On a c�l�br� ce dimanche 3 mai en Alg�rie la Journ�e internationale de la libert� de la presse. Certains journaux ont publi� et comment� le message du pr�sident Bouteflika � cette occasion. Certains confr�res, habituellement sceptiques � l'�gard des initiatives d'El-Mouradia, ont per�u une note d'espoir dans cette adresse protocolaire. Tant mieux pour eux ! Ils �chapperont peut-�tre � tous les maux, sociaux et physiologiques dont souffre la profession. Avec une carte professionnelle, ils seront encore mieux arm�s pour combattre l'usure et les atteintes de l'�ge. C'est paradoxalement la profession � l'esp�rance de vie la plus courte qui a attendu le plus longtemps qu'on la r�glemente. A ce rythme, il faut s'attendre � des reconnaissances de qualit� � titre posthume et � des retrouvailles de mises en cartes dans les cimeti�res. �a nous fera un peu d'animation puisque nous nous ennuyons, � mourir, depuis le 9 avril. L'ennui, une autre fa�on plus subtile et moins risqu�e d'�liminer toute contestation et toute opposition. Comme le disait un vieil ami, mort avant d'�tre rappel� (1), le pouvoir nous tue par le mauvais sang et la col�re, mauvaise conseill�re mais pay�e cash. Un conseil aux confr�res : ne vous angoissez plus sur l'identit� du prochain premier, second, troisi�me ou �ni�me ministre. Ne vous rongez plus les ongles (2) en vous demandant � quelle sauce du 3 mai vous allez �tre mang�s. Et si vous persistez � croire qu'il a des projets d'avenir, autres que pour lui-m�me, demandez-lui o� est-ce qu'il veut mener le pays. Il ne vous r�pondra pas mais vous aurez, au moins, �vacu� une partie de votre stress... en attendant que l'autre vous ach�ve. Sinon, faites comme moi : renoncez � suivre des agonisants qui ont le souffle d'un marathonien poursuivant un �lecteur. Int�ressez-vous � de vrais vieux qui s'efforcent, malgr� tout, de faire du neuf et non pas du rafistol�. De vrais vieux qui donnent un peu d'animation � la vie de leurs semblables. Pour ma part, je guette toujours avec jubilation les manifestations et d�clarations publiques d'un Hassan Tourabi, plus que jamais locomotive de la contestation au Soudan. La semaine derni�re, il a remis �a en demandant au pr�sident Omar Al-Bechir de se constituer prisonnier aupr�s de la Cour p�nale internationale. Tourabi, qui a �t� d�j� arr�t� en janvier pour avoir tenu de tels propos, a enfonc� le clou en d�niant le r�le de symbole octroy� � Omar Al-Bechir. �Il n'existe aucune chose qui s'appelle symbole de la nation�, a-t-il affirm� en r�futant l'argument selon lequel la fonction du pr�sident soudanais le pla�ait au-dessus de la l�galit� internationale. Ce premier meeting, tenu � Khartoum, s'est termin� par un pugilat entre les partisans des deux anciens alli�s, devenus rivaux, nous pr�cise le quotidien Al-Charq al-Awsat. Hassan Tourabi est revenu � la charge lors d'une seconde r�union de solidarit� avec Yasser Orman, dirigeant du Mouvement populaire de lib�ration du Soudan, issu de l'ALS de John Garang au Sud- Soudan. Yasser Orman avait fait l'objet de fetwas le d�clarant apostat parce qu'il avait propos� au Parlement de modifier les dispositions de la loi concernant l'adult�re. Ce n'est pas l� le moindre des paradoxes de Tourabi qui a �t� � l'origine de l'application de la Chariaa et qui en conteste, aujourd'hui, certaines dispositions. Toujours est-il qu'il a renouvel� ses attaques contre les Ul�ma qui ont interdit � Omar Al-Bechir de voyager � l'�tranger pour ne pas mettre sa vie en danger (3). �Ils produisent des fetwas � la demande �, a-t-il dit de ces th�ologiens "qui n�gligent les grands probl�mes pour se pr�occuper de futilit�s". Comme � son habitude, Tourabi a livr� ses commentaires provocateurs sur la th�ologie, notamment le fait qu'il existe �une lecture archa�que de plusieurs dizaines de versets du Saint Coran�. Il a notamment critiqu� les compilateurs de Hadiths, affirmant que �des milliers et des milliers de Hadiths ont �t� fabriqu�s�. �Al-Boukhari (l'un des compilateurs), dit-il, raturait sans arr�t les Hadiths qu'il recopiait, au point que nous avons des titres sans Hadiths.� Evoquant �galement le cas des banques dites islamiques, Hassan Tourabi a soulign� que �la majorit� des pratiques des banques islamiques �tait pire que les pratiques occidentales �. �Il s'av�re, a-t-il ajout�, que la th�ologie qui devait nous faire avancer nous a ramen�s en arri�re. Et ceux qui se disent ul�ma (savants) sont en r�alit� des djuhalas (ignorants) et le nom de �faqih� (th�ologien) est d�cern� d�sormais � ceux qui n'ont pas de cervelle. Ils ne pratiquent plus l'idjtihad au point que la religion s'est totalement corrompue. La th�ologie s'est arr�t�e depuis les �khalifes �clair�s� et la religion s'est d�tach�e compl�tement de l'Etat depuis le �khalifat �gar�, au temps des Omeyades et des Abassides�. Hassan Tourabi affirme, enfin, �qu'il arrive � l'Islam ce qui arrive aux plantes, il prosp�re et grandit puis se fl�trit et meurt s'il ne se r�g�n�re pas�. Plus vieux et plus novateur, Djamal Al-Bana suscite toujours la controverse par ses positions en fl�che sur certaines questions religieuses. Dans une interview au quotidien kowe�tien Al-Siassa, le th�ologien revient sur certaines de ses d�clarations sujettes � pol�mique. Il confirme, notamment : il n'y a pas de texte coranique qui interdit le mariage d'une musulmane avec un juif ou un chr�tien. Sur la Chariaa, il estime que toutes ses dispositions sont susceptibles d'�tre amend�es. Il refuse, par ailleurs, le titre de cheikh ou de pr�dicateur. �Le mot �pr�dicateur� (da'iya) est de cr�ation r�cente. Je pr�f�re, dit-il, qu'on dise �penseur � mais ces gens-l� refusent de l'utiliser parce qu'ils n'utilisent pas leurs cerveaux �. En politique, ses jugements peuvent �tre contest�s mais ils sont empreints de bon sens. S'il balaye d'un geste la p�riode de Nasser �qui a fait revenir l'Egypte cent ans en arri�re�, il encense, en revanche, Sadate. Il a sign� l'accord de paix avec Isra�l, �un accord qui, quoi qu'on en dise, a sauv� le Sina�. Sinon, il serait plein de colonies et n'aurait pas �t� restitu� � l'Egypte tel quel�. Nous aurions aim� conna�tre l'opinion du penseur sur la d�cision de l'Egypte d'abattre tous ses troupeaux de porcs mais l'interview a sans doute �t� r�alis�e avant. Toujours est-il que la d�cision est sujette � caution puisqu'elle l�se, au premier chef, la communaut� copte. De plus, elle ob�it plus � des motivations id�ologiques et religieuses que sanitaires puisque l'OMS a affirm� que l'abattage ne servait � rien. En tout cas, l'exemple �gyptien semble avoir inspir� les chasseurs alg�riens. On parle, ces jours-ci, de grandes battues au sanglier, � titre pr�ventif. Ce ne sera peut-�tre pas efficace contre la grippe mais �a donnera du r�pit aux autres types de sangliers. Ceux qui portent barbe et kamis et qui attendent d'autres dispositions en leur faveur pour sortir des maquis. A. H. (1) Je crois savoir qu'il y en a qui attendent jusqu'� l'ultime instant de leur dernier souffle de vie la sonnette de rappel leur signifiant leur retour en gr�ce. Il y a m�me des professionnels de l'attente qui renouvellent leur inscription en �stand-by� � chaque �lection pr�sidentielle. (2) On peut en mourir � la longue mais on peut aussi y laisser un bras, comme un c�l�bre confr�re qui ma�trisait le sujet sur le bout des doigts. (3) Le tr�s pieux pr�sident a d'ailleurs montr� le peu de cas qu'il faisait de ces th�ologiens de cour en passant outre leurs �dits et en se rendant dans plusieurs pays �trangers �amis�, dont le Qatar et la Libye.