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CONTRIBUTION
UNESCO Plaidoyer pour la candidature de B�djaoui
Publié dans Le Soir d'Algérie le 30 - 06 - 2009

Peut-on briguer un mandat international majeur en laissant ses �quipes intriguer contre un concurrent ? Depuis des semaines, l�ancien pr�sident de la Cour internationale de justice de La Haye, son �quipe et le pays qui le pr�sente sont la cible de pressions, de diffamations, d'intimidations et de tentatives de corruption.
L�exigence morale est devenue capitale dans le monde de la finance. Celui de la culture ne doit pas se r�duire au carnet de ch�ques et au troc de positions. La crise des valeurs qui secoue notre monde en mutation ne doit pas s�accompagner de la r�gression morale qui caract�rise la tentation de se placer en haut de la pyramide. L'acc�s � l'Unesco, qui a pour mission de b�tir la paix dans l'esprit des hommes, doit respecter les valeurs qui fondent cette institution appel�e � jouer un r�le plus d�terminant dans un monde en crises. Peut-on acc�der � la direction de l�Unesco, dont l�acte constitutif pr�cise qu�elle a pour mandat d��assurer la f�conde diversit� des cultures� et de �faciliter la libre circulation des id�es, par le mot et par l�image�, apr�s avoir assujetti et appauvri la culture de son pays, et laisser partir les cerveaux et les tr�sors arch�ologiques ? Peut-on briguer un mandat qui r�clame moralit� et int�grit� en pratiquant le marchandage qui est une menace majeure aux valeurs fondamentales de l'Unesco et qui vient de souiller cette campagne par des lettres munichoises : la fermeture des yeux sur un ignoble appel � l�autodaf� contre la fermeture d�une horrible prison autour d�un peuple qui br�le. L�Unesco, c�est le respect des peuples, � commencer par le sien. La direction de la culture ne doit pas �tre r�gression et r�pression, soumission et flagornerie, censure et burlesque. Le chemin � la direction de l�Unesco ne doit pas �tre manipulations et courbettes, fanfaronnades et impr�cations, sectarisme et agitations, surench�res verbales et concessions nationales et morales. L�Unesco et les instances internationales ne sont le monopole narcissique d�aucun r�gime. Elles ne sont pas des attributions esth�tiques aux courtisans d�un souverain. Elles ne forment pas une collection priv�e. L�intelligence et la comp�tence n�ont pas de marque d�pos�e. L�Unesco est un enjeu majeur pour le monde et le monde arabe n�est pas mineur. Celui-ci n�a pas de tuteur, et ici-bas, il n�y a pas de messie ni de foyer unique de lumi�re. La culture brille de DohaMarrakech. Les universit�s se d�veloppent de Abou-Dhabi � Tunis. Les �lites arabes se mobilisent de Koweit-City aux villes d�exil. Et les religions cohabitent � Damas et dialoguent m�me � Riyad. L�Unesco, c�est la diversit�. Peut-on favoriser le vital et v�ritable dialogue interculturel international apr�s avoir couvert la discrimination culturelle ? Il y a dans chaque pays arabe divers candidats potentiels aussi brillants que l�gitimes pour postuler � diriger n�importe quelle institution internationale. Le monde arabe, y compris l�Egypte, regorge d�hommes et de femmes de grandes qualit� et moralit�. Leurs voix ne sont pas sacril�ges et la voie vers les sommets n�est pas un privil�ge. Le monde arabe regarde vers l�avenir et s�active pour sa Renaissance. La culture n�est pas une momie et l�Unesco n�est pas un sarcophage. Abdiquer une forteresse � la l�g�ret� morale, abandonner une caserne aux pyromanes, c�est subordonner l�Unesco au destin de la Biblioth�que d�Alexandrie, et permettre que renaisse de ses cendres le sphinx de la haine plan�taire. A Paris et ailleurs, on ne doit pas laisser les futilit�s mondaines masquer la gravit� d'un enjeu qui risque d'embraser plus encore le monde. L�Unesco, c�est la libert�. Peuton esp�rer que le monde arabe soigne ses maux et se r�invente en civilisation, enterre ses rancunes et ressuscite l�Andalousie, si la r�ussite individuelle est interdite, si la libert� est interdite, si la culture est celle de l�interdit ? L�Unesco, c�est le pluralisme. Peut-on pratiquer la concertation et la d�mocratie apr�s avoir attent� � la condition la plus �l�mentaire de l�exercice d�un choix libre et d�mocratique par les Etats membres de l�Unesco qui est la pluralit� de candidatures ? Le candidat B�djaoui est une personnalit� �minente, d�envergure internationale, d�une vaste exp�rience, et d�une culture sans fronti�res. L�international est sa comp�tence. Le dialogue est sa passion. L�enseignement est sa cause. Anim� par un esprit de responsabilit�, soucieux de la bonne gouvernance, attach� � la coh�sion et � la coh�rence, il conna�t la maison et le monde. Ministre alg�rien de la Justice, puis des Affaires �trang�res. Ambassadeur aupr�s de l�Unesco pendant 9 ans, ambassadeur repr�sentant permanent aupr�s de l�ONU pendant 3 ans, juge puis pr�sident de la Cour internationale de justice de La Haye o� il restera pr�s de vingt ans. Il tient � l�image de l�Unesco et au d�veloppement du monde arabe. Quand il a constat� que la candidature �gyptienne controvers�e �tait devenue manifestement p�rilleuse et clairement priv�e de succ�s, il a pr�sent� sa candidature pour ne pas faire perdre au monde arabe son tour de diriger l�Unesco et pour que le monde arabe saisisse ce mandat pour relever les d�fis de l��ducation et du progr�s. Sa candidature � la direction de l�Unesco est en harmonie avec l'esprit de ses fondateurs qui r�vaient d'une institution ind�pendante des Etats qui en font partie. M B�djaoui, de nationalit� alg�rienne, est pr�sent� par le pr�sident d�un autre Etat (Sa Majest� le Roi r�gnant Sihanouk) qui fut longtemps ambassadeur du Cambodge � l�Unesco. Ce candidat a exerc�, lui aussi, les fonctions d�ambassadeur de son pays aupr�s de l�Unesco, pendant pr�s de neuf ans, de 1971 � 1979. Et bien avant, � 25 ans, il a fait une th�se de doctorat en droit portant sur les fonctionnaires internationaux de l�Unesco. L�Unesco, qui lui a publi� et diffus� plusieurs ouvrages, lui doit l��laboration de la fameuse Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immat�riel d�octobre 2003. Au sein de l�Unesco, il fut pr�sident de sa Commission administrative et financi�re, aussi pr�sident de sa Commission juridique. Il lui doit de pr�server son prestige et d�accro�tre son r�le dans le monde. Les gens qui ont rompu le consensus arabe en 1999 accusent M. B�djaoui d�avoir rompu ce m�me mythe du �consensus arabe�. Rappelons que la candidature �gyptienne n�a pas fait pr�alablement l�objet d�un consensus arabe. Au d�but, 4 candidats �taient en lice : une Marocaine, un Egyptien, un Alg�rien et un Omanais (par ordre alphab�tique de leurs noms). Suite � l�intervention du pr�sident du pays des pharaons, un sultan et un roi ont sacrifi� leurs candidats pour favoriser un consensus arabe. M. B�djaoui a refus� de s�incliner. Il a pr�f�r� la r�sistance qui a forg� sa jeunesse au marchandage qu�il n�a jamais pratiqu� durant sa longue carri�re. A la place du diktat, d�un candidat impos�, M. B�djaoui a propos� � ses visiteurs l�organisation de primaires pour permettre aux candidats d�exposer leurs projets ou juste pr�senter leurs visions devant les d�l�gu�s de la Ligue arabe qui auraient eu la charge de voter �secr�tement�. M. B�djaoui aurait respect� le consensus ou le vote majoritaire au b�n�fice de n�importe quel candidat. Ce n�est pas parce que c�est le �tour du Monde arabe� que �a doit �tre un tour de passe-passe. Le crit�re avant tout, ce sont la comp�tence et la moralit�. La grande Russie quand elle pr�sente un candidat, elle ne poignarde personne dans le dos. La respectable candidate bulgare, quand elle d�clare que c�est aussi le tour de l�Europe de l�Est, elle ne blasph�me pas. La Tanzanie et le B�nin, en pr�sentant chacun un candidat, et la prometteuse Afrique du Sud en soutenant l�un d�eux, ne profanent pas l�unanimit� africaine. C�est la preuve que la libert� fait son chemin dans ce continent qui m�rite plus de consid�ration. Des intellectuels et des ambassadeurs manifestent, quasiment au quotidien, leur sympathie et leur soutien � M. B�djaoui qui le consid�rent � la hauteur des d�fis � relever. M. B�djaoui est conscient des crises que traverse notre monde. Le premier d�fi qu�il va relever lors de son �mandat de transition� est d�emp�cher que la crise financi�re mondiale n��branle les programmes de l�Unesco. Renforcer son pilier qui est le secteur de l��ducation, accro�tre ses ressources et r�nover ses m�thodes. Poursuivre les r�formes de l�actuelle direction et apporter un nouveau souffle et plus de fluidit� � cette organisation. La d�barrasser des int�r�ts, politiques et financiers, qui parasitent ses efforts et �cornent son image. Faire la guerre � l�illettrisme et combattre l�ignorance. Introniser le LIVRE. Sanctifier le dialogue. Vaincre l�h�g�monisme culturel, le repli identitaire et le choc des civilisations. Investir son mandat de 4 ans pour consolider les piliers de cette institution et mettre en place les ressorts pour que Paris devienne La Mecque des intellectuels, des scientifiques et des leaders mondiaux pendant la tenue de la Conf�rence g�n�rale biennale de l�Unesco. Pour que l�Unesco puisse rivaliser avec l�Onu, et concourir ensemble pour la paix et le progr�s dans le monde.
F. H.
* Directeur de la campagne de M. B�djaoui � la direction g�n�rale de l'Unesco


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