Un remaniement ministériel devrait intervenir dès la proclamation des résultats par le Conseil constitutionnel. «Le prochain mandat sera pour la reconstruction», avait affirmé le président-candidat lors d'un meeting animé à Chlef. Elu à l'unanimité, le Président Bouteflika, en attendant la validation, dans une dizaine de jours au plus tard, des résultats du scrutin du 9 avril par le Conseil constitutionnel, a désormais les coudées franches pour mener à terme son programme. Un programme axé sur le concret: 3 millions d'emplois, un autre million de logements, assurer la sécurité alimentaire et le parachèvement des réalisations entamées durant le mandat précédent. Telles sont les priorités que s'est fixées le Président réélu pour son prochain quinquennat et auxquelles une enveloppe budgétaire de 150 milliards de dollars devrait être réservée. Pour ce faire, un nettoyage des écuries d'Augias s'impose. Si Ahmed Ouyahia devait être reconduit dans ses fonctions de Premier ministre, des ministres devraient rendre le tablier pour absence de résultats. En effet, les femmes et les hommes ayant fait preuve d'efficacité au sein du gouvernement se comptent sur les doigts d'une seule main. L'heure de faire les valises a sonné pour la plupart d'entre eux. De nouvelles figures devraient apparaître au sein du gouvernement. La bonne conduite du programme présidentiel nécessite de l'efficacité et un sens des responsabilités, d'autant que c'est dans le domaine économique et social que l'action des différents gouvernements a enregistré des retards. Libéré de la contrainte sécuritaire grâce à la Réconciliation nationale, le Président Bouteflika sait que son action est beaucoup plus attendue aux plans social et du développement économique. La jeunesse, l'autre bombe à retardement, devrait bénéficier d'une attention particulière, au même titre que l'agriculture, à la traîne, comparativement à nos voisins et à nos ressources. En effet, ces deux secteurs sont intimement liés. Développer l'agriculture pour assurer l'autosuffisance alimentaire, c'est créer par ricochet de l'emploi et résorber le chômage. Et quand on sait que la facture alimentaire est passée à 8 milliards de dollars en 2008, il y a urgence, d'autant que les recettes pétrolières dont le pays dépend à 98% s'amenuisent de plus en plus. Aussi, il est temps de remettre la machine de production sur rails. Mais, pour ce faire, il est impératif d'associer tous les opérateurs économiques nationaux en dépit des réticences des banques qui se refusent à prendre des risques. La réforme financière est un autre problème à ne pas négliger et il y a tant de chantiers à mener à terme pour rétablir la crédibilité de l'Etat et insuffler un réel essor à l'économie nationale et au développement social. Cependant, cet essor n'aura lieu que si le changement de système, de méthodes et de têtes n'est pas ignoré au risque de faire face à un pourrissement social et à une démission collective de tout projet de renaissance. L'électrochoc est impératif. Le nouveau gouvernement devrait être à la hauteur. Il doit être technocrate tout en respectant l'équilibre régional.