Abdelali Irredir est un entra�neur tr�s appr�ci� au Qatar. Son humilit�, sa modestie et sa sagesse font de lui un homme respect� et respectueux. Sur le plan professionnel, Irredir a toujours �t� � la hauteur, sa comp�tence reconnue lui a ouvert les portes de la r�ussite. Sollicit� pour occuper diff�rents postes de responsabilit�, il s'est acquitt�, � chaque fois, de toutes ces t�ches avec s�r�nit� et clairvoyance. Il continue d'exercer son m�tier avec beaucoup de passion. De ses vingt-quatre ans de service, dont dix ans dans les pays du Golfe, l�enfant de Chelghoum-La�d nous en parle dans cet entretiend�couverte. Le Soir d'Alg�rie : Avant tout, les lecteurs veulent bien conna�tre qui est Abdelali Irredir ? Abdelali Irredir : J'ai cinquante- trois ans, natif de Chelghoum-La�d et p�re de cinq enfants. Je suis conseiller en sport (form� � l�ISTS, promotion de 1981) et actuellement je suis entra�neur-adjoint de la s�lection olympique de football du Qatar. Avant d'occuper ce poste, vous avez assum� d�autres responsabilit�s au sein des clubs du pays� J'ai fait mes premiers pas d'entra�neur avec le club de ma ville natale, Chelghoum-La�d, le HBCL, � l'�ge de vingt cinq ans, c'est-�-dire une ann�e apr�s avoir termin� mes cinq ann�es d'�tudes � l'ISTS. Cette premi�re exp�rience comme entra�neur dans ce club o�, d'ailleurs, j'ai fait toute ma carri�re en tant que joueur �galement, de 1972 � 1985, a dur� six saisons. Apr�s avoir acquis une certaine exp�rience, je me suis engag� avec le MSP Batna pour deux saisons, 1992 et 1993, le MO Constantine � deux reprises en 1994/1995 et en 1997/1998, l'USM A�n-Beida en 1996/1997, avec laquelle je suis arriv� en quarts de finale de la Coupe de la CAF et, enfin, mon dernier club en Alg�rie fut l'US Biskra en 1998/1999 Apr�s douze ans d'exercice en Alg�rie, vous avez d�cid� de tenter une exp�rience � l'�tranger. Quel a �t� le premier club qui vous a contact� ? Si vous permettez, avant d'aborder le volet �tranger, je tiens � vous signaler qu'en 1991, j'ai �t� choisi par la FAF, moi ainsi que deux de mes coll�gues, Bendoukha de la r�gion de l'Oranie et Hamid Bacha de la r�gion du centre, qui ont d�clin� la proposition pour des raisons personnelles, pour un stage de licence �B� qui a dur� un mois au Br�sil (Rio de Janeiro), sous l'�gide de la Fifa. Cette p�riode de stage, bien que courte, fut tr�s riche et, surtout, b�n�fique. La FAF m'a �galement choisi en 1993 pour suivre un deuxi�me stage, toujours au Br�sil, pour l'obtention d'une licence �A�. Pour ce qui est de mon exp�rience � l'�tranger, elle date de 1998. Avant de quitter l'Alg�rie, en 1998, j'ai �t� sollicit� par un club saoudien de deuxi�me division en 1995/1996, j'ai d� retourner au pays apr�s une seule saison, seulement, car les conditions de travail n'�taient pas r�unies. Le vrai d�part � l'�tranger, et plus pr�cis�ment dans les pays du Golfe, a commenc� en 1999, lorsque j'ai re�u une proposition de Ras Al- Khe�ma des Emirats arabes unis. Dans ce m�me pays, toujours, l'ann�e d'apr�s, j'ai entra�n� Diba Hac�ne, un club de deuxi�me division. Enfin, depuis 2002 je suis install� au Qatar, o� j'ai occup� plusieurs postes de responsabilit� au niveau des diff�rentes �quipes nationales. Quel a �t� votre itin�raire au Qatar, justement ? La premi�re ann�e, c'est-�dire en 2002, j'ai entra�n� la s�lection nationale cadette. L'ann�e d'apr�s, en 2003, j��tais d�sign� � la t�te de la s�lection �juniors� afin de poursuivre mon travail d�j� entam� avec ces m�mes joueurs qui �taient en cadets. Avec cette s�lection �juniors�, j'ai obtenu la quatri�me place de la coupe d'Asie en 2004, en Malaisie. Le bon travail r�alis� avec cette �quipe m'a ouvert les portes de la s�lection nationale seniors, o� j'ai travaill� avec l'entra�neur fran�ais, Philipe Troussier, en 2005/2006, ensuite, avec le Bosniaque, Jamal Milosevic, avec lequel j'ai remport� la m�daille d'or des Jeux Asiatiques � Doha, en 2006. En 2007, dans le staff de l'entra�neur national, l'Uruguayen Fossati, j'�tais charg� de superviser les s�lections de Chine, d'Irak et d'Ouzb�kistan avant les �liminatoires de la Coupe du monde 2010. J'�tais, �galement, charg� de l'�quipe olympique en tant qu'entra�neur- adjoint. Enfin, depuis la venue du Fran�ais Bruno Metsu, je suis toujours dans le staff, charg� de superviser les adversaires de la s�lection nationale. En huit ans d'exercice au Qatar, vous avez eu le temps d'appr�cier le football qatari � sa juste valeur. Le football qatari a connu des hauts et des bas, comme dans tous les pays arabes. Il y a un grand travail qui se fait � la base en ce moment, mais il faut attendre quelques ann�es pour r�colter r�ellement le fruit de ces efforts consentis. Au niveau de l'�quipe nationale, la nouvelle politique de l'entra�neur, Metsu en l'occurrence, est bas�e sur le rajeunissement de l'�quipe pour un travail � long terme. L'�limination en Coupe du monde, face des �quipes plus exp�riment�es telles que le Japon et l'Australie, n'est pas une catastrophe. Tout le monde est unanime � dire que le travail m�thodique de Metsu donnera, sans aucun doute, dans un proche avenir des r�sultats probants. Il faut reconna�tre que les moyens mat�riels sont tr�s importants dans le d�veloppement du football, voire du sport en g�n�ral et, sur ce plan l� justement, le Qatar ne rencontre aucun probl�me, n'est-ce pas? Effectivement, les moyens mat�riels sont importants. Cependant, pour r�ussir, il faut r�unir un ensemble de facteurs o� l'un doit compl�ter l'autre. Ces facteurs sont les moyens mat�riels, mais �galement il faut un bon staff technique, de bons joueurs et une bonne organisation. Le football alg�rien a travers� un longue et difficile p�riode mat�rialis�e par les r�sultats d�cevants des clubs et des s�lections. Cependant, l�espoir rena�t avec la s�lection nationale bien partie pour assurer sa qualification au Mondial- 2010. L'Alg�rie est une nation de football. Personne ne peut dire le contraire. L'Alg�rie a prouv� et d�montr�, son savoir dans ce domaine d'abord par le biais de l'�quipe du FLN bien avant l'ind�pendance. L'Alg�rie a �galement fourni de tr�s grands talents, qui ont fait le bonheur de plusieurs clubs fran�ais. Aussi, il ne faut pas oublier que quand on remporte une coupe d'Afrique et qu'on a particip� � deux Coupes du monde, sans compter la m�daille d'or des Jeux m�diterran�ens en 1975, ce n�est pas le fruit du hasard. C'est, en effet, un palmar�s consistant qu'on ne peut pas n�gliger. Ce retour en force de l'�quipe nationale �tait pr�visible et moi, en tant que technicien, je m'attendais � ces bonnes performances, car nous avons de bons joueurs qui n'ont rien � envier aux grandes stars africaines. Je crois que c'est bien parti cette fois-ci puisque tous les atouts qui m�nent vers la r�ussite sont r�unis. Il est clair que nos chances de qualifications sont tr�s grandes apr�s les deux victoires cons�cutives face � l'Egypte et surtout la Zambie, chez cette derni�re. Il nous reste trois rencontres, dont deux � domicile, il faut savoir les g�rer sans tomber surtout dans la facilit�, car, � ce stade de la comp�tition, il n'y a pas de match facile. Vous dites qu�on est bien parti pour r�ussir. La qualification ne peut donc nous �chapper. On n'est jamais s�r de quoi que ce soit. Ces deux performances ont, tr�s certainement, redonn� une grande confiance aussi bien aux joueurs qu'au staff technique. N�anmoins, il faut demeurer sereins jusqu'au bout. Je reste tr�s optimiste. Vous vouliez certainement rajouter quelque chose au sujet de cette �quipe. Oui, je voulais dire �galement que le climat qui r�gne actuellement au sein de cette �quipe est tr�s favorable car, comme vous le savez, quand l'ambiance est bonne et saine dans le groupe, c'est d�j� un grand avantage. Vous suivez tr�s certainement le championnat d'Alg�rie. Que pensez vous d'abord du niveau, et ensuite pourquoi nos diff�rentes �quipes, mises � part l'ES S�tif actuellement, et la JSK durant les ann�es quatre-vingt, n'arrivent pas � s'imposer lors des comp�titions arabes et africaines? Le championnat dans l'ensemble est d�un niveau tout juste moyen. Cependant, j'ai eu l'occasion de voir quelques beaux matchs cette saison. Il est clair que le niveau ne peut pas �tre bon si certains param�tres, que j'ai d�j� cit�s plus haut, ne sont pas r�unis. Les gens ont tendance � faire des comparaisons avec les championnats d'Espagne, d'Italie ou celui d'Angleterre. C'est, en r�alit�, une comparaison qui n'a aucun sens car, tout simplement, pour arriver � ce niveau, il faut revoir tout, mais alors tout, de fond en comble, c'est-�-dire reconstruire de nouveau sur une base tr�s solide et travailler durant des ann�es dans un cadre tr�s professionnel. Je pense que c'est la seule issue qui puisse nous garantir un tr�s bon niveau � l'avenir. Les gestionnaires du football au plus haut niveau ont d�cid� de revoir tout le syst�me pour remettre les pendules � l'heure. Qu'en pensez vous? Je suis enti�rement pour ce projet, car dans le cas o� les choses ne changent pas, nous n'avancerons pas et nous conna�trons d'autres d�boires. Il est certain que l'Alg�rie poss�de les hommes capables d'apporter ce changement tant souhait�, il suffit de leur faire confiance. Avant d'entamer cet entretien, vous m'aviez dit qu'il y a quelque chose qui vous tenait vraiment � c�ur. De quoi s'agit-il ? Je pense � tous ces sportifs qui ont tant donn� � l'Alg�rie, aussi bien sur le plan national qu'international. A ce sujet, je souhaite que des rencontres soient organis�es, au moins une fois par ann�e, pour garder toujours cette amiti� et apporter surtout l'aide qui s'impose aux anciens sportifs qui sont dans le besoin. Je suis m�me pour la cr�ation d'une association des anciens sportifs qui sera financ�e par le minist�re de la Jeunesse et des Sports. Je suis, m�me certain que si cette association venait � �tre cr��e, elle pourrait contribuer d'une mani�re tr�s concr�te dans le d�veloppement du sport d'une mani�re g�n�rale. Apr�s dix longues ann�es de travail � l'�tranger, avez-vous song� au retour au bercail ? Comment ne pas penser au retour dans son propre pays. Ce pays, qui nous a form�, m�rite une tr�s grande reconnaissance. C'est gr�ce � cette formation tr�s solide, acquise � l'Ecole alg�rienne, que nous avons b�n�fici� de ces avantages � l'�tranger. Je crois en le destin, mais il faut savoir prendre la d�cision sage au moment voulu, avec l'aide de Dieu Incha Allah. Votre mot de la fin ? Une grande r�ussite � l'Alg�rie, dans tous les domaines, et une union tr�s forte entre les Alg�riens pour vivre en paix et r�aliser nos objectifs, qui feront de nous une nation forte au sens propre du mot. Entretien r�alis� par Abdelkader Cheniouni, journaliste � Al-Jazeera Sports