L'Etat a mis le cap sur les plans de charges, la création de l'emploi et le redéploiement de cette entreprise sur le double plan, national et international. La Société nationale de véhicules industriels (SNVI) vient de bénéficier d'un plan de redressement et d'une nouvelle feuille de route après des négociations serrées avec le gouvernement, qui a tranché l'avenir de ce fleuron industriel qui a fait le bonheur de l'Algérie dans les années 1970-1980, et qui avait concurrencé les géants du monde dans le rallye Paris-Alger-Dakar. Et si cette société a traversé une période douloureuse où elle a failli mettre la clé sous le paillasson, il est évident que l'Etat a pris conscience de la nécessité de la préserver, surtout qu'il existe des volontés à l'intérieur même de ce complexe pour relancer l'activité. À commencer par d'importants contrats établis avec les institutions de l'Etat, comme les ministères de la Défense nationale, de l'Intérieur et des Collectivités locales, et de l'Enseignement supérieur, mais aussi l'Entreprise des transports urbains Etusa. En effet, la SNVI a été sollicitée par ces institutions pour les équiper des moyens de transport, comme les bus et les minibus, mais aussi des camions et des véhicules opérationnels. Et si la tare de la SNVI résidait, il y a quelque temps, dans le design, le staff de l'entreprise a consenti des efforts dans l'innovation. Et ce n'est guère l'imagination qui manque à l'équipe technique de l'entreprise qui s'est investie dans la recherche. En témoignent les modèles actuellement en montage au complexe de Rouiba exposés lors de la dernière visite du ministre du Travail, M. Tayeb Louh. Hier, sur les ondes de la Chaîne III, le directeur général de la SNVI, M. Mokhtar Chahboub, est revenu sur les performances réalisées par cette entreprise malgré les difficultés financières et “l'embargo” imposé en termes de commandes, en sus de la concurrence déloyale dont la SNVI est victime. Mais “le patriotisme économique” l'emportera et le gouvernement a tranché : le plan de redressement de la SNVI sera en vigueur à partir de 2010, n'en déplaise à ceux qui veulent mettre à genoux ce fleuron de l'industrie automobile algérien. À commencer par ceux qui poussent de gros clients à préférer le véhicule importé au produit de la SNVI qui répond aux normes de l'environnement et très adapté à la demande de l'Algérie. Une démarche qui a porté les parts de marché de la SNVI de 45% à 25%. Et si M. Chahboub se réjouit des décisions du gouvernement, il est à signaler, en parallèle, que la SNVI continue à enregistrer un chiffre d'affaires annuel de 20 milliards de dinars et procédera à la livraison prochaine de 300 bus au profit du secteur de l'Enseignement supérieur. 45 milliards de dinars de dette effacés Il est vrai que la SNVI peine à décoller pour connaître un essor escompté par ses dirigeants. À commencer par les conditions de travail souvent sévères dans lesquelles exercent les travailleurs. Mais ces aspects et tant d'autres sont pris en charge par le comité de discussion qui a soumis au gouvernement les doléances de l'entreprise avant qu'une feuille de route ne soit tracée avec, en sus, un contrat de performance. Et c'est ainsi que M. Chahboub a évoqué, hier, l'effacement d'une dette de 45 milliards de dinars, premier préalable pour sauver la société, et l'injection d'une enveloppe conséquente pour faire tourner une machine qui ne tourne pas rationnellement. Des décisions fortes qui ont fait l'objet de discussions avec le Premier ministre et le patron de la Centrale syndicale, avant qu'elles ne soient avalisées par le chef de l'Etat lors du précédent Conseil des ministres et lors des dernières auditions des ministres. Et la SNVI pourrait facilement revenir sur le marché du véhicule, surtout qu'elle sera la cheville ouvrière, selon le gouvernement, de la fabrication de la pièce de rechange. En face, la SNVI se redéployera sur le plan international avec les exportations vers beaucoup de pays et clients tant en Afrique qu'au Maghreb. Actuellement, la SNVI dessert plusieurs pays d'Afrique comme le Sénégal, le Gabon ou encore le Mali pour un volume de 80 millions de dollars, ce qui représente 5 à 10% du chiffre d'affaires annuel de l'entreprise. Sachant que la SNVI n'a pas bénéficié d'un plan d'investissement depuis les années 1980, en plus de l'absence de partenariats, le gouvernement a inscrit plusieurs chapitres à l'entreprise pour renaître de ses cendres et occuper la place qui lui revient sur le marché. Avec une capacité de production de plus de 10 000 camions/an, durant les 5 prochaines années, la SNVI devra passer au cap d'une mise à niveau qui permettra de préserver 800 postes d'emploi directs et plus de 400 entreprises de sous-traitance. Le patron de la SNVI a également évoqué la construction du premier véhicule de tourisme en Algérie. Membre de la commission chargée du suivi de cet ambitieux projet, M. Chahboub a révélé que les discussions avancent et que ce projet verra bel et bien le jour. À rappeler que lors de sa dernière visite au complexe de Rouiba, le ministre des Transports, Amar Tou, a fait part de la livraison de 600 autobus pour les besoins de 27 nouvelles structures de transport urbain et a confirmé la commande de 210 autres bus au profit des 7 entreprises nouvellement créées, et ce, en plus de 300 autres unités en cours de livraison à l'Etusa pour le transport universitaire. Ces commandes permettront d'avoir un plan de charges conséquent, devant générer la création de plus de 1 500 emplois nouveaux, en plus des 4 500 emplois qui seront créés avec la mise en place des entreprises de transport urbain.