Accusations n La campagne présidentielle a pris, hier, un tour polémique en Iran entre l'ex-Président Rafsandjani et le Président sortant. Ahmadinejad a accusé M. Rafsandjani et son fils Mohsen de corruption lors d'un récent débat télévisé avec Mir Hossein Moussavi, son principal adversaire pour le scrutin de vendredi. M. Rafsandjani s'est vu refuser un droit de réponse par la télévision d'Etat, dont le directeur est nommé par le guide suprême, au motif qu'il n'est pas candidat à l'élection. En revanche, le Président Ahmadinejad a obtenu un temps d'antenne, hier soir, pour démentir les allégations de ses adversaires qui contestaient, notamment, son bilan économique. Les trois autres candidats ont décliné une offre comparable de la télévision, qui a attribué presque 20 minutes à M. Ahmadinejad, mais ne proposait que 103 secondes à M. Moussavi, 76,5 secondes au réformateur, Mehdi Karoubi, et 70 secondes au conservateur Mohsen Rezaï. «Nous avons accompli beaucoup de choses», a affirmé M. Ahmadinejad, en réponse à ses adversaires qui l'ont accusé de mentir sur les performances de son gouvernement. Il est aussi revenu sur un épisode plus polémique du débat télévisé contre Mir Hossein Moussavi, au cours duquel il a accusé l'épouse de celui-ci, Zahra Rahnavard, d'avoir obtenu illégalement son diplôme de docteur en sciences politiques. Il ne s'agit «pas d'une affaire personnelle» a maintenu le Président hier. «C'est illégal, et je veux que les gens le sachent», a-t-il insisté. Il a aussi attaqué, à nouveau, mais implicitement cette fois, M. Rafsandjani, qui a créé le réseau universitaire où Zahra Rahnavard a obtenu son diplôme. Tout au long de la campagne, le président a lié M. Moussavi à M. Rafsandjani, qu'il avait battu au deuxième tour de la présidentielle de 2005 et qu'il a accusé nommément d'orchestrer la campagne de son adversaire. En réponse, dans une lettre à l'ayatollah Khamenei, publiée hier par la presse, M. Rafsandjani explique avoir «dit à M. Ahmadinejad de rétracter toutes ses allégations contre lui et son fils pour éviter des poursuites judiciaires». Il indique aussi avoir «demandé à la radio-télévision d'accorder un droit de réponse à ceux qui ont été accusés». «Mais ces deux suggestions n'ont pas été acceptées et le guide a choisi de garder le silence», déplore M. Rafsandjani. Dans son courrier, il engage encore le guide à prendre toutes les mesures qu'il jugerait nécessaires pour en finir avec cette mutinerie (d'Ahmadinejad) et éteindre l'incendie dont la fumée se dégage déjà. Il évoque le risque qu'une partie des gens, groupes et partis, ne supportent pas cette situation. «Des volcans, dont on voit des exemples dans les manifestations et les universités, apparaîtront dans la société», prévient-il. Le guide suprême avait assuré avant la campagne électorale, qu'il ne soutiendrait aucun candidat. Mais il avait aussi dressé un profil du Président idéal conforme à celui que se donne M. Ahmadinejad. Le Président sortant a mené campagne sur le thème de la lutte contre les «profiteurs» du régime.