J�habite sur les hauteurs d�Alger, je porte le nom d�un saint anglais. J�ai �t� fond� en 1889, sur l�emplacement d�un vieux palais hispano-mauresque dont de nombreux vestiges subsistent encore. Dans une ancienne vie, j��tais un pensionnat de jeunes filles. Le g�n�ral Eisenhower, le baron de Rothschild et Simone de Beauvoir ont dormi dans mes bras. Qui suis-je ? Je suis l�h�tel Saint- George, rebaptis� El- Djaza�r en 1982. Un somptueux joyau architectural et historique. L�un des plus anciens et plus prestigieux palaces d�Alger. J�ai h�berg� des h�tes de marque, comme le prince et la princesse de Galles, Edouard VII et Alexandra, le g�n�ral Eisenhower, le baron de Rothschild, Rudyard Kipling, Simone de Beauvoir, Andr� Gide et bien d�autres personnalit�s de l��poque. Filer � l�anglaise ! C�est � la famille Guiauchain, p�re, fils et petits fils, tous architectes, que l�on doit cet h�tel. Pierre Auguste Guiauchain, (1806-1875) le grand-p�re, architecte en chef de la ville d�Alger, racheta cet ancien palais ottoman. En 1889, son fils, George (1840-1918), d�cida de le transformer en pensionnat de jeunes filles. A son tour, le petit-fils, Jacques Guiauchain (1884-1960), le r�am�nagea en h�tel, en 1927. Au d�but du XIXe si�cle, le quartier de Mustapha sup�rieur, comme on l�appelait alors, attirait un flot incessant d�Anglais fuyant la grisaille, le froid et le fogg britannique, en qu�te d�un ciel plus ensoleill� et d�un climat bien plus doux. Aussi, les �Hiverneurs british �, comme on les surnommait, se sentirent, de plus en plus � l�aise dans ce quartier d�Alger, connu pour son calme l�gendaire, sa beaut� et sa vue imprenable sur la baie. Son poumon vert, qu�est le jardin botanique, occupe une surface de pr�s de 7 000 m2, soit le quart de la superficie globale de l�h�tel. Un lieu, une histoire C��tait donc, en toute �vidence, que la majorit� de la client�le de l�h�tel Saint George fut constitu�e de femmes et d�hommes venus du Royaume Uni. D�ailleurs, ce nom n�est pas fortuit, puisqu�il a �t� choisi, en hommage au saint patron d�Angleterre. C�est pourquoi George s��crit sans la lettre �s� � la fin. Ce mythique h�tel renferme, tout au pan d�histoire. Il a en effet, abrit� la conf�rence franco-am�ricaine du 10 novembre 1942, au lendemain de l�op�ration �Torch�. Le jour o� fut sign� l�armistice entre le g�n�ral am�ricain Park et l�amiral Darlan. Une plaque comm�morative au �salon des ambassadeurs� le rappelle aux visiteurs, aujourd�hui encore. Une autre inscription, en m�moire du long s�jour pass� dans une des somptueuses chambres du Saint George, celle du g�n�ral Dwight Eisenhower, commandant en cher des forces exp�ditionnaires alli�es, en Afrique du Nord. Lieu historique, qui lui servit de quartier g�n�ral, entre novembre 1942 et d�cembre 1943. Une nouvelle page A l�ind�pendance, naturellement, l�h�tel Saint-George, change de main, en devenant propri�t� de l�Etat alg�rien. Il gardera toutefois, le m�me nom jusqu�en 1982, pour s�appeler, depuis, l�h�tel El-Djazair. Et c�est sous cette nouvelle d�nomination, gracieuse et �vocatrice � la fois, que ce monument architectural, a connu des r�am�nagements, par les mains expertes de l�architecte Fernand Pouillon, en collaboration d�un autre expert, le c�ramiste, Mohamed Boumehdi. Ce fut les premi�res lignes d�une nouvelle page de l�histoire d�El Djaza�r, ex-Saint- George !