Une qualification pour la phase finale de la Coupe du monde de football procure, certes, de la joie, mais n�am�liore en aucun cas, ni d�aucune mani�re, l�ordinaire des millions de salari�s. Les 5 000 travailleurs de la Soci�t� nationale des v�hicules industriels (SNVI) nous rappellent � cette �vidence axiomatique. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - �a gronde fort depuis avant-hier au complexe industriel SNVI de Rouiba, dans la p�riph�rie est d�Alger. Pr�s de 5 000 travailleurs ont d�cid�, spontan�ment, est-il fait remarquer, de ranger leurs outils et d�serter les ateliers pour dire toute leur insatisfaction des conclusions de la derni�re tripartite. Pour eux, la tripartite, c�l�br�e par le gouvernement et la Centrale syndicale comme le pinacle des acquis sociaux, n�est qu�un leurre. Et en cela, ils n�ont pas tort, tant insignifiante est l�incidence du rel�vement du SNMG sur le pouvoir d�achat des salari�s, tous les salari�s, � l�exception de ceux, minoritaires, dont la paie est fonction de ce salaire minimum garanti. Franchement, la r�vision � la hausse du SNMG ne profite qu�aux b�n�ficiaires de pensions de retraite et aux smicards. Mais ceux-l� ne constituent pas une masse importante. La Centrale syndicale, l�Union g�n�rale des travailleurs alg�riens (UGTA), qui, depuis longtemps, a d�sert� le terrain des luttes syndicales pour se confiner dans un r�le de soupape, n�ignore pas cette r�alit�. Elle sait pertinemment que la hausse du SNMG n�est d�aucun secours pour la grande masse des salari�s. Mais, ligot�e qu�elle est par le pacte national �conomique et social conclu avec le gouvernement, elle ne peut s�autoriser d�autres conduites qu�avaliser les d�cisions gouvernementales, quelles qu�elles soient. Gagn�e profond�ment par la scl�rose, provoqu�e aussi par une compromission politique exag�r�e, la direction de la Centrale syndicale vit un d�phasage attest� avec la base syndicale qui, elle, se d�m�ne vaillamment � dresser la barricade devant l��rosion de son pouvoir d�achat. Preuve en est cette grogne des travailleurs de la SNVI qui ont d�cid� de d�brayer jusqu�� ce que leurs dol�ances soient satisfaites. Des dol�ances que l�UGTA n�a pas su, ou n�a pas carr�ment voulu d�fendre, en l�occurrence une revalorisation r�elle des salaires et la pr�servation des acquis sociaux des travailleurs. En effet, les salari�s, du moins ceux s��reintant dans les fonderies de la SNVI, s��l�vent contre la suppression de la possibilit� de d�part � la retraite, � l�accomplissement de 32 ann�es de services, un m�canisme introduit dans le syst�me de retraite nationale en 1994. Chez les travailleurs, la suppression de cet avenant au syst�me de retraite est per�ue comme un recul, une remise en cause d�un acquis. Que des politiques fr�quentant ouvertement le s�rail dirigeant saluent cette d�cision de la tripartite n�alt�re en rien la justesse de la revendication des couches laborieuses. Les travailleurs de la SNVI ont raison de sonner la fin de la kermesse � laquelle tout le monde s�est abandonn�, apr�s la qualification des Verts au Mondial sud-africain. Car, en plus de l��rosion du pouvoir d�achat, il est d�autres inqui�tudes � se faire, notamment par rapport � l�emploi. Le nouveau code de travail, qu�une commission tripartite peaufine depuis un certain temps d�j�, risque fort malheureusement de m�nager le lit � l�emploi pr�caire, en autorisant le recours sans condition au contrat � dur�e d�termin�e, le CDD. Les syndicats autonomes n��tant pas associ�s � la n�gociation avec le gouvernement, en d�pit d�une repr�sentativit� prouv�e sur le terrain de la mobilisation, on voit mal l�UGTA faire barrage � une telle disposition dans le nouveau code du travail. Ce n�est pas sans motif que le gouvernement gratifie la Centrale syndicale du statut d�unique partenaire social admis � la n�gociation. Il sait que du c�t� de la maison du Peuple, il ne pleuvra que soutien. Mais la docilit� de la direction de l�UGTA ne le tirera pas forc�ment d�affaire. La grogne sociale, visible, � pr�sent que l�euphorie d�apr�s-qualification au Mondial est pass�e, pointe du nez, plus que jamais mena�ante. Les praticiens de la sant� publique sont d�j� en pleine contestation. Leur d�brayage pourrait fort bien faire des �mules, tant, partout, les probl�mes s�amoncellent sans perspectives tangibles de r�glement. Comme quoi, rien ne pourra faire les travailleurs se d�tourner de leur mis�re� m�me pas le safari sud-africain des Verts !