Des produits made in Algérie commencent à pénétrer cette enceinte commerciale. Le fameux marché du Hamiz, devenu par “la force” et sûrement le “poids” de ses commerçants, un passage obligé pour toutes les marchandises en provenance de Chine et de Dubaï, commence ces derniers temps à perdre du terrain. Rareté des produits proposés, cherté parfois aussi, absence totale de facturation et surtout ventes sans garanties sur la plupart des équipements. En fait, El Hamiz commence à perdre sa raison d'être, de l'avis même de certains commerçants rencontrés. Depuis quelque temps, il n'y a plus de marchandises. D'abord, il y avait le problème de l'euro et ensuite, les dispositions des douanes rendant le port d'Alger difficile. Et d'ajouter : “Mais tant mieux, que le port soit sérieusement surveillé.” Notre ami nous explique que si la parité euro-dinar a quelque peu renchéri les produits électroménagers, il précisera qu'El Hamiz n'est plus inondé comme avant. “Les importateurs qui nous fournissent sont dans l'expectative” mentionne-t-il. Il nous étonnera même en abordant, la disposition de la loi de finances 2003 qui relève le seuil capital à l'import à 10 millions de DA. “Vous pensez réellement que cette mesure va décourager les gens à importer ? Il soulignera qu'à El Hamiz, les “gens s'associent sur chaque affaire, parfois même un container de machine à laver est importé par 6 à 7 personnes”. Mais alors pourquoi, on sent et on voit que la gamme des marchandises exposées est nettement en recul en volumes et qualités par rapport à l'année dernière ? Avant, la réponse toute trouvée quand les affaires n'allaient pas au rythme voulu, consistait à lier le marasme au “pouvoir d'achat des citoyens”. Mais, cette fois sur El Hamiz c'est aussi bien le client que le produit qui ont disparu. D'ailleurs, on nous apprendra que “beaucoup travaillent en ce moment sur les stocks”. Autrement dit, les importations des petits appareillages : robots de cuisines, articles de décoration domestique etc…, ont sérieusement baissé. On notera aussi que les produits made in Algeria comme les marques ENIE, Frigor, ENIEM etc…, côtoient de très près les marques en provenance du Sud-Est asiatique. Elément révélateur de la nouvelle tendance d'El Hamiz : le retour des marques algériennes sur le marché annonce aussi une autre reconfiguration des affaires. À souligner que, pratiquement, tous les commerçants d'El Hamiz, se connaissent et sont issus pour la majorité de Bordj Bou Arréridj, Sétif, M'sila et El Eulma. Une discipline dictant la solidarité, fait qu'on a “l'impression que tout le Hamiz est en fait dirigé par une seule personne”. En fait, poursuit notre interlocuteur, “on ne fait pas de concurrence, on est solidaire”, puisque dira-t-il, à la base, c'est-à-dire au départ, sur chaque affaire ”vous pouvez avoir plusieurs associés dispersés sur plusieurs magasins de vente au détail”. L'importateur est aussi, grossiste, distributeur et même détaillant. Voilà aussi un autre secret de ce marché : la plupart du temps, dès qu'on nous annonce qu'il y a une affaire à Marseille ou Dubaï”, souligne-t-on, “on fait le tour des commerçants en vue de s'associer, parfois même pour importer ne serait-ce qu'un container”. Cela dit, ces propos démontrent que les dispositions de la loi de finances 2003, relative à cet aspect de revalorisation du capital import, sont loin de servir de contraintes aux opérateurs et, encore moins, de prétendre participer au risque de créer de nouveaux monopoles à l'import”, tel que déclaré par certaines parties opposées à cette mesure. Comme baromètre, l'espace El Hamiz, défiant toutes les lois de la République à ciel ouvert— longtemps fermé à tout contrôle— montre qu'entre les textes de lois et les enjeux du marché, il y a comme une large passerelle de complicité. Sinon comment expliquer que malgré les dispositifs officiels, à El Hamiz, beaucoup de produits réglementés, tels les téléviseurs, chaînes stéréo et autres appareils électroniques sont au vu de tous, vendus sans aucune garantie. Ni 18 mois et encore moins 24 ou 36. “Vous avez uniquement la garantie de marché”. Là on parle d'une chaîne stéréo de 40 000 DA, comment peut-on risquer à l'acheter sans couverture ? En fait, le vendeur ne vous donnera pas d'arguments convaincants, et ne vous dira pas qu'en réalité, il ne dispose même pas de facture d'achat. En clair, tout ce qu'il vendra ne sera jamais déclaré. Heureusement que cela n'est pas généralisé, puisque beaucoup ont opté pour la légalité préférant tout de même jongler entre les deux. Mais qui viendra un jour contrôler le marché d'El Hamiz et sanctionner les fraudeurs contre toutes les dérives allant de la contrefaçon à l'évasion fiscale ? A. W.