La question du marché informel de la devise est revenue plusieurs fois dans les interrogations formulées jeudi à Mohamed Laksaci, gouverneur de la Banque d'Algérie, par les députés de la chambre basse à l'issue de la présentation de son rapport sur la situation financière et monétaire en Algérie de 2008. M. Laksaci a affirmé que la loi régissant cette activité existe depuis 1995 mais le problème est situé au niveau de l'absence de la demande d'ouverture des bureaux de change de la part des banques ou des autres opérateurs. «Aucune demande n'a été formulée par les parties concernées en prévision de l'ouverture des bureaux de change», a souligné M. Laksaci lors de sa réponse formulée jeudi soir à l'APN. Cette situation est due, selon le gouverneur de la Banque d'Algérie, au fait que cet aspect de la politique monétaire nationale n'est pas du tout développé chez nous. Le gouverneur a laissé la voie ouverte et libre à tous ceux qui désirent investir ce créneau vu que l'assise juridique existe déjà. Il a été jusqu'à s'engager à apporter des modifications nécessaires sur cette loi au cas où le besoin est exprimé. «Si cela demande à ce que la Banque d'Algérie révise cette loi et apporte des modifications, cela ne nous pose aucun problème», a-t-il précisé. Stabilité du taux de change Le gouverneur d'Algérie est revenu également sur la question de taux de change en précisant que l'Algérie poursuit ses efforts en vu de maintenir ce taux à un niveau appréciable en dépit de toutes les fluctuations de monnaie et la hausse vertigineuse de l'inflation des suites à la crise financière. Il a souligné dans ce contexte que l'Algérie poursuit sa politique de «flottement dirigé» ce qui a permis de maintenir son taux de change à une moyenne de 1,5% depuis 2008 malgré les impacts de la crise financière. «En juin 2009, ce taux est resté proche du taux d'équilibre, ce qui répond parfaitement aux derniers barèmes arrêtés par le FMI concernant le calcul de ce taux après la crise financière. C'est un taux apprécié par cette institution tout comme les autres institutions financières mondiales. Nous avons des équipes spécialisées qui travaillent sur la question et la suivre au jour le jour», a-t-il indiqué. L'Algérie, a ajouté M. Laksaci, a entamé une politique de diversification des devises depuis 2005 pour faire face aux fluctuations de la valeur de change entre l'euro et le dollar et précise que les importations restent en dollars et en euros. A propos des billets abîmés délivrés par les banques et les postes, le gouverneur a cité la série de mesures prises depuis 2001 pour le renouvellement d'un bon nombre de billets et l'introduction de la nouvelle monnaie sur le marché après le flux important et la surliquidité enregistrée au niveaux des banques. Il a souligné que la prochaine étape sera consacrée à la mise sur le marché de nouveaux billets de 200 dinars. «L'opération est en cours», s'est-il contenté de dire aux nombreuses interpellations faites par les députés à ce propos. A une question sur la lutte contre le blanchiment d'argent, le gouverneur d'Algérie évoque l'existence de deux dispositifs de contrôle de toutes les transactions faites aux niveaux des banques. «Ces dispositifs sont mis en place selon ce que prévoit la loi de la lutte contre ce phénomène et visent à intensifier le contrôle sur les banques», a-t-il expliqué. Le premier contrôle concerne, selon M. Laksaci, le travail effectué par les commissaires aux comptes dans lequel les inspecteurs effectuent un contrôle intégral de l'activité de la banque. Le deuxième dispositif est interne et se font en fonction du système mis en place par la banque elle-même. «Ce système exige à la banque d'établir des rapports annuels sur son dispositif de lutte contre la corruption», a-t-il ajouté, précisant que cela est entré en vigueur en 2002. Situation financière extérieure nette et solide Par ailleurs, M. Laksaci a indiqué que l'Algérie continue de disposer d'une solidité financière nette extérieure grâce à la préservation du niveau des réserves de change, au réserves du fonds de régulation des recettes estimées actuellement à 4280 milliards de dinars, comme d'une des mesures prudentielles prises par les pouvoirs publics pour faire face aux effets de la crise économique financière. La situation financière de l'Algérie a été marquée en 2008 par un excédent de la liquidité aux niveaux des banques et un excédent croissant de la balance des paiements, lequel a atteint 43,1 milliards de dollars, et un équilibre de la balance des capitaux. M. Laksaci a cité dans le cadre des mesures préventives prises pour limiter les effets de la crise financière, la réduction des dépôts des avoirs de l'Algérie dans les marchés financiers en 2008, soulignant que ces dépôts ont été effectués dans les années précédentes sous forme d'actifs souverains et non spéculatifs. Ceci étant, le gouverneur d'Algérie a éludé plusieurs questions relatives notamment à la réforme financière et aux mécanismes que sa banque compte entreprendre en vu de rétablir la confiance entre le citoyen et la banque nationale sachant que l'afflux est plus important auprès des banques étrangères. L'orientation des banques et des institutions financières à soutenir l'économie nationale et la PME algérienne n'a pas été également évoquée lors des réponses en dépit du fait que le rapport mis entre les mains des députés a relevé la fermeture de plus de 600 entreprises et la perte de plusieurs milliers de postes d'emploi en plus du risque de disparition de plusieurs filières d'activité, dont le textile, la céramique, la briqueterie, la tomate industrielle, le cuir et l'industrie alimentaire. M. Laksaci n'a pas répondu aux questions relatives à l'impact des décisions prises dans le cadre de la LFC 2009 et les moyens de faire face aux nombreuses contraintes évoquées par les producteurs nationaux.