Dégradation n Ce tombeau royal semble, depuis quelque temps, vieillir plus rapidement sous l'action de multiples facteurs naturels. Ses côtés commencent à s'effriter et certaines de ses parties supérieures se sont latéralement affaissées provoquant des ouvertures béantes. Dressé sur un léger promontoire, le mausolée Imedghassen, dédié, dit-on, au roi Madghis, semble affirmer avec fierté, malgré les outrages du temps, son statut de monument numide le plus important d'Afrique du Nord. Aucune plaque ne signale pourtant aux automobilistes empruntant cette route nationale la présence de ce vestige dont la construction remonterait, selon des études historiques, à la fin du IVe siècle avant notre ère. Les rares tentatives engagées par les instances de tutelle pour stopper cette dégradation ont été, semble-t-il, inopérantes, alors qu'une opération de restauration lancée en 2009 pour un coût de 40 millions de dinars a dû être suspendue à la suite de «réserves faites par des spécialistes qui l'avaient jugée tout simplement inutile», affirme-t-on à la direction de la culture. La réflexion menée au niveau central, affirme le directeur de la culture, se dirige de plus en plus vers l'inscription d'une nouvelle opération pour établir un diagnostic précis de l'état actuel du monument et, à sa lumière, «concevoir une étude de restauration qui associera plusieurs parties dont l'Office national d'exploitation et de gestion des biens culturels. Ce mausolée qui fait partie des tombeaux de type «bazina», typiques de l'architecture funéraire numide, tout en étant le plus grand du genre, se trouve au milieu d'une ancienne nécropole dont les traces ont aujourd'hui disparu en raison, entre autres, de la construction d'une route dans les alentours immédiats. De forme cylindrique avec une base de 59 mètres de diamètre et une hauteur de 19 mètres, le monument semble réunir des influences à la fois numide, orientale et hellénique. Pour attirer l'attention sur la situation de ce vestige, classé par le programme World Monuments Watch parmi les 100 monuments les plus menacés au monde, les responsables de la commune de Boumia (dont relève administrativement le site) ont eu l'ingénieuse idée de réaliser, au niveau du rond-point situé à l'entrée de la ville, une réplique identique d'Imedghassen. Cette œuvre, même s'il y a beaucoup à dire sur le respect des proportions, «excite depuis une année la curiosité de nombreux visiteurs qui finissent par faire un saut du côté du tombeau authentique, en mal d'attention». Selon cet élu, l'initiative d'organiser un festival à Imedghassen qui pourrait y attirer spécialistes et touristes, n'a pas abouti faute de patronage.