Par Hassane Zerrouky Contre toute attente, Mahmoud Ahmadinejad, que plusieurs sondages donnaient battu, a remport� l'�lection pr�sidentielle d�s le premier tour, obtenant plus de 63% des suffrages exprim�s. Lors de l'�lection pr�sidentielle de 2005, alors maire de T�h�ran, il �tait arriv� en seconde position avec seulement 19% des voix contre 21% pour Rafsandjani, il l'avait emport� au second tour avec plus de 60%, soit presque le m�me score que celui obtenu le 12 juin dernier. A l'�poque, appuy� par la hi�rarchie religieuse et les bassidjis, l'ancien maire de T�h�ran avait jou� la carte de la jeunesse et des d�sh�rit�s contre les corrompus. Sa popularit�, bien r�elle au d�but, va tr�s vite s'effriter. Manifestations, gr�ves, �meutes et violences urbaines �mailleront son mandat. Ses diatribes � l'endroit des pays occidentaux, le flou entretenu sur la question nucl�aire irriteront aussi bien les milieux politiques internes qui l'accusent de mettre en danger l'Iran, que l'Occident, notamment l'Am�rique de Bush, est d�cid�e � en d�coudre avec T�h�ran. Son malheureux adversaire, Mir Hossein Moussavi, n'est pourtant pas n� de la derni�re pluie. Il fut, dans les ann�es 1980, le Premier ministre chouchout� par l'ayatollah Khomeini. C'est lui qui a dirig�, durant huit ans (1980-88) la guerre contre l'Irak. N'e�t �t� la mort de Khomeini, Mir Hossein Moussavi aurait sans doute connu un autre destin. Car dans ce pays th�ocratique, bas� sur le principe du Velayet el faqih, principe selon lequel le religieux prime en derni�re instance sur le politique et le civil, ce sont les religieux qui ont le dernier mot. Il se trouve que l'actuel guide de la r�volution, Ali Khamenei, n'appr�cie pas Moussavi auquel il reproche ses id�es r�formatrices, la popularit� dont il b�n�ficie parmi une jeunesse �duqu�e, assoiff�e de libert�, qui veut �tre en phase avec son temps et des femmes, de plus en plus nombreuses, qui en ont ras-le-bol de la chape de plomb religieuse et machiste qui p�se sur elles. Mir Hossein Moussavi n'est pas si isol� qu'on le pense. Il b�n�ficie du soutien de Mohamed Khatami. Mais surtout des deux autres candidats en lice, dont Mohsen Reza�, l'ancien chef des Gardiens de la r�volution durant la guerre Iran- Irak, et l'ancien pr�sident du Parlement, le hodhjatoselam Mehdi Kharoubi, qui s'est distingu� en signant un appel commun avec la prix Nobel Shirin Ebadi pour l'arr�t des ex�cutions de criminels mineurs au moment des faits. Ce qui n'est pas rien. Et dans le contexte iranien d'aujourd'hui, la candidature de Mir Hossein Moussavi repr�sente tout de m�me celle de cette partie de la population aspirant au changement, � la modernit� et � la d�mocratie. Ce disant, s'il y a bien un pays qui s'est frott� les mains en apprenant la r��lection d'Ahmadinejad, c'est Isra�l. Car pour Benyamin Netanyahu, qui a mis au rang de ses priorit�s la pseudo-menace nucl�aire iranienne, Ahmadinejad est l'homme qui donne de l'Iran l'image d'un pays agressif cherchant � se doter de l'arme nucl�aire pour s'imposer comme puissance r�gionale et anti-occidentale. Le contraire d'un Mir Hossein Moussavi, qui conteste la victoire d'Ahmadinejad. Or, les capitales occidentales ont bien tort de penser que Mir Moussavi serait moins intransigeant sur la question du nucl�aire qu'Ahmadinejad. Toutefois, comme elles �taient � la recherche d'un compromis permettant de sortir d'une crise qui risquait de tourner au conflit militaire, entra�nant la r�gion moyen-orientale dans un embrasement g�n�ralis�, Mir Hossein Moussavi donnait de lui une image moins repoussoir et donc plus fr�quentable que celle d'Ahmadinejad. Et dans ces conditions, un arrangement �tait possible. Mais pour l'heure, retenons que quelque chose s'est pass�e en Iran, qu'une partie de la population ne veut plus vivre �touff�e sous le joug d'un r�gime autoritaire et populiste. La contestation s��tend � tout le pays. La soci�t� iranienne mur�e dans la peur a d�cid� de sortir dans la rue. Et la jeunesse iranienne dans sa diversit� sociale est en train de montrer la voie � ses semblables des pays arabes et islamiques.