Le 26 avril 1901 est une date qui a marqu� l�histoire non seulement de la r�gion de A�n-Torki, ex- Marguerite, mais aussi la longue lutte du peuple alg�rien contre le syst�me colonial fran�ais. Comme tout syst�me colonial, le syst�me fran�ais a �t� caract�ris� par l�extermination de villages entiers, la d�possession des autochtone de leurs biens, l�expropriation au nom du pouvoir en place et par la force, la paup�risation de ceux que ce pouvoir appelait �les indig�nes�, en s�appuyant sur une armada de �lois� fallacieuses, des proc�s injustes intent�s contre les propri�taires alg�riens, proc�s perdus d�avance pour eux au profit de colons install�s. A titre d�exemple, l�histoire aura retenu le cas du colon Jenoudet qui a accapar� des terres fertiles sur une superficie estim�e � plus de 1 600 ha. En fait, ces spoliations, expropriations, transferts de propri�t�s, extorsion des biens des Alg�riens ont commenc� bien plus t�t, au lendemain de 1830, date du d�but de la colonisation, d�s 1877. Selon certains documents, les colons europ�ens qui se sont install�s sur la terre alg�rienne se sont vu octroyer 1 040 ha dont 4 912 ha pr�lev�s sur le r�gime forestier et 5 128 ha provenant des expropriations des Alg�riens de leurs terres. Face � cette vague d�expropriations, d�possession et redistribution des terres spoli�es au profit des colons, les Alg�riens ne sont pas rest�s passifs. Au mois de juin 1896, 27 tribus se sont r�unies et ont introduit un recours aupr�s du Conseil g�n�ral d�Alger demandant � cette instance l�abrogation de l�application du �Senatus� Consulte, recueil de lois autorisant ces d�passements et l�galisant toutes les injustices. Toute pression induisant l�explosion, principe connu m�me en sociologie, l�explosion a eu lieu et la r�volte fut sous la forme d�une insurrection arm�e, men�e, organis�e et conduite par un groupe d�hommes dont les noms sont inscrits sur les pages de l�histoire, celle de la lutte du peuple alg�rien contre l�occupant, l'oppressant. L�insurrection a connu une phase pr�paratoire le 22 avril 1901. Tous les chefs de tributs ont tenu une r�union au sanctuaire de Sidi M�hamed Benyahia � quelque 3 km � l�est de A�n- Torki, au lieu-dit Tizi-Ouchir. La r�volte des opprim�s a eu lieu le vendredi 26 avril 1901 dirig�e contre les colons et a cibl� la petite garnison locale. Comme dans toute r�volte, le bilan a �t� lourd, principalement pour les insurg�s. Si on a d�nombr� 37 colons tu�s, du c�t� des opprim�s, on a compt� 68 Alg�riens massacr�s avec l�appui des renforts venus de la garnison de Miliana, 187 insurg�s arr�t�s et jug�s. Le proc�s des opprim�s s�est d�roul� � la cour d�assises de Montpellier. A l�issue du proc�s, 85 d�portations au bagne de Nouvelle-Cal�donie ont �t� ordonn�es, � Cayenne. Parmi les d�port�s, figuraient 6 chefs de tribus, avec � leur t�te Mohamed Yacoub, aux c�t�s de Bourbiza M�hamed, Othmane M�hamed, Talbi Miloud, Abdellah El Hirti et Hadj Bena�cha. Ce dernier s�est �teint au bagne en 1905 suivi en cela par Yacoub Mohamed. Les verdicts sont tomb�s apr�s 46 audiences de la cour d�assises o� s�est tenu le proc�s qui s�est ouvert le 11 d�cembre 1902 pour se terminer le 8 f�vrier 1903. Ce fut un proc�s pr�monitoire, un avertissement du pouvoir colonial et de l�Etat fran�ais de l��poque qui avait ent�rin� l�injustice en restant sourd aux cris de d�tresse des opprim�s. A ce sujet, La D�p�che, un quotidien fran�ais, faisait para�tre un article le 10 f�vrier 1903 soit 2 jours apr�s l�annonce des verdicts et la cl�ture du �proc�s �, article intitul� �La r�volte des Righas�. �La r�volte des Righas a �t� une r�volte de paysans, accabl�s d�imp�ts, pers�cut�s et affam�s... Si la France laisse subsister ce r�gime, il y aura fatalement des insurrections plus terribles et elle perdrait l�Alg�rie.� Des insurrections apr�s celle des Righas il y en a eu, et la plus grande, celle qui a lib�r� l�Alg�rie du joug colonial, a d�but� le 1er novembre 1954. Cet avertissement, non seulement n�avait pas �t� entendu, mais l�Etat colonial a fait pire puisque par le d�cret du 26 mars 1902 ont �t� �rig�s les tribunaux sp�ciaux pour �indig�nes�. Pour perp�tuer le souvenir de ces hommes qui ont brav� la soldatesque coloniale, chaque ann�e, population, autorit�s civiles et militaires, viennent se recueillir au pied de la st�le �rig�e � Tizi-Ouchir � la m�moire de tous les opprim�s qui ont lutt� pour la libert� au prix de tous les sacrifices m�me de leur vie. Dimanche 26 avril, la m�me c�r�monie a eu lieu dans la matin�e, au cours de laquelle, apr�s le d�p�t d�une gerbe de fleurs au pied de la st�le, un orateur a ouvert un livre d�histoire � la page retra�ant l��pop�e de la �r�volte des Righas�.