Si certains guettent les actualit�s politiques charg�es et explosives pour lorgner du c�t� des projecteurs, d�autres, en revanche, choisissent, en pareilles circonstances, de se soustraire d�lib�r�ment comme d�un geste raisonn� et m�rement r�fl�chi aux feux de la rampe. C�est parmi ces derniers que le ministre d�Etat, ministre de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales, Yazid Zerhouni a choisi de compter au moment o� des mains, visiblement expertes, ont ouvert la bo�te de Pandore pour laisser s�en �chapper de graves scandales �conomiques. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Alors que la curiosit� se trouve enti�rement riv�e aux tenants politiques �ventuels des scandales �conomiques livr�s ces derniers temps � l�opinion publique, des responsables, piliers du r�gime et du pouvoir en place, se fa�onnent en effet des comportements qui les mettent � l�abri de la sollicitation m�diatique. Il en est ainsi du ministre d�Etat, ministre de l�Int�rieur et des Collectivit�s locales qui a r�duit de mani�re drastique ses sorties et ses activit�s et, donc, ses propos publics. Etonnement d�ailleurs, tant il a habitu� � prendre sur lui de rompre les silences officiels lorsqu�ils devenaient par trop pesants. S�r qu�il a toujours �t� de ne pas se faire taper sur les doigts, lui, qui, le plus fid�le des fid�les � Bouteflika, reste le seul � pouvoir s�introduire dans le bureau pr�sidentiel sans s�annoncer. Deux jeudis de suite, Yazid Zerhouni ne s�est pas rendu � l�Assembl�e populaire nationale o� quelques questions orales de d�put�s attendent ses r�ponses. Ceci alors qu�on ne lui conna�t pas d�engagements pr�pond�rants par ailleurs. Un repli vers l�ombre ? Assur�ment, puisque les obligations protocolaires et autres auxquelles il a d� satisfaire entre-temps le montrent au mieux de sa forme physique et, du coup, balaient toute �ventuelle sp�culation autour d�une indisponibilit� pour l�activit� publique pour raison de sant�. Yazid Zerhouni a �t� vendredi dernier � l�enterrement du g�n�ral Larbi Belkheir. Il a �t� avant -hier, dimanche, � l�accueil des Fennecs de retour de leur exp�dition angolaise. Aux c�t�s du Premier ministre Ahmed Ouyahia � qui il a �t� �chu cette fois-ci de pr�sider � ce protocole. A leur retour de Khartoum, en novembre 2009, les Fennecs ont �t� accueillis, on s�en souvient, par Abdelaziz Belkhadem, le ministre d�Etat, repr�sentant personnel du pr�sident de la R�publique. Faut-il chercher une lecture politique � la pr�sence dimanche d�Ouyahia et de Zerhouni sur le tarmac de l�a�roport international Houari- Boumediene ? Ceux qui ont l�intime conviction de l�existence de tiraillements au sommet de l�Etat ne manqueraient certainement pas d�y proposer quelques d�codages. Importe. Ce qui intrigue le plus et invite � l�interrogation, c�est tout d�abord cette attitude de Zerhouni qui s�apparente � une r�solution d�lib�r�e � se soustraire aux feux de la rampe. L�homme, qui a habitu� � commenter l�actualit� politique sans g�ne, donne, depuis quelque temps, l�air de quelqu�un qui se pr�occupe de quelque chose de cardinal du moins de quelque chose, qui lui recommande d��tre extr�mement alerte et de r�fl�chir intens�ment. Et quoi forcerait un Zerhouni � un tel effort de r�flexion en dehors des questions li�es au pouvoir et � son �quilibre. Sentirait-il dans le sillage des scandales �conomiques en s�rie le souffle chaud et fort de quelques siroccos politiques approchants ? Plus serein face � l�adversit� que son ami le pr�sident de la R�publique, le ministre de l�Int�rieur est tout indiqu� pour se poster en guetteur attentif et avis� de l��volution de la tornade. De plus, des ministres proches du pr�sident, il est le seul � conna�tre le poids des forces en confrontation. C�est tout logiquement sur lui que sur le reste des ministres proches, la plupart des technocrates, que le pr�sident Bouteflika compte lorsqu�il faut parer aux vents contraires ou pour bousculer les r�sistances quand il s�agit d�asseoir quelques options fondamentalement engageantes. Mais alors quel pourrait bien �tre ce projet pr�sidentiel, si projet il y a, qui mettrait aux prises des forces contraires. Les observateurs les plus perspicaces restent sur la certitude que quelque chose agite le s�rail.