A quelques jours de la fin du mois en cours et au vu du bilan partiel des d�g�ts caus�s par les feux de for�t, une centaine d�apr�s les chiffres rendus publics � la date du 22 juillet, on est fond� � se poser la question sur l�utilit� des pr�paratifs de la saison estivale concernant la pr�vention de ces incendies, qui commence toujours, rappelons-le, par l'�tablissement, en fin d�ann�e civile, du bilan de la campagne pr�c�dente o� l�on tire les enseignements des d�faillances constat�es et o� l�on fait �galement des recommandations visant � pr�venir les d�parts de feu ou, � tout le moins; � limiter leur nombre et leurs n�fastes effets sur la nature et la population. On se pose la question parce que le sc�nario pr�paratoire se r�p�te et s�accentue sans r�sultats tangibles sur le nombre des incendies de for�t lors de la campagne suivante, concern�e par lesdits pr�paratifs, et sur les d�g�ts occasionn�s au patrimoine forestier. Pour att�nuer ces catastrophes �cologiques cycliques, on a pour coutume de mettre en avant les surfaces de maquis et broussailles toujours plus �lev�es que celles des for�ts, des arbres fruitiers et des r�coltes d�cim�es par les feux. On invoque aussi, dans le m�me ordre d�id�es, le fait que les superficies parcourues par le feu ne sont pas totalement calcin�es et perdues et se r�g�n�rent au bout de deux ou trois ans. Le caract�re plus ou moins savant et scientifique de cette argumentation n�est pas l'objet de notre propos. Nous voulons montrer, en revanche, les aspects involontairement pernicieux de ces arguments sur la vigilance des citoyens et des pouvoirs publics. Il n�est pas sans int�r�t, en effet, de chercher � savoir quelle est la part de n�gligence g�n�rale qui revient � cette fa�on de pr�senter les choses. Il convient aussi de d�terminer les causes de ce ph�nom�ne qui, bon an mal an, place la wilaya de Tizi-Ouzou en t�te des autres wilayas du pays pour le nombre des feux de for�t et pour l�importance des superficies d�truites, et ce avant m�me l�apparition du terrorisme auquel on rattache g�n�ralement la multiplication des feux de for�t. Les 80 villages � risque dont 36 � risque maximal, selon une estimation de la Conservation des for�ts, font �galement partie de la batterie d�arguments tendant � faire admettre comme in�vitables les nombreux d�parts de feu au niveau de la wilaya et � justifier le classement de celle-ci au premier rang des autres r�gions du pays. Or, tout le monde sait que les villages, au nombre de 1 400 � 1 500 dans la wilaya, ont toujours exist� et ont toujours �t� les premiers postes de vigie et d�intervention contre les feux de for�t. On avance aussi tant�t la s�cheresse, tant�t l'abondance de v�g�tation due � la bonne pluviom�trie pour expliquer ce ph�nom�ne de feux de for�t, tout cela pour occulter en premier lieu l��tat d�abandon dans lequel se trouvent nos for�ts. Outre le fait qu 'elle ne sont pas surveill�es pour cause de terrorisme, elles sont peu exploit�es et pas du tout nettoy�es et d�sherb�es. Pis, toutes les for�ts de la wilaya sont bord�es de d�charges et tous les accotements du r�seau routier regorgent de gravas et d�ordure m�nag�res faciles � s�enflammer par les temps de canicule persistante. Les voies d�acc�s, les tranch�es pare-feu, les points d�eau, la diversification des essences par l�introduction de celles r�sistantes au feu, les maisons foresti�res ou postes de vigie, les moyens mat�riels et humains destin�s � la pr�vention et � la lutte contre les incendies de for�t sont encore tr�s insuffisants pour la wilaya, ne serait-ce qu�au regard des 36 points consid�r�s � haut risque parmi les 80 autres � risque, tout court. La Protection civile tout le temps sur la br�che en pareille saison et la Conservation des for�ts font ce qu�elles peuvent avec les faibles moyens dont elles disposent, compar�s � l��tendue du territoire montagneux et forestier de la wilaya, au regard �galement des nombreuses t�ches de pr�vention et de lutte concr�te contre les incendies de for�t. T�ches qui devraient normalement �tre men�es en collaboration avec toutes les parties concern�es, � savoir les collectivit�s locales, l'environnement, les travaux publics, l�agriculture et les riverains des for�ts, la plupart du temps d�faillants en d�pit des recommandations et des engagements qui sont pris au cours de nombreuses r�unions pr�paratoires des campagnes annuelles. Il suffit, pour s�en rendre compte, de constater que les herbes s�ches et les ronces constituent encore le d�cor des espaces �verts� des cit�s urbaines, pour ne pas parler des accotements du r�seau routier, exposant ainsi les for�ts � la moindre imprudence ou n�gligence. L�expansion des agglom�rations urbaines et villageoises appelle l��laboration urgente d�un sch�ma directeur de collecte et de recyclage des ordures m�nag�res et des gravas qui envahissent et enlaidissent le paysage idyllique de la wilaya, compromettant dangereusement ses potentialit�s touristiques et la sant� de ses habitants. Le d�ploiement, notamment en p�riode estivale, des services sp�cialis�s sur les points � risque s'av�re �galement n�cessaire avec leur dotation en �quipement suffisant et ad�quat. Cela peut se faire, avec une efficacit� maximale, en liaison avec les APC et les comit�s de village concern�s.