L'euro connaît ces derniers jours une hausse vertigineuse sur les places de change informelles. Vendu à 140 DA la semaine écoulée, hier, il était cédé à 145 DA. Cette flambée inquiète plus d'un opérateurs et particuliers. Sur le cours officiel, le taux de change est de 105,66 DA à l'achat et de 99,54 DA à la vente. Au square Port Saïd, une banque parallèle à ciel ouvert, les cambistes n'avaient pas le sourire. L'activité de change est à la baisse ces derniers temps. La montée en flèche du taux de change de l'euro sur le marché parallèle les pénalise à plus d'un titre. La monnaie unique européenne était convertible à 125,8 DA l'unité il y a de cela six mois. Mais entre temps, des mesures d'aplanissement financiers aux Etats-Unis, les bouleversements politiques dans le monde arabe et des politiques d'austérité appliquées dans des pays européens, ont eu raison d'une hausse de l'euro. Pour certains, il faut faire avec, pour d'autres, il faut attendre que la situation se calme à tous les niveaux. Le renversement des régimes tunisien et égyptien, l'intervention militaire de la coalition en Libye, les troubles au Bahreïn, au Yémen et en Syrie sont autant d'éléments qui ont encouragé l'envolée de l'euro pour atteindre les summums, même si cela s'est fait d'une manière indirecte. Les cambistes du square Port Saïd d'Alger, principale place informelle de change de devises dans la capitale, n'ignorent pas que ces tensions sont un paramètre à prendre en compte pour expliquer cette flambée. Néanmoins, ces «spécialistes» avancent d'autres hypothèses. «Les investisseurs, les hommes d'affaires, les importateurs, les exportateurs, et autres opérateurs économiques absorbent toute la quantité d'euros existant sur les circuits », nous a révélé Bach, originaire de Ferdjioua et cambiste à Alger depuis 6 ans. «Ces derniers temps, ils achètent de grandes sommes pour se prémunir contre d'éventuels scénarios» a-t-il ajouté, précisant qu'«il y a même des particuliers, qui n'ont rien à voir avec l'économie, qui achètent l'euro en quantité importante». S'il est acheté par les cambistes entre 140 et 140,05 DA, ils le cèdent à 140,15 DA. Bach nous a, sur un autre point, précisé que les petites sommes «ne sont pas acceptées». «L'achat de 100 ou 200 euros n'est pas une bonne affaire», nous a-t-il indiqué. D'autre part, «la guerre des monnaies», que les financiers annonçaient au mois de janvier dernier, n'est certes qu'un slogan, mais ceci n'a pas empêché les Etats-Unis d'exercer des pressions sur la Chine pour surévaluer le yuan. Chose que Pékin refuse pour ne pas compromettre ses exportations, expliquent des économistes.