre jusqu�� 140 milliards de dollars et ses disponibilit�s internes s�accumuler avec un stock �quivalent � 55 milliards de dollars entrepos�s dans un Fonds de r�gulation des recettes (FRR). Des disponibilit�s financi�res qui ont permis de financer une bonne partie de ces deux plans de d�veloppement, de voir l�endettement ext�rieur se r�duire comme une peau de chagrin (de plus de 30 milliards de dollars, la dette externe ne d�passe pas les 4 milliards de dollars), et sur lesquelles le gouvernement table pour assurer le financement d�un troisi�me programme. En effet, alors que le PCSRE n�a pas encore abouti, le chef de l�Etat a lanc�, avant m�me sa r��lection, l�option d�un programme quinquennal 2010-2015. Une option r�alisable financi�rement, assure l�establishment dirigeant, arguant une gestion financi�re prudente, mais que la d�gringolade des cours du p�trole rend quelque peu al�atoire. Or, l�aisance financi�re accumul�e a servi au financement des deux pr�c�dents programmes, l�Etat ayant d�pens� notamment dans le d�veloppement infrastructurel, mais elle a, cependant, constitu� un leurre et �clips� la question de la gestion et surtout de la gestion efficace. Au-del� des facteurs externes (pluviom�trie et fluctuation des cours du p�trole) qui ont impact� sur le d�veloppement agricole et les revenus ext�rieurs, ce sont surtout les errements bureaucratiques, l�inefficience de l�encadrement manag�rial, les incoh�rences et l�absence de lisibilit� et de visibilit� de la politique �conomique, l�absence d�une vision �conomique et politique claire, sur le moyen et le long terme, qui ont marqu� la d�cade �coul�e du sceau de la non gestion. Fi de toute rh�torique ou expertise conformiste ou complaisante. Cens�s g�rer efficacement cette manne, sur la base d�une vision claire, des objectifs d�finis et des moyens pr�cis, les managers �conomiques (gouvernement, administration, patrons d�entreprises publiques et m�me priv�es) en ont pourtant manqu�. En d�autres termes, la gestion �conomique, et partant la politique �conomique, d�faillante m�me avec des cours du p�trole �lev�s, sera-t-elle diff�rente avec des cours qui peinent � se stabiliser du fait de la crise �conomique mondiale ? Pour le pr�sident r��lu, le d�fi majeur � relever reste � assurer une r�elle gouvernance financi�re avec des cours du p�trole au mieux � 50 dollars, au pire � 30 dollars si la r�cession �conomique mondiale perdure. Car il ne suffit pas seulement de mettre en avant le principe de prudence (�laboration des lois de finances sur la base d�un prix fiscal de 19 dollars, placement s�curis� et diversifi� des r�serves internationales, recours potentiel aux disponibilit�s du FRR�) et de mettre en branle une r�forme budg�taire cens�e �tre plus efficiente mais que d�aucuns comparent d�j� � l�Arl�sienne. Il s�agit plut�t, pour le chef de l�Etat, hors toute consid�ration de �continuit�, de d�finir une vision et une politique �conomique, nonobstant ses engagements annonc�s quant � la cr�ation de trois millions d�emplois, la revalorisation salariale et l�impulsion de ce troisi�me plan de d�veloppement. Il reviendra au chef de l�Etat de revoir l�encadrement tant gouvernemental qu�administratif pour assurer la r�alisation de cette politique. D�fi crucial, il faudra g�rer et mieux g�rer l�utilisation des revenus d�exportation, de plus en plus moindres, sans c�der aux errements bureaucratiques, rentiers et autres atermoiements. Il s�av�re aussi vital de passer aux actes en mati�re de promotion d�une �conomie moins vuln�rable aux fluctuations des cours de l�or noir, d�une �conomie fond�e sur la connaissance et d�une �conomie o� le capital humain compte davantage. En somme, le troisi�me quinquennat pr�sidentiel sera-t- il le mandat de la gouvernance retrouv�e et de la bonne gestion �conomique et politique ?