Ibiza. L��vocation de l��le-phare des Bal�ares enflamme imm�diatement l�imagination : nuits magiques rythm�es par les jeux de lumi�re et les d�cibels des macrodiscoth�ques, rencontres impr�vues laissant un charme inoubliable, nostalgie du temps des hippies et du �peace and love�, royaume des paradis artificiels offerts par quelques grammes d��extasie�... Mais aussi farniente et dolce vita sur le sable fin des plages qui ornent l��le, et �den des dragueurs des deux sexes qui utilisent tout leur art et les charmes de l��le pour �toffer leur tableau de chasse. Ce sont l� quelques st�r�otypes qui attirent des multitudes de touristes autochtones et �trangers, jeunes et moins jeunes, sur cette �tendue de terre de 570 km2 entour�e des flots bleus de la M�diterran�e. Par d�finition, les st�r�otypes ont la vie dure, mais dans le cas d�Ibiza, les articles de presse, les programmes de t�l�vision espagnols ou �trangers, les revues touristiques qui mettent en avant ces aspects donnent-ils de fausses illusions au touriste potentiel ? Aucun�ment, surtout s�il s�agit de la saison estivale : de la mi-juin jusqu�� la mi-septembre, le touriste constatera qu�il a entrepris un voyage qui en valait la peine. Individuellement, avec un groupe d�amis, en couple ou en famille, par ses moyens propres ou en voyage organis�, la palette des possibilit�s est �tendue et l��le offrira ses charmes � chaque estivant venu chercher agitation, excitation, exub�rance ou repos, calme et tranquillit�. D�o� l�objet de ce court t�moignage qui voudrait exprimer qu�au-del� des macrodiscoth�ques, de ses �nuits magiques� qui se convertissent rapidement en nuits blanches, Ibiza a su r�sister � la pression anthropique en sauvegardant le plus beau de ce qu�elle peut pr�senter au visiteur : ses parages naturels, ses plages et criques, surtout celles situ�es � l�ouest, tranquilles et prot�g�es de vents d�est en �t�, ses senteurs m�diterran�ennes, ses gens... Tout ce qui avait d�cid� dans les ann�es 1960 les premiers groupes de hippies � en faire un pied-�-terre priviligi�, afin de r�fl�chir aux moyens de refaire le monde, loin de leurs parents, consum�s, selon eux, par la soci�t� de consommation, fortun�s, stupides et malheureux. Que reste-t-il de cette illusion g�n�reuse ? Presque rien : Es Canar o� se monte une fois par semaine �el mercado hippy� (le march� hippy), o� se vend ce qui reste du mouvement des ann�es 1960- 1970 : des articles d�artisanat, des bijoux faits main, des peintures repr�sentant Ibiza sous toutes les coutures, des saris hindous, de l�encens... D�s que vous arrivez � l�h�tel, on vous conseillera de visiter ce march� (une des r�clames de l��le), mais aussi �el caf� del mar�, connu mondialement, au vu des foules qui s�y pressent pour assister au coucher du soleil (simplement). Le rituel est inamovible : les plus chanceux pourront s�attabler aux trois terrasses faisant face au soleil et � la mer. Les autres pourront assister au cr�puscule, accoud�s � la balustrade du long cours qui surplombe le bord de mer rocheux, envahi par une mar�e de jeunes. Au moment pr�cis o� le soleil dispara�t, ce ne sont que sifflements, applaudissement, une sorte d�explosion de joie, qui accueillent une nouvelle nuit � Ibiza. Que faire apr�s ? Aller en bo�te pour les jeunes les plus fortun�s (l�entr�e des macrodiscoth�ques comme �Amnesia�, �Privil�ge�, �Space� co�te entre 50 et 60 euros, et la bouteille d�eau 10 euros, mais l�on peut trouver aussi des rabais en promotion). Si les jeunes n�ont pas d�argent, ils pourront se rendre l�apr�s-midi au �Bora Bora�, la fameuse discoth�que � entr�e libre situ�e sur la plage non moins fameuse d�En Bossa, qui s��tire sur des kilom�tres au sud de la ville d�Ibiza. Mais l��le d�Ibiza (Eivissa, pour les insulaires) n�est pas la ville d�Ibiza : de l�autre c�t�, � l�ouest, l�agglom�ration de San Antoni abrite, en plus du �caf� del mar�, un chapelet d�h�tels le long de la c�te, travaillant en g�n�ral pour les voyages organis�s. L�, ce sont plut�t des familles, et surtout des familles anglaises que l�on rencontre (sur les �crans g�ants des t�l�s de restaurants, snackbars, etc., ne passent que des cha�nes anglaises. Les touristes se sentent �ailleurs� comme �chez eux�). Pour ceux qui ont la chance d��tre v�hicul�s, ils pourront se permettre des escapades pour retrouver l��me de l��le, loin, vers le nord, par exemple, en explorant les parages de Portinatx o� l�on peut jouir d�une vue panoramique exquise, et se pr�lasser sur les petites plages, o� la mer vient vous saluer bien bas, antith�se des plages surpeupl�es des autres points touristiques de l��le o� se pavanent parfois des c�l�brit�s. Ils pourront profiter aussi du plaisir de d�couvrir les �calas� comme �Cala Xarraca�, �Cala san Vicente�, plages o� les promenades sous-marines laissent un go�t d�inachev�... Ah ! avant de terminer, il faut savoir que tout ce qui vient d��tre relat� ne se passe qu�en �t�. A partir de l�automne, le rideau tombe sur les fastes de l��le-phare des Bal�ares, Ibiza.