�L�euro est � 122 DA � la vente et 121 � l�achat. Et si vous avez une somme cons�quente, je vous la prendrai � 121,50 DA�, nous dira Bilal. Adoss� � un �norme pilier au niveau des arcades de la rue Abane-Ramdane, une liasse de billets d�euros dans les mains, ce jeune homme, � l�accent jijelien prononc�, rencontr� hier au square Port-Sa�d � Alger, scrute les passants � l�aff�t d��ventuels clients. Dans ce haut lieu de la finance informelle, l�ambiance est certes diff�rente de celle des grandes places boursi�res mondiales mais pas indiff�rente � la crise financi�re mondiale. Lotfi M�rad - Alger (Le Soir) - Comme Bilal, ils sont plusieurs dizaines de jeunes � �pier du matin au soir, l�ex-Square Bresson, mais aussi les rues et les ruelles adjacentes. Jonglant tels des prestidigitateurs avec des liasses de billets de banque, ces cambistes proposent � la vente les principales devises �trang�res. Ces animateurs de la bourse informelle d�Alger sont post�s partout, sous les arcades, attabl�s � une terrasse, � l�int�rieur d�une voiture ou carr�ment debout sur la chauss�e et proposent, sans le moindre scrupule, leurs services aux pi�tons et aux automobilistes. Sur place, plusieurs millions de dollars et d�euros seraient �chang�s chaque jour. Les transactions sont quotidiennes et les b�n�fices �normes en d�pit de la crise financi�re mondiale qui perdure et qui fait trembler toutes les Bourses du monde. Et � en croire Mourad, un autre cambiste, originaire d�Alger, post� au coin d�une rue, � quelques m�tres du Palais de justice, la �Bourse� informelle d�Alger n�a pas �t� �pargn�e. �La crise a bel et bien �t� ressentie au Square, il y a quelques semaines avec une chute brutale des cours de l�euro qui s�est vendu � 107 DA�, nous apprend Mourad qui dit travailler � son propre compte. �L�offre �tait sup�rieure � la demande mais les cours se sont vite redress�s en passant � 117 puis 122 actuellement�, explique notre interlocuteur. Mais tel un orage d��t�, la temp�te est vite pass�e et les cours se sont redress�s aussit�t. Une situation qui arrange les affaires de ces courtiers, petits et grands. Hier encore, le billet vert s��changeait contre 90,20 DA � la vente et 90,10 DA � l�achat contre une moyenne de 86 DA il y a quelques jours. Mais ni Mourad l�Alg�rois encore moins Bilal le Jijelien n�ont �t� capables d�expliquer les raisons de ces fluctuations des cours des principales devises �trang�res. Ils sont n�anmoins certains que �la barre des 122 DA pour un euro ne sera pas d�pass�e�. Avec la perspective de l�inondation du march� par la devise europ�enne en �t� avec l�arriv�e massive des �migr�s, �l�euro risque m�me de perdre un peu de sa valeur dans les prochains jours�. Pour ces deux courtiers comme pour les autres d�ailleurs, l�essentiel est de rapporter un maximum de b�n�fices au patron et d�obtenir ainsi une petite ristourne. �Je prends 2% pour 100 euros vendus�, confie Bilal qui compte parmi ses clients de simples citoyens ayant une allocation en devise annuelle plafonn�e � l��quivalent de 15 000 DA, mais aussi des hommes d�affaires tr�s demandeurs en devises fortes. Faisant de la revente de la devise son gagne-pain, Bilal affirme gagner �parfois jusqu�� 3 000 dinars par jour mais d�autres jours, je ne vends rien et rentre bredouille sans aucun sou en poche�.