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LE POLITOLOGUE MOHAMED HENNAD AU SOIR D�ALG�RIE :
�Rien ne pr�sage d�un changement du paysage politique dans la bonne direction !�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 18 - 01 - 2010

Le docteur Mohamed Hennad est chercheur au Cread et sp�cialiste de la politique int�rieure. Il est professeur de sciences politiques � l�Universit� d�Alger. Dans cet entretien qu�il nous a accord�, il revient sur l�actualit� politique qui a marqu� l�ann�e 2009. Son constat est sans appel : l�Alg�rie continue de faire du surplace. Pour lui, le syst�me de gouvernance actuel est et reste herm�tiquement ferm�.
Entretien r�alis� par Fatma Haouari
Le Soir d�Alg�rie : Quel bilan faites-vous de l�ann�e 2009 sur le plan politique en Alg�rie ?
Le Dr Mohamed Hennad : Pour faire court, je dirais que c�est pratiquement le m�me bilan que celui des ann�es pr�c�dentes ! C�est-�-dire que l�Alg�rie politique, mais pas seulement, continue de faire du surplace, voire de r�gresser. Le seul �v�nement politique saillant de l�ann�e �coul�e fut l��lection pr�sidentielle. On peut, peut-�tre, ajouter les soi-disant �lections s�natoriales qui viennent d�avoir lieu. Pour la premi�re, l�on se rappelle les conditions dans lesquelles s�est d�roul�e, c�est-�-dire � la suite d�un viol de la Constitution, laquelle Constitution est cens�e �tre consid�r�e comme le deuxi�me texte sacr� de la nation. Malgr� les r�sultats d�shonorants de cette �lection, rien n�emp�chait ce viol de d�boucher sur une certaine dynamique politique virtuelle. Malheureusement, telles ne semblent pas avoir �t� les intentions de ceux qui d�cident pour nous. Quant aux �lections s�natoriales � � part le fait que le Conseil de la nation ne sert pratiquement � rien, si ce n�est consommer de l'argent � rappelez- vous des conditions dans lesquelles elles se sont d�roul�es o� on ne parlait que d�achat de voix et d�alliances suspectes, mais rarement de l�gitimit� en termes de moralit� et de comp�tence. Franchement, ces deux �v�nements n�ont nullement servi l�honneur de la nation. Le syst�me de gouvernance actuel continue de se refermer sur lui-m�me, ne voulant rien entendre qui le fasse revenir � la raison citoyenne. Impossible d�avoir un syst�me ouvert qui produise un changement si son premier chef �f�che� ses citoyens, ne daignant m�me pas, apr�s plus de dix ans � la t�te de l�Etat, accorder une seule interview � la presse nationale pour nous dire ce qu�il a fait et ce qu�il compte faire� avec nous. Ce syst�me ouvert est impossible si le citoyen ne sait plus s�il a des droits � revendiquer ou des faveurs � qu�mander. Ce syst�me est impossible sous un Etat d�urgence, en vigueur depuis presque vingt ans, et c�est juste si l�on ne se pose pas de questions quant � son v�ritable objectif. C�est cette m�me loi qui permet au ministre de l�Int�rieur d�interdire ou d�autoriser ce qui lui agr�e au nom de la n�cessit� (avec, parfois, des gaffes dans ses propos), sachant qu�il ne cesse de d�clarer, � chaque occasion, que la situation s�curitaire est bien ma�tris�e. Ce syst�me est impossible lorsque vous avez un Parlement, cens� repr�senter la volont� g�n�rale, glisser vers l�anonymat pour ne devenir qu�une simple caisse de r�sonance pour l�Ex�cutif, � tel point que nos d�put�s sont devenus de vrais � d�pit�s �.
Le match Alg�rie-Egypte de qualification au Mondial 2010 a �t� un d�clic pour la r�appropriation du drapeau alg�rien et l�unit� du peuple alg�rien, notamment de la part des jeunes qui ne pensent pourtant qu�� la harga. Quelle analyse faites-vous apr�s ce sursaut nationaliste et patriotique ?
Peut-�tre un �d�clic� comme vous le dites, mais �a sera, s�rement, un d�clic �ph�m�re et un simple sursis. Et puis, souvenez-vous qu�on ne cesse de parler de d�clic depuis vingt ans, mais pratiquement sans voir quelque chose de tangible pointer � l�horizon. Pour ma part, je ne pense pas qu�un simple match de football, et quelle que soit son importance, puisse constituer un d�clic pour un �sursaut nationaliste et patriotique�, car un tel sursaut ne peut se faire que sur des bases beaucoup plus solides et ne pourrait s�inscrire que dans la dur�e. Soyons, donc, raisonnables d�autant plus que notre s�lectionneur national nous demande de garder les pieds sur terre, car le retour de manivelle pourrait �tre tr�s dur pour notre jeunesse qui ne jure, pour le moment, que par l��quipe nationale. Et puis notre s�lectionneur a �t� on ne peut plus franc lorsqu�il a dit que nous n�avions pas encore une �quipe forte. Cela dit, il faut qu�on sache que quelles que pourraient �tre les prouesses � tr�s hypoth�tiques, par ailleurs, vu le niveau atteint par le football en Afrique et dans le monde � de notre �quipe nationale, elles ne seront qu�un ersatz, car les probl�mes �normes que conna�t notre soci�t� pourraient empirer, obligeant notre jeunesse de regarder, de nouveau, vers la mer. Vous savez, la victoire d�Oumdorman m�a fait paraphraser Marx pour dire que, finalement, le football pourrait �tre, lui aussi, l�opium des peuples, surtout pour un peuple comme le n�tre, vu l��tat actuel des choses. Cela dit, je retiendrai de cette victoire une chose : le patriotisme ne se dicte pas et il ne rime qu�avec r�ussite. Qu'attendent les jeunes du pr�sident Bouteflika et que doit-il faire en leur faveur ? Pour le moment, qu�il d�bourse (des deniers publics pas de sa poche, bien s�r) pour leur permettre d�aller en Angola puis en Afrique du Sud. Et quand les rideaux tomberont sur les joutes africaines puis mondiales, ils lui demanderont ce qu�ils lui ont toujours demand�. Il y a des familles qui vivent tellement � l��troit et que des conjoints peinent � s�offrir un petit moment d�intimit� !
Nos relations avec l�Egypte se sont d�t�rior�es � la faveur de ce match qui a vu la victoire de l�Alg�rie. Certains observateurs disent que c��tait pr�m�dit� et que le match n��tait qu�un pr�texte, quel est votre avis sur cette question ?
Il est ind�niable que les circonstances dans lesquelles se sont d�roul�s les trois matches entre l�Alg�rie et l�Egypte ont r�v�l� beaucoup de choses int�ressantes qui ont permis une certaine prise de conscience. Il faut savoir que les relations entre les deux pays (comme avec le reste des pays arabes d�ailleurs) n�ont jamais atteint un seuil critique pouvant cr�er de s�rieux soucis pour les deux pays, surtout du c�t� alg�rien. En outre, ces rapports n�ont jamais �t� au beau fixe, et ce, m�me durant notre guerre d�Ind�pendance. Par ailleurs, les mentalit�s des deux peuples se rejoignent difficilement si ce n�est la diplomatie (pour ne pas dire une certaine forme d�hypocrisie) qui est l� pour adoucir, tant bien que mal, les rapports entre les deux pays. Pour l�Egypte, qui se prend pour le champion du monde arabe pour des raisons qui ne sont, du moins aujourd�hui, plus valables, les choses sont simples. Elle s�arroge la t�te de file des pays arabes : non seulement elle refuse que l�un de ces pays veuille se placer devant, m�me quand il peut faire mieux, elle lui refuse m�me de sortir des rangs. D�une mani�re plus g�n�rale, pour l�unit� arabe � que tout le monde semble appeler de ses v�ux, mais pour laquelle aucun n�a encore vers� des larmes et du sang � il faut distinguer deux aspects : l�aspect sentimental dont on ne peut nier l�importance et l�aspect raison et int�r�ts nationaux qui pr�dominent toujours. De m�me, il faut se rendre � l��vidence que l�unit� entre Etats ne peut r�ussir que si ces derniers sont assez forts et matures pour en comprendre la n�cessit� et savoir la pr�server et la consolider chaque jour davantage. Que chaque pays arabe fasse, donc, le n�cessaire � son niveau pour que l�unit� tant voulue ait lieu � terme, sur des bases solides. La vie nous apprend que l�unit� r�ussit entre les forts, pas entre les faibles. Quant aux observateurs que vous mentionnez, permettez-moi de vous dire que je n�aime pas trop les sp�culations, m�me lorsqu�elles se basent sur des faits qui paraissent les corroborer. Mais contentons-nous de dire � quelque chose malheur est bon� si malheur il y a bien s�r !
Quel sera l�avenir de ces relations et le nouveau r�le de l�Alg�rie sur la sc�ne mondiale, arabe et africaine ?
Ce r�le, il faut le chercher ici d�abord, puis � l��chelle la plus proche, c�est-�-dire maghr�bine. Lorsque le front interne est assez consolid� puis les rapports avec le voisinage suffisamment sains, beaucoup deviendra possible dans nos rapports avec l�ext�rieur. Vous savez, il ne vous suffirait point de vous pr�valoir d�un r�le � jouer pour jouer ce r�le effectivement. En fin de compte, l�Etat, c�est comme la personne. Une personne ne peut pas pr�tendre avoir un r�le � jouer aupr�s des autres alors qu�elle peine � avoir de l�ordre dans sa propre vie. Bien plus, le fait qu�un Etat soit soucieux de jouer un r�le externe sans en avoir r�uni les conditions requises pourrait trahir, en r�alit�, une vell�it� de fuite en avant � cause de l��chec sur le plan interne. Un tel Etat peut m�me s�engager dans une guerre pour faire oublier ses turpitudes internes.
Le financement des campagnes �lectorales se fait toujours dans une opacit� totale, ne trouvez-vous pas que ce manque de transparence ouvre la voie � l�achat des consciences des politiciens, mais aussi une mani�re pour les affairistes de tout acabit de parasiter la vie politique et d�exercer leur influence sur certaines d�cisions politiques, qu�en pensez-vous ?
Vous faites, s�rement, allusion aux derni�res �lections s�natoriales. Mais je me demande pourquoi les concern�s, parmi ceux qui ont vitup�r� contre cette mani�re de faire, ne se sont pas emp�ch�s d�y prendre part malgr� tout. Vont-ils, eux-m�mes, agir de la sorte dans l�avenir ? Rien n�est plus s�r. Vous parlez de financement opaque des campagnes �lectorales, mais beaucoup de choses dans ce pays se font dans une opacit� totale, pas seulement les campagnes �lectorales qui n�en sont que des manifestations ! Cette opacit� n�ouvre pas seulement la voie, comme vous le dites, � l�achat des consciences et permet aux affairistes de tout acabit d�infester la vie politique du pays mais, ce qui est autrement plus grave, est l�expression m�me d�une culture politique gangr�neuse. Vous seriez, peut-�tre, d�accord avec moi si je vous disais que l�argent a �t� parmi les grands maux que l�humanit� a invent�s, m�me si c�est par n�cessit�, si bien que l�argent devient un poison soci�tal mortel d�s qu�il d�passe la sph�re d��change de biens et services licites pour acheter les consciences.
Pour rester dans la m�me lanc�e, le ph�nom�ne de la �chkara�, qui gangr�ne la vie politique et qui a fait son apparition aux �lections l�gislatives, comment l�expliquez-vous ?
Je dois vous rappeler que le ph�nom�ne de la �chkara� a commenc� depuis bien longtemps� dans les bo�tes de nuit mal fam�es. Et il semble que la politique dans notre pays fait de plus en plus dans l�ambiance de ces lieux, surtout � l�occasion des �lections. Au risque de me voir compter parmi les moralisateurs, je dirais que l�argent ne s�ins�re que pour pourchasser les valeurs ou remplir le vide que ces valeurs auront laiss� quand elles sont exclues de la vie politique du pays. Si je parle de valeurs, ce n�est pas uniquement dans le seul sens �thique, mais aussi dans le sens de l�existence d�un projet de soci�t� global qui rende le vivre ensemble n�cessaire et comblant. Or, force est de constater qu�on ne voit pas, pour le moment, ce genre de projet pointer � l�horizon alg�rien.
Les s�natoriales ont r�v�l� des alliances qu�on a qualifi� de �contre-nature�, notamment en ce qui concerne le pacte politique contract� entre le PT et le RND. Quel commentaire en faites-vous ?
Il faut qu�il y ait nature d�abord pour qu�il y ait contre-nature ! C�est pour cela que je dirais pourquoi pas ? Puisque cette coalition n�est que le reflet des m�urs politiques dominantes ? A priori, lorsqu�un parti membre d�une � coalition pr�sidentielle� se sent dans le besoin de contracter une alliance avec un parti tiers, cela veut dire qu�il le fait, quelque part, au d�triment de cette m�me alliance. Mais ceci pourrait aussi �tre un indice int�ressant qui nous renseigne sur l��tat r�el de cette fameuse Alliance pr�sidentielle.
Le retour du FLN � ses anciennes structures, est-ce une bonne strat�gie ?
C�est son affaire ! Mais je ne peux m�emp�cher de dire que c�est plut�t un non-�v�nement du moment que la probl�matique de ce parti n�est gu�re li�e � ses structures ou aux appellations de ces structures mais plut�t � sa culture et pratique politiques. Je dois vous avouer que ce parti m�irrite. Il m�irrite parce que je le vois comme un frein formidable au d�veloppement des m�urs politiques dans le pays. C�est un parti rentier dans les deux sens : historique et politique. Historique, parce qu�il tire sa l�gitimit� de la guerre d�ind�pendance comme s�il �tait envoy� par la providence pour nous lib�rer. Politique, parce qu�il ne peut se concevoir autrement qu�un appendice du pouvoir si bien qu�il ne peut pas avoir un projet politique propre � lui. Ce qu�il pr�sente comme un programme g�n�ral n�est autre chose qu�une somme de positions d�cousues, glan�es �� et l� au gr� des circonstances. C�est ce qu�on appelle de la litt�rature dans son acception p�jorative. Honn�tement, je pense que le FLN aurait d� �tre une simple parenth�se de la lutte arm�e. Et c�est le sens m�me de l�id�e du FLN � l�origine. Apr�s l�Ind�pendance, il aurait fallu permettre � la vie politique de reprendre son cours normal, c�est-�-dire celui qu�elle avait connu avant la guerre. Et Dieu sait combien le mouvement national �tait si riche, � cette �poque, en termes de repr�sentation et d�activit�.
Au regard de l�amenuisement de certains partis min�s par la dissidence, s�achemine-t- on vers un changement du paysage politique et qui aura le dessus � votre avis ?
Non ! A mon avis, l�amenuisement de l�activit� de tous les partis politiques (pas seulement certains) n�est pas d� uniquement � la dissidence, car cette dissidence serait un effet plut�t qu�une cause. A part le fait que le multipartisme soit, chez nous, une exp�rience relativement nouvelle, cette baisse d�activit� est aussi due au verrouillage politique impos� par la force et aussi � l�effet contagieux du FLN qui veut jouer, d�une mani�re ou d�une autre, le r�le de courtier politique aupr�s de ces partis. Cependant, les partis eux-m�mes en sont pleinement responsables d�s lors qu�ils ne cessent de demander au syst�me ce qu�ils n�arrivent pas � appliquer sur eux-m�mes, notamment le souci de plus d�ancrage social, d�bats ouverts, division des t�ches et responsabilit�s, �lections libres et honn�tes et renouvellement des �lites en leur sein, notamment apr�s un �chec �lectoral. Celai dit, rien, dans l��tat actuel des choses ne pr�sage d�un changement du paysage politique national dans la bonne direction. Nous avons, donc, toutes les raisons du monde de craindre que le mal-�tre politique actuel va nous conduire vers un �chahut de gamins�, beaucoup plus grave que celui de 1988. Qui aura le dessus ? Franchement, je ne saurais vous r�pondre sauf que, peut-�tre, �a sera le r�gne du �tag �la man tag�. L�exp�rience des syst�mes politiques nous apprend que le changement qui se fait attendre trop longtemps, malgr� son insistance, risque d�aboutir � un d�luge o� les passions se d�cha�neront et o� la raison ne sera plus de mise.
La r�vision de la Constitution est � chaque fois remise sur le tapis, le parti majoritaire veut qu�elle soit profonde. Concr�tement, fautil l�amender et que faut-il changer dans le texte fondamental pour qu�il soit plus en ad�quation avec une soci�t� moderne � laquelle beaucoup d�Alg�rien aspirent ?
Si c�est changer pour changer et faire dans l�agitation, ce n�est pas la peine, bien s�r ! Il faut que l�on sache pourquoi on veut changer notre Constitution et comment la changer et que doiton changer. Autrement, �a sera toujours le retour � la case d�part avec un peuple qui donnera l�impression de ne pas trop savoir ce qu�il veut. Pour rappel, la Constitution alg�rienne a �t� modifi�e cinq fois au moins depuis l�Ind�pendance. Cela s�appelle jouer avec la Constitution ! Il y a m�me des lois ou de simples r�glements qui ont eu une vie plus longue que la Constitution actuelle. Pour ma part, je pense qu�on a besoin d�une nouvelle Constitution. Mais celle-ci n�aura de sens que si elle est �labor�e sur la base d�un consensus g�n�ral, lequel consensus devra �tre le fruit d�un d�bat national le plus large possible, et ce sera � charge pour les sp�cialistes de donner corps aux id�es qui ressortiront d�un tel d�bat. Je sais que cela va prendre beaucoup de temps, mais c�est ainsi seulement que les choses s�rieuses doivent �tre faites.
La rumeur politique est devenue un mode de gestion. On citera le cas du parti que compte soi-disant cr�er Sa�d Bouteflika pour le pr�parer � la succession de son fr�re, votre analyse ?
Il faut savoir que la rumeur ne s�vit que quand la transparence est absente. Elle peut aussi �tre un moyen de gouvernement dans un syst�me d�faillant. Quant au parti que le fr�re du pr�sident compte fonder, nous dit-on, je parie que notre ministre de l�Int�rieur ne le permettra jamais � l�instar de ce qu�il a d�j� fait avec d�autres formations comme celles de Taleb Ibrahimi et Sid Ahmed Ghozali, lesquels sont des personnalit�s politiques autrement plus connues et des leaders d�opinion av�r�s. Quant � Sa�d Bouteflika voulant pr�parer le terrain pour succ�der � son fr�re, je me demande pourquoi il doit lui succ�der puisque son fr�re pourra briguer autant de mandats qu�il voudra pourvu que Dieu lui pr�te longue vie. Et puis, il me semble que le fr�re cadet du pr�sident n�aura nullement besoin d�un parti puisqu�il a d�j� le parti du pouvoir et que de toute �vidence, l�Alliance pr�sidentielle se chargera de son intronisation� � moins que cette Alliance laisse d�j�, � d�sirer ; ce qui rendra la succession, le cas �ch�ant, bien plus compliqu�e... avec ou sans ledit parti.
Pensez-vous que nous sommes r�ellement dans un syst�me d�mocratique ?
Mais bien s�r que non ! Car ne l�oublions pas, le syst�me d�mocratique n�est pas une simple profession de foi, mais bel et bien un syst�me incarn� par deux �l�ments mesurables, � savoir la l�gitimit� politique et la bonne performance. Ainsi, je peux avancer que nous sommes dans un syst�me autoritaire. Je dis bien �autoritaire � et non �dictatorial�. Pour faire court, le syst�me dictatorial ne permet pas la divergence des points de vue, a fortiori les d�saccords ; tandis que le syst�me autoritaire permet (sans en reconna�tre l�utilit�) ces divergences mais il n�en tient pas compte et fait ce qu�il veut. Mais au final, les deux syst�mes se rejoignent par les r�sultats auxquels ils donnent lieu en mati�re de gouvernance.
Les partis d�mocratiques sont � vau-l�eau, ils n�arrivent pas � convaincre les populations, o� r�side leur �chec ?
Au risque de faire le jeu du syst�me qui tient � discr�diter toute entreprise citoyenne s�rieuse ayant choisi de ne pas �voluer en son sein, je voudrais bien voir ces partis que vous qualifiez de d�mocratiques ; abstraction faite, bien s�r, des d�clarations pompeuses qu�on entend de temps � autre. Trouvez-vous normal qu�un parti s�autoproclame d�mocratique, insinuant, par l�, que les autres ne le sont pas alors que tout le monde s�en r�clame ? Ne voyez-vous pas que les partis auxquels vous faites allusion ont r�ellement besoin de refaire leurs classes ? Et puis pourquoi les partis alg�riens ne se donnent-ils pas de la peine pour s�entendre sur un minimum d�mocratique � c�est-�-dire sur l�essentiel � qui tracera les contours d�une comp�tition politique saine et fructueuse ?
Assistons-nous � un recul des partis islamistes et par cons�quent le projet qui ambitionne d�instaurer un Etat th�ologique ?
A mon humble avis, le projet d�un Etat th�ologique a �t� toujours une pure fiction. Vous savez, c�est depuis la nuit des temps que les hommes se jouent les uns des autres � par le truchement des religions et autres id�ologies � pour r�aliser des desseins tr�s terre � terre en fait, y compris la satisfaction d�ambitions individuelles et/ou collectives m�me lorsque la spiritualit� et/ou la justice sociale paraissent comme le motif central. C�est pour cette raison qu�il ne faudrait pas s�attendre � ce que les partis dits islamistes disparaissent de sit�t. Changeront-ils de m�thode et enrichiront-ils leur vision ? Certainement ! Car ils sont bien oblig�s de le faire. Et puis c�est une bonne chose qu�ils ne disparaissent pas artificiellement d�s lors qu�ils sont le porte-voix d�un segment de la soci�t� et porteurs d�une certaine vision de notre monde pluriel. Ce qui est important, c�est d��viter d�en faire des victimes de la hogra. Apr�s tout, c�est cette hogra qui explique, en partie, l��mergence du mouvement chiite dans l�Islam et la notion du martyre que ce mouvement v�hicule depuis quatorze si�cles environ.


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