En visite � Abou Dhabi, Nicolas Sarkozy a inaugur� mardi, une base navale militaire permanente � l'entr�e du d�troit d'Ormuz, situ�e � 225 km des c�tes iraniennes et par o� transitent 40% du p�trole mondial. A c�t� de cette base abritant un quai de 300 m�tres de long qui peut accueillir des navires de guerre, les Emirats arabes unis dont fait partie Abou Dhabi mettent � la disposition de la France la base a�rienne d'Al-Dhafra o� trois avions de combat Mirage 2000-5 stationneront en permanence, ainsi qu'une base terrestre o� une centaine de militaires fran�ais sont d�j� sur place. Cette pr�sence militaire fran�aise, qui devrait s'accro�tre dans les semaines et mois � venir (on parle de 500 soldats fran�ais), dans une r�gion - les pays du Golfe - o� les tensions sont croissantes, transform�e de fait en autant de bases militaires am�ricains, s'inscrit dans cette volont� de la France de ne pas �tre prise au d�pourvu en cas de conflit militaire avec l'Iran. Nicolas Sarkozy, qui reste persuad� qu'un conflit militaire avec l'Iran est in�vitable, donne l'impression d'y pr�parer son pays. D'autant qu'un accord de d�fense lie les Emirats arabes unis et la France. Toutefois, le pr�sident fran�ais se garde bien de r�pondre � la question de savoir quel profit compte en tirer la France, d�sormais en premi�re ligne en cas de brusque aggravation de la situation r�gionale. Plus g�n�ralement, ce positionnement strat�gique dans cette partie du monde s'explique �galement par le fait qu'apr�s l'Afghanistan, th��tre de conflit o� la France est impliqu�e, le Pakistan voisin o� elle risque d'�tre entra�n�e et l'Irak o� elle cherche � �tre pr�sente, ne sont pas tr�s �loign�s d'Abou Dhabi. Un positionnement qui s'inscrit en droite ligne de cet infl�chissement atlantiste acc�l�r� de la politique ext�rieure fran�aise depuis que Paris a r�int�gr� l'Otan, une structure de d�fense chapeaut�e par les Etats-Unis et o� la France ne dispose que d'une marge de man�uvre bien mince ! Cela n'emp�che pas Nicolas Sarkozy d'affirmer que ce virage g�ostrat�gique, entrepris par la France depuis qu'il en est le pr�sident, signifie que son pays �est pr�t � prendre ses responsabilit�s et � jouer tout son r�le dans les affaires du monde�. Rompant donc avec la tradition gaulliste qui consistait � se tenir prudemment � l'�cart d'enjeux, qui ne profitent, plus en mal qu'en bien, qu�aux seuls Etats-Unis, la France de Sarkozy va d�sormais, via l'Otan, int�grer (et accompagner) la strat�gie am�ricaine. Dans quel but et pour quels objectifs ? Bien malin celui qui pourrait y r�pondre quand on sait que la France a plus � gagner � pratiquer une politique ind�pendante, qu�� suivre � la lettre une Am�rique aux ambitions imp�riales jamais assouvies. Bien s�r, les pr�occupations commerciales n'�tant pas absentes, Nicolas Sarkozy, qui comptait vendre aux Emirats arabes unis une soixantaine d'avions de guerre Rafale pour un montant estim� entre 6 et 8 milliards d'euros, a quitt� hier Abou Dhabi sans conclure. Sur ce dossier, le ministre des Affaires �trang�res des Emirats, cheikh Abdallah ben Zayed Al- Nahyane, et la pr�sidence fran�aise se sont born�s � faire �tat de �progr�s�. Sans plus. Il faut dire que dans ce domaine, la concurrence est rude : la France devra compter avec les Etats- Unis et leurs avions F-16 qui seraient moins chers et, dit-on, plus performants militairement. En revanche, la coop�ration culturelle, inaugur�e sous l'�re de Jacques Chirac, est bien le seul domaine o� les choses progressent rapidement. Mardi, le chef de l'Etat fran�ais a donn� le coup d'envoi de la construction du Louvre � Abou Dhabi sur l'�le de Saadiyat. Con�u par l'architecte fran�ais Jean Nouvel, le mus�e, un �difice de 24 000 m2, dont 6 000 m2 pour l'exposition principale, est surmont� d'un d�me, inspir� de l'architecture traditionnelle arabe. Et selon l'accord sign� en mars 2007 pour trente ans, ce projet devra rapporter � la France un milliard d'euros.