Le Ramadan est l�occasion d�un regain du terrorisme islamiste mais aussi d�une recrudescence de l�intol�rance officielle, l�un alimentant l�autre. La complicit� entre l�islamisme attach� � la rente et le despotisme n�olib�ral est soulign�e et rappelle leur volont� commune de soumettre la soci�t� et d�tourner les richesses du pays. Ces derni�res ann�es, l�Etat alg�rien avait poursuivi en justice, � Tiaret, une femme pour �pratique sans autorisation d�un culte non musulman �, contraint � quitter le pays des responsables d��glises accus�s de repr�senter �une menace pour la s�curit� de la nation�, condamn� � la prison, � Guelma, des militaires pour �manque de respect � l�Islam� et � B�ja�a, Biskra et Alger des jeunes qui ne pratiquaient pas le ramadhan. La police vient encore de mettre en garde � vue, pendant une nuit, une �migr�e et son cousin parce qu�ils n�accomplissaient pas le je�ne, ce qui reste pour le pouvoir un �d�nigrement des pr�ceptes de l�islam�. Il ne s�agit pas d�une simple d�rive polici�re mais de celle d�un syst�me qui assimile les harragas � des terroristes, criminalise toute contestation sociale et oblige les Alg�riens aspirant � la justice et � la libert� � vivre comme des clandestins dans leur pays. Quand il n�exploite pas carr�ment les sentiments religieux du peuple alg�rien, y compris pour l�appeler, depuis les mosqu�es, � aller voter � l�occasion de scrutins largement boycott�s et au lieu de participer � pacifier l�espace public, le pouvoir exacerbe l�intol�rance religieuse. Du d�sordre dans la gestion des cultes, nous passons � une vision autoritaire qui marque la pratique du pouvoir actuel dans tous les domaines de la vie. Les autorit�s en charge des questions religieuses voudraient faire croire que l�Islam interdit la pratique des autres cultes et que la religion serait menac�e par les non-musulmans ou par les non-pratiquants, au lieu de reconna�tre qu�au contraire, la menace r�side dans cette v�ritable inquisition, dangereuse aussi bien pour les nonmusulmans que pour l�Islam et les musulmans. C�est ainsi qu�on a vu, � Berrianne, s�opposer Mal�kites et Ibadites et observ� une lev�e de boucliers contre le livre de Bentounes qui est pourtant le dirigeant religieux de la confr�rie Alawiya. L�expression la plus exacerb�es de ce risque reste le terrorisme islamiste. Et pendant qu�on emprisonne ceux qui mangent un casse-cro�te, on lib�re les �gorgeurs islamistes et les pr�dateurs du syst�me qui ont d�tourn� des milliards comme le r�v�le quotidiennement la presse. Dans cette logique, le pouvoir charge Farouk Ksentini de relancer le d�bat sur l�amnistie g�n�rale, dont pourraient b�n�ficier, en premier lieu, ceux qui ont caus� autant de tort � la religion qu�� une pratique d�mocratique de la politique en pr�tendant instaurer un Etat th�ocratique, y compris par les armes. Pour le charg� des droits de l�homme aupr�s du pouvoir, la justice et la v�rit� ne doivent pas �tre concili�es avec les imp�ratifs politiques mais s�effacer devant eux. Au risque d�envoyer un signal d�encouragement aux milieux islamoconservateurs � chaque fois que l�on bafoue les droits et libert�s. D�j� Nahda se pr�pare � attaquer en justice le minist�re de la Culture qui, durant le festival panafricain, a propos� des spectacles que ce parti qualifie d�ind�cents. Que ce soit pour donner des gages � l�islamisme ou pour tirer � lui la couverture religieuse, l�intol�rance du pouvoir remet en cause un droit garanti par la Constitution et par la D�claration universelle des droits de l�homme. Mais que pouvait- on attendre d�un pouvoir qui proclame qu�il respecte les libert�s syndicales et se pr�pare � une tripartite sans les syndicats autonomes ? Qui agite le pluralisme de la presse sans renoncer � p�naliser la diffamation ? Que peut-on esp�rer d�un pouvoir qui pr�tend d�fendre l��galit� entre les hommes et les femmes et qui impose encore un tuteur aux futures �pouses ? Qui proclame Tamazight langue nationale mais pas officielle ? Que croire d�un pouvoir qui pr�tend renouer avec la rationalit� �conomique et qui au lieu d�aller vers le week-end universel tergiverse en optant pour le week-end du vendredi/samedi. Le pouvoir de Bouteflika contrarie toute avanc�e fondamentale. Il veut r�duire la libert� religieuse qui a une dimension priv�e et publique � la seule libert� de conscience. Il proc�de � coups d�ordonnances qui en limitent le sens et la port�e et institue, de fait, une sorte de police de la pens�e. Le pouvoir est conscient que la libert� religieuse et la s�paration du politique et du religieux sont fondatrices de toutes les autres libert�s et permettent la r�forme moderne de la pens�e religieuse. Dans la pratique, Bouteflika montre qu�il est dans le m�me projet que le soudanais Omar El- B�chir dont la justice vient de condamner Loubna Ahmed El-Hussein � une amende, � d�faut d�avoir pu lui imposer quarante coups de fouet parce qu�elle a os� porter un pantalon. La question de la libert� de conscience se pose dans tout le monde arabe et musulman. Les r�gimes despotiques craignent la mobilisation et la solidarit� internationale. Au Soudan comme en Alg�rie, la d�fense des libert�s exige de faire reculer toute id�e de poursuites auxquelles on �chapperait seulement gr�ce � une intervention ou par l�exercice bienveillant de l�arbitraire du pouvoir. Mobilisons-nous et solidarisons-nous avec celles et ceux qui sont victimes de la r�pression au nom de la religion aussi bien en Alg�rie qu�au Soudan. L�-bas, la courageuse Loubna se bat pour l�abrogation de l�article 152 du Code p�nal, ici il ne pourra y avoir d�impartialit� du pouvoir, de respect des convictions et de cons�cration des libert�s religieuses sans abrogation de l�article 2 de la Constitution et sans �volution du droit positif alg�rien. Pour qu�une telle rupture, en faveur d�une Alg�rie d�mocratique et de progr�s, puisse consacrer la victoire de la soci�t� face � l�islamisme assassin et sa r�sistance au despotisme, l�union la plus large reste incontournable. Le Comit� pour l��galit� et les libert�s d�mocratiques