Si comme nous nous plaisons � le croire, l'int�r�t que procure le travail est compt� au nombre des grands int�r�ts nationaux, la force de travail des ann�es 1960/1970 a donn� au pays tout ce que donne le soldat engag� sur le front. Quels que soient les sacrifices consentis durant une longue carri�re, qui pour la plupart des guerriers du labeur s'�tale sur 40 ans, le mod�le de stakhanovisme, nous l'esp�rons, se renouvellera. On voudrait qu'il soit cit� comme exemple afin de combattre l'abattement moral qui gagne la nouvelle g�n�ration expos�e � tous les dangers de la pr�carit� et de l'exclusion; qu'il p�t inciter les pouvoirs publics � donner de la joie � ces �mes qui se plaignent justement de manquer d'occupation utile, qui ne savent o� aller sinon s'aventurer de traverser sur des embarcations de fortune une mer d�cha�n�e et vont en farfouillant partout, sans espoir de d�goter un emploi qui leur assurera une vie meilleure. Pourquoi se demander avec autant de tristesse que dans notre beau et riche pays, il n'y a pas d'emploi pour toutes les cat�gories, toutes les comp�tences et toutes les intelligences ? Le march� de l'emploi avec ses 570 000 PME d'entreprises publiques et d'entreprises �trang�res, ne sont-elles pas pr�sentes ? Et il n'y a pas en elles une issue de secours, une esp�rance, une carri�re � entreprendre pour chacun ? Avec un emploi permanent, des t�ches utiles � accomplir au quotidien, l'homme cr�ateur de richesse peut traverser les mauvais jours sans en supporter le poids. Il se fait � soi-m�me sa vocation, sa destin�e, il usera noblement sa vie de travailleur int�gre. Dans ce monde qui nous entoure il y a une chose qui vaut mieux que la jouissance mat�rielle, mieux que tout l'or des mines de Salomon, ce soit le d�vouement au pays dans le travail. Toute personne a droit � une vie d�cente et de profiter des plaisirs fa�onn�s par le travail. Le ch�mage dans notre pays a connu une ascension vertigineuse au lendemain du d�membrement et de la liquidation des entreprises publiques. Les soci�t�s transcontinentales install�es en Alg�rie, comme partout ailleurs, �uvrent beaucoup plus � la ref�odalisation du monde qu�� la r�sorption du ch�mage ambiant. A travers l'Alg�rie et dans d'innombrables demeures, il y a des douleurs intimes et des vies bris�es. Tout citoyen oisif en porte une trace. Les profonds bouleversements intervenus dans le passage brusque d'une �conomie centralis�e � une �conomie de march� ont eu une r�percussion directe sur le mode de production et l'organisation du travail (�) Encore que la promesse d'�radiquer le ch�mage dans les quatre prochaines ann�es, nous y croyons dur comme fer, mais en attendant contentons-nous de le stabiliser en stoppant la dissolution des entreprises nationales, en promouvant la reconversion au lieu du licenciement dans les entreprises priv�es.