Le march� informel est, lui aussi, touch� de plein fouet par la crise �conomique. Que ce soit au march� Duba� d�El-Eulma ou � El-Hamiz � Alger, la tendance est au ralentissement de l�activit�. Ceci est �galement le cas chez les �cambistes� du Square Port-Sa�d d�Alger. La masse financi�re des changes a connu �une cure d�amaigrissement� jamais connue par le pass�. Reportage r�alis� par Abder Bettache Grand bazar d�El-Hamiz. Dimanche 26 avril 2009. Il est 11h 30min. L�ambiance n�est plus ce qu�elle �tait il y a quelques ann�es. Le vaste parking jouxtant la centaine de magasins est nu. Peu de voitures en stationnement. L�affluence des ann�es pass�es n�est plus au rendez-vous. Signe des temps : �La crise s�installe chez nous�, commente M�barek, g�rant d�un magasin sp�cialis� dans la vente d�ustensiles. A El-Hamiz, une seule route est goudronn�e. A l'exception de la rue principale, aucun chemin n'est encore rev�tu de bitume. A l'�tat de la chauss�e, il faut ajouter les ordures entass�es dans une multitude de d�charges sauvages et l'absence totale de trottoirs. Le reste est pirat� : l'�lectricit�, l'assainissement, les permis de construire, les registres du commerce. Aucune maison n'est termin�e. Tout est en location. Principe �l�mentaire : ne jamais �tre propri�taire, donc pas de saisie possible par le fisc. �Le jour o� tout sera propre, cela voudrait dire que l'Etat est l�. Et ce serait notre fin�, commente Moussa, un jeune commer�ant, originaire de Bordj-Bou- Arr�ridj, install� � El-Hamiz depuis 2005. �Notre fin est d�j� entam�e�, r�torque M�barek, sur un ton d�amertume. �Cela fait une quinzaine de minutes depuis que vous �tes avec nous et vous avez remarqu�, que seulement deux � trois personnes ont franchi le seuil de notre magasin. Et pourtant, nous sommes l�un des magasins qui offrent les meilleurs services d�El-Hamiz. L�ann�e pass�e � la m�me p�riode, c��tait la grande effervescence. Les achats pour la p�riode estivale d�butent en avril. Mais pas pour cette ann�e. Du moins pas pour le moment�, explique notre interlocuteur. �Les gens n�ont plus d�argent !� En effet, le grand bazar d�El- Hamiz n�a plus pignon sur rue. La p�riode des grands achats tarde � venir et la panique s�empare des commer�ants. Et pourtant, �c�est � partir de chaque mois d�avril, que les gens affluent. Les produits cibl�s : les climatiseurs, les ventilateurs ou encore les t�l�viseurs�. On pr�f�re mettre ce retard sur le compte de plusieurs facteurs. �La pluie�, cite en exemple Moussa. Il est vrai que la saison des pluies �tait longue cette ann�e. Mais pas seulement. La crise financi�re a-t-elle d�barqu� en Alg�rie ? Pourquoi y a-t-il baisse d�activit� ? La situation est-elle passag�re ? Pour Mustapha, ancien employ� et ex-syndicaliste d�une entreprise publique dissoute sp�cialis�e dans la distribution de l��lectrom�nager, �la situation actuelle nous pousse � revoir nos calculs�. �Je crois que les gens n�ont plus d�argent comme c��tait le cas auparavant. Les prix de tous nos produits ont �t� revus � la baisse. Certes, il n�y a pas encore le feu en la demeure, mais nous craignons les cons�quences de la crise financi�re sur notre pays�, confie notre interlocuteur. �C�est le vide. Nous sommes quatre employ�s qui tournons au rond. Les gens se d�placent, nous posent des questions, mais on ne voit pas la couleur de leur argent�, ajoute Amar, repr�sentant commercial d�une marque d��lectrom�nager, dont l�usine de montage est install�e � Bordj-Bou-Arr�ridj. Les �migr�s : la bou�e de sauvetage ? Les signes de la baisse d�activit� au niveau du bazar d�El- Hamiz sont visibles � l�entame du grand boulevard. Certains magasins ont baiss� rideau. Leurs propri�taires sont en situation de stand-by. �On pr�f�re attendre pour voir la r�action du march�. C�est la p�riode des climatiseurs et des ventilateurs. Nos concitoyens ont le dos au mur. Ils sont �trangl�s par les diff�rents cr�dits contract�s. Le cr�dit auto, le cr�dit AADL sont autant de situations auxquelles doit faire face une grande partie des citoyens�, indique, pour sa part, Mustapha. Notre interlocuteur joue la prudence. �Je me suis limit� au minimum. Je n�ai pas plac� tout mon argent. Vous savez qu�on tourne autour de 200 dinars et 400 dinars de b�n�fice pour un climatiseur de 9 000 et 12 000 BTU. Et d�ajouter : �Il faut attendre les �migr�s. Avec eux, on travaille bien. C�est notre bou�e de sauvetage.� En effet, durant les trois mois d��t�, les magasins d�El-Hamiz sont pris d�assaut par les �migr�s. �Ils sont de bons payeurs. Ils ach�tent tout�, a soulign� Mustapha, qui craint que �nos �migr�s soient �galement touch�s par la crise. La faillite sera totale et g�n�rale�. Face � ces multiples appr�hensions, certains commer�ants se sont inscrits dans une perspective de d�ploiement. Direction march� Duba�. Un autre bazar situ� au niveau de la cit� El-Djorf, � Bab- Ezzouar. �Le centre d�int�r�t se r�oriente vers le bazar de Duba�. Contrairement � celui d�El-Hamiz, celui de Bab-Ezzouar reprend la t�te du peloton des grands march�s de la capitale.� La cause, �il y a moins de pression, sans compter que la location est moins ch�re�. �Je risque de retourner chez moi avec mon cabas comme je suis venu la premi�re fois. La cause n�est pas le seul citoyen. Le fisc est �galement � l�origine de cette situation, outre le monop�le qui vient de faire son apparition dans ce secteur �, indique Salim, sp�cialis� dans la vente de r�frig�rateurs, apr�s avoir fr�quent� le milieu du rond � b�ton � Magra, dans la wilaya de M�sila. A. B. Bataille des marques Les temps ont chang� � El-Hamiz. Les revendeurs ne se limitent plus � exposer leurs produits et attendre � l�int�rieur de leurs magasins. Chaque jour que Dieu fait, ils innovent en se lan�ant dans la conqu�te de la client�le. A l�entr�e de chaque magasin, un pr�pos� � l�accueil vous invite � y entrer. Pour les climatiseurs, c�est la bataille qui s�installe entre les diff�rents revendeurs. On propose des rabais et sugg�re m�me le transport. La mainmise sur certains produits �lectroniques et m�nagers d�un op�rateur �conomique connu sur la place d�Alger a chamboul� tous les calculs. �On n�a pas le choix. On doit se bagarrer pour y rester. M�me avec un b�n�fice n�exc�dant pas 400 DA, nous devons r�sister. C�est notre gagne-pain�. A. B. El-Hamiz : zone franche � l�alg�rienne ! Le march� d�El-Hamiz est-il devenu par la force des choses une zone franche sans d�cision officielle ? Tout porte � le croire. La particularit� des affaires trait�es ou encore les produits mis en vente laissent penser qu�il s�agit bel et bien d�une v�ritable zone franche. M�me les Chinois se pr�parent � s�y installer. �Tous les produits du monde sont ici. Des bureaux de transit et des d�clarants en douane songent � s�y �tablir. On loue des bureaux et on entame d�j� leur am�nagement�, indique-t-on. Au march� d�El-Hamiz, distant de 25 km de la capitale, tout se traite � l�amiable et se paie, bien s�r, en liquides. A. B. L�analogique est rest� roi Au �royaume� de l��lectrom�nager, le d�modulateur analogique est toujours roi. Sa cote n�a pas baiss� d�un iota, malgr� toutes les �inventions�. Les vieux stocks sont toujours l�. �La demande sur ce produit a nettement progress� ces derniers mois�, nous confie un revendeur. Retour aux sources, donc. Les Alg�riens ont jet� leur d�volu sur cette machine qu�ils ne connaissent que trop bien. Attendre le d�cryptage des cha�nes c�bl�es, c�est jouer � la roulette russe. La solution ? Un billet de 1000 dinars fait largement l�affaire. �De retour en France, les �migr�s ne ratent pas l�occasion pour s��quiper de ce moyen de transmission. La Coupe du monde, c�est dans une ann�e. On veut �viter le sc�nario de 2006.�