Du projet europ�en de construction m�diterran�enne, Yazid Zerhouni garde toujours une appr�ciation n�gative. Il demeure du moins sceptique quant au bien-fond� de la d�marche. Pour lui, l��quation est simple : on ne peut pr�tendre � la constitution de l�espace m�diterran�en, tant que les citoyens de ce m�me espace ne peuvent y circuler librement. Sofiane A�t Iflis - Alger (Le Soir) - Le ministre d�Etat, ministre de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales, invit� dimanche matin de la r�daction de la Radio nationale Cha�ne III, a soulign� pr�cis�ment que les proc�dures de d�livrance de visas restent, bien qu�all�g�es par endroits, inad�quates avec les aspirations � construire l�espace m�diterran�en. La probl�matique ainsi pos�e par Yazid Zerhouni n�est pas nouvelle. Elle a l��ge des tentatives multiples des pays du pourtour m�diterran�en d�insuffler une vie prosp�re � leur espace commun. Et c�est donc tout naturellement que la question s�est retrouv�e au menu de la Conf�rence des ministres de l�Int�rieur de la M�diterran�e occidentale (CIMO) qui s�est tenue la derni�re semaine de novembre � Venise, en Italie. Cette conf�rence, la 14e du genre, s�est pench�e, devait rappeler Zerhouni, sur, entre autres pr�occupations, la libre circulation des personnes et la lutte contre la criminalit� organis�e et le terrorisme. L�Alg�rie, en tout cas, s�est particuli�rement int�ress�e � d�battre de ces deux questions. Le ministre d�Etat, ministre de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales, qui a repr�sent� l�Alg�rie � cette conf�rence des 5+5, s�est rendu � Venise pour plaider la libre circulation des personnes dans le Bassin m�diterran�en, sans quoi la construction �chafaud�e n�aura pas de sens. �Comment constituer un espace m�diterran�en si les citoyens ne peuvent pas y circuler librement ?� s�est-il interrog� comme pour souligner l�imp�ratif pour l�Europe de concevoir autrement son voisinage avec la rive sud de la M�diterran�e. hier matin, Yazid Zerhouni n�a pas inform� sur l�attitude de l�Europe face � cette dol�ance n�cessairement commune aux pays de la rive sud de la M�diterran�e. On ne peut pr�juger de sa disposition � le dire ou ne pas le dire. La cons�ur qui l�a soumis � la question n�a pas jug� utile de l�inviter � davantage de pr�cisions. En revanche, elle s�est singuli�rement int�ress�e � sa d�claration, en marge de la conf�rence, et � travers laquelle il a affirm� que parall�lement � lutte polici�re contre le terrorisme, il faut traiter sa matrice id�ologique. Qu�entendait-il par matrice id�ologique ? En fait, tout �l�ment susceptible de nourrir l�int�grisme et le radicalisme islamistes. Zerhouni pense aussi bien aux interpr�tations erron�es des pr�ceptes de l�Islam qu�au reste des facteurs exog�nes qui �ajoutent de l�eau au moulin de l�int�grisme �. Zerhouni cite, pour l�exemple, la glorification, en Europe, des particularismes nationaux. In�luctablement, il a eu � s�appesantir sur les deux actualit�s imm�diates que sont le d�bat sur l�identit� en France et l�interdiction de l��l�vation de minarets en Suisse. Le ministre de l�Int�rieur n�a pas �vacu� le risque de voir l�islamophobie reprendre racine autour de ces d�bats en cours en France et en Suisse, voire dans toute l�Europe. �Les d�bats sur les minarets et sur l'identit� nationale en Europe apportent de l'eau au moulin des extr�mismes et des radicalismes �, a affirm� M. Zerhouni qui a dit craindre que ce genre de d�bat n�alimente les th�ses terroristes. Pour le ministre de l�Int�rieur, les propos en Europe qui glorifient les particularismes identitaires risquent d�alimenter les extr�mismes culturels et religieux. �Quand on se laisse aller � des commentaires encourageant l�islamophobie, on apporte de l�eau au moulin de ceux qui utilisent l�Islam pour justifier des actions violentes, mais qui sont loin de repr�senter cette religion de tol�rance �, a encore affirm� Zerhouni qui, tout de m�me, reconna�t que ces d�rives occidentales compliquent, ici, la lutte contre le terrorisme. S. A. I. Contrairement au reste des invit�s de la r�daction de la Cha�ne III, Yazid Zerhouni n�a pas �puis� le temps d�antenne imparti � l��mission. L�animatrice n�a pas repris le ministre apr�s l�entracte habituel. Zerhouni a-t-il �court� sa prestation pour cause d�engagement par ailleurs ou s�est-il simplement soustrait � l��vocation de quelques autres pr�occupations nationales g�nantes ?