Mohamed Benguesmia devait remonter sur le ring � la fin du mois de janvier, mais il a �t� stopp� dans sa pr�paration par un mal de dos persistant. Il est tout de m�me d�sabus� par le manque de moyens et de consid�ration envers le noble art en Alg�rie. Coup de projecteur sur un boxeur qui veut remporter un titre mondial. Le Soir d�Alg�rie : Vous deviez remonter sur le ring le 28 janvier dernier mais le gala a �t� report�. Pourquoi ? Mohamed Benguesmisa : Je devais affronter un Fran�ais dans la cat�gorie des lourds et pendant ma pr�paration, j�ai eu un probl�me de dos. Alors, il a �t� d�cid� de reporter le combat au mois de mars prochain. Normalement, il aura lieu dans le cadre d�un grand gala � Djelfa. Cela fait longtemps que vous n��tes pas remont� sur un ring ? Oui, cela va faire un an et demi, mais ce n�est pas de ma faute. C�est la faute � qui ? D�abord, � l�absence de sponsors parce qu�il ne faut pas oublier que pour organiser un simple gala, il faut au moins quatre cent millions de centimes. Mais avez-vous sollicit� des sponsors ? Oui, on a sollicit� des sponsors majeurs et ils nous ont r�pondu qu�ils avaient tout investi dans le football. Personnellement, je trouve que c�est du n�importe quoi. Cela veut dire qu�en Alg�rie, il faudra �liminer toutes les autres disciplines sportives pour ne garder que le football. Il faut dire que le football g�n�re beaucoup d�argent... Mais la boxe aussi peut g�n�rer de l�argent. Il faut aussi rappeler que la boxe alg�rienne a �t� la premi�re discipline sportive � ramener des m�dailles olympiques alors qu�en football, et � ce jour, on n�a jamais eu un titre mondial. A trente-neuf ans, vous ne croyez pas qu�il est temps de raccrocher les gants ? Voil� le type de question qui me d�courage compl�tement. Georges Foreman est devenu champion du monde � quarante-cinq ans. Evander Holyfield s�appr�te � remonter sur le ring � quarante-sept ans. Moi, si j�avais la possibilit� de boxer tous les deux mois, je peux vous dire que je serais au sommet. J�ai encore la passion et je consid�re que je ne suis ni �vieux� ni fini. Vous avez r�cemment d�clar� que vous vouliez devenir champion du monde. Vous �tes s�rieux ? Vous semblez douter de mes capacit�s mais il faut resituer cette d�claration dans son contexte. J�ai dit que je pouvais devenir champion du monde si l�on me donnait les moyens et je me base sur le fait que j�ai battu des pugilistes qui sont devenus des champions par la suite. Qui avez-vous battu ? Je peux vous citer Honey Bell qui est devenu champion du monde dans les trois f�d�rations mondiales. Je me suis aussi impos� devant le boxeur qui avait �t� retenu pour donner la r�plique � Sylverster Stallone dans Rocky IV. Par cons�quent, si on met � ma disposition tous les moyens, je peux devenir champion du monde. Vous auriez pu l��tre si vous aviez poursuivi l�aventure avec Don King, le c�l�bre promoteur am�ricain qui a lanc� les plus grands ? Oui, en d�cembre 1997, j�avais sign� un contrat de quatre ans avec Don King mais ensuite, je l�ai r�sili� pour rentrer au pays et mettre mon talent au profit de l�Alg�rie. H�las, j�ai d� d�chanter comme Ould-Makhlouf ou Loucif Hamani avant moi. Vous regrettez de ne pas �tre rest� aux Etats-Unis ? Les regrets ne servent � rien, et il faut dire que le monde de la boxe professionnelle en Am�rique est impitoyable. Comment jugez-vous la boxe en Alg�rie ? Elle est malade et elle se meurt petit � petit. La preuve, on n�arrive plus � placer des pugilistes en demi-finales ou en finale dans les comp�titions internationales. M�me nos voisins tunisiens et marocains, qui �taient bien inf�rieurs � nous, sont en train de nous d�passer. Dans tous les autres pays, les anciens champions demeurent dans le circuit du noble art, mais pas en Alg�rie. Vous pensez � qui ? Allez demander � Ould- Makhloufi ou Loucif Hamani pourquoi ils ont �t� d�go�t�s de la boxe et ne sont plus dans le circuit. Songez-vous � devenir entra�neur de boxe un jour ? Non, le jour o� je me retirerai des rings, j�irai exercer un autre m�tier, si la situation actuelle de la boxe alg�rienne ne change pas radicalement. Si vous aviez une baguette magique, quelle serait la premi�re mesure que vous prendrez pour relancer la boxe ? Ce n�est pas � moi de prendre des mesures mais � la f�d�ration. Il y a par exemple une commission de la boxe professionnelle en son sein et c�est � elle de trouver une politique, de ramener des sponsors et d�organiser des combats. Moi je suis un combattant, pas un d�cideur.