C�est sur les pr�occupations plus terre � terre, formul�es par les d�put�s, indistinctement des ob�diences et des chapelles partisanes, que le gouverneur de la Banque d�Alg�rie, Mohamed Laksaci est rest� sans voix. Critiques hard et remarques soft ont fus� jeudi dans l�h�micycle Zighout-Youcef, lors de la pr�sentation du rapport de la Banque d�Alg�rie sur la situation financi�re et mon�taire du pays. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - On ne peut pas dire que le gouverneur de la Banque d�Alg�rie a r�ussi la prouesse de rass�r�ner les d�put�s sur la situation mon�taire du pays. Son long expos� de 24 pages sur la crise financi�re internationale, voulu comme une d�monstration par la comparaison de ce que l�Alg�rie a fait preuve de clairvoyance pour assister heureuse au passage de la temp�te, n�a pas distrait les d�put�s. En d�pit de son effort � convaincre de la bonne sant� financi�re du pays � rapport chiffr� de 225 pages �, Mohamed Leksaci n�a pas �chapp� au tacle parlementaire sur des questions plus terre � terre. Tour � tour, les intervenants parmi les �lus du peuple ont sollicit� des r�ponses, un �nonc� de mesures pour �vacuer le march� parall�le de la devise qui se tient tous les jours que Dieu fait au vu et au su de tout le monde. C�est Boutouiga, le d�put� boute-en-train du RND, qui le premier a catapult� l�acerbe remarque de ce que le march� parall�le de devises contredit l�affirmation de la Banque d�Alg�rie qui dit r�guler les liquidit�s sur le march�. Un autre d�put� affranchit sans d�tours langagier cette pertinente interrogation : qui organise le march� parall�le de la devise ? Pour ce parlementaire, il y va de soi que ce ne sont pas les jeunes qui op�rent au square Port-Sa�d qui sont les barons du march�. Eux, a-t-il affirm�, ne sont que des travailleurs. Le gouverneur de la Banque d�Alg�rie s�est retenu de faire cas de la moindre mesure envisag�e pour �radiquer ce march�. Il s�est offert une voie de sortie en expliquant que personne n�a fait de demande pour l�ouverture de bureaux de changes officiels. Mais si quelqu�un viendrait � le faire, obtiendrait-il agr�ment ? C�est int�ressant � suivre. Mohamed Leksaci a eu �galement � s�expliquer sur les billets de banque, notamment les coupures de 200 DA, en piteux �tat mais qui continuent de circuler. Sur cela, le gouverneur de la Banque d�Alg�rie a inform� que le retrait de ces billets allait intervenir. Il a expliqu� que l�op�ration avait commenc� avec le retrait des coupures de 100 DA. Le gouverneur de la Banque d�Alg�rie a �galement rassur� sur les avoirs alg�riens plac�s dans des banques am�ricaines. Comme le ministre des Finances, qui a eu � s�y exprimer, il a affirm� que les avoirs sont en d�p�ts s�rs m�me si, a-t-il reconnu, que les b�n�fices qu�ils g�n�rent ne sont pas les meilleurs sur le march�. Baisse des recettes budg�taires Dans son rapport, le gouverneur de la Banque d�Alg�rie a soulign� une baisse des recettes budg�taires de l�ordre 21 % lors du premier semestre 2009, comparativement � la m�me p�riode de l�ann�e qui a pr�c�d�. Les recettes s��valuent � 1 962,6 milliards de dinars alors qu�elles �taient, en 2008, de l�ordre de 2 483,3 milliards de dinars. La baisse des recettes de la fiscalit� p�troli�re en est la cause. Celles-ci ont connu une chute drastique (-35,4 %). Ceci pendant que la fiscalit� ordinaire est ponctu�e par une hausse de 28,1 %. Les effets de la crise financi�re �taient donc l�, m�me si c�est de mani�re indirecte. En effet, la chute du prix du baril de p�trole a �t� ressentie, puisque les gains dus aux exportations de l�or noir ont �t� de l�ordre de seulement 19,96 milliards de dollars, alors qu�ils �taient plus que le double au premier semestre 2008, soit exactement 41,71 milliards de dollars. En volume, le recul a �t� de 52,66 %, et logiquement la cons�quence directe a �t� que les recettes en la mati�re n�ont repr�sent� que les 63,1 % des recettes globales. L� aussi, elles marquent une baisse par rapport � 2008 (77,2 %). Les recettes des hydrocarbures ont chut� en valeur de 21 %, passant de 1 918,3 milliards de dinars au premier semestre 2008 � 1 238,7 milliards de dinars les premiers six mois de 2009. Alors que les recettes p�troli�res ont d�gringol�, les recettes fiscales hors hydrocarbures ont, elles, quelque peu mieux carbur�, enregistrant une hausse de 28,1 %. Si, donc, les recettes ont connu une courbe d�croissante, les d�penses, elles, ont gonfl�. Les d�penses de l�Etat ont atteint 2 160,9 milliards de dinars au premier semestre 2009 contre 1 974,3 milliards de dollars � la m�me p�riode de l�ann�e 2008. Un tel d�s�quilibre entre recettes et d�penses pourrait � terme affecter les engagements de l�Etat pour les investissements. Ceci alors que les investissements directs �trangers ont, du fait de la crise financi�re mondiale, enregistr� un recul. Ils n�ont repr�sent� que 0,70 milliard de dollars au premier semestre 2009. Cette situation ne semble cependant pas inqui�ter le gouverneur de la Banque d�Alg�rie qui a not� avec satisfaction que, depuis 2006, les r�serves de changes sont maintenues � un niveau �quivalent � trois ann�es d�importations. A juin dernier, elles ont atteint 144,32 milliards de dollars, contre 143,1 milliards de dollars � la fin d�cembre 2008. L�encours de la dette ext�rieure est �valu� � 3,9 milliards de dollars alors qu�il �tait de 4,3 milliards de dollars � fin 2008. Les d�put�s, qui ont eu juste trois jours pour lire et analyser les chiffres pr�sent�s par Leksaci, ont d�plor� que le rapport ne contienne pas de pr�visions pour les ann�es � venir. La remarque a �t� l��uvre du vice-pr�sident de l�APN, le d�put� RCD Mohamed Khendek. Une remarque fort partag�e d�ailleurs par nombre de ses coll�gues parlementaires. Mais comme le rapport m�me trop technique ne pouvait d�plaire � tout le monde, il a trouv� en le d�put� du PT, M. Ta�zibt, qui l�appr�ciera. �Nous sommes d�accord avec le gouverneur de la Banque d�Alg�rie parce qu�il a donn� de l�importance � la crise financi�re mondiale�, dira-t-il en marge de la pl�ni�re. S. A. I. 69 plaintes contre des banques et des op�rateurs Dans son rapport sur la situation mon�taire du pays, le gouverneur de la Banque d�Alg�rie a not� qu�il a �t� proc�d� au contr�le de 16 �tablissements bancaires, 10 relevant du priv� et 6 du public. Suite � ces contr�les, il a �t� dress� 81 proc�s-verbaux pour une valeur de 5 429 millions de dinars. Les op�rateurs �conomiques, eux, ont fait l�objet au total de 56 proc�s-verbaux pour un montant de 808 millions de dinars. Le gouverneur de la Banque d�Alg�rie a not� �galement que 69 plaintes ont �t� d�pos�es devant la justice, 13 contre des banques et 56 contre les op�rateurs.