Le couple � c�en est d�sormais un � Badr et CNMA ambitionne de jouer un r�le moteur dans l��conomie agricole du pays. C�est la mission que se sont assign�e Boualem Djebbar et Kamel Araba, respectivement P-dg de la Badr (Banque alg�rienne de d�veloppement rural) et P-dg de la CNMA (Caisse nationale de mutualit� agricole). C�est du moins ce qui ressort des interventions des deux responsables, faites dimanche dernier, devant un groupe de fellahs de la wilaya de Boumerd�s. Pour ce faire, ces deux �tablissements financiers mettent, parfois ensemble, de nombreux produits � la disposition du monde agricole. Mais le retour d��coute reste pour l�heure mitig�. C�est ce que l�on a observ� lors de la prise de parole des fellahs qui, nombreux, ont envahi la salle de conf�rence de la wilaya pour dire ce qu�ils endurent parfois pour obtenir un emprunt bancaire. Les deux responsables ont dit avoir entendu les dol�ances et pris note des critiques. Ils se sont en cons�quence engag�s � apporter des corrections. Les deux orateurs ont rappel�, � l�occasion, qu�ils collaborent � travers l�assurance cr�dit pour contourner les difficult�s que rencontrent les fellahs � la recherche de cr�dits classique ou saisonnier (RFIG). Serait-ce une alliance qui ne dit pas son nom ? Les deux entit�s financi�res entendent ainsi consolider leur position dominante dans ce secteur strat�gique. Les deux institutions ne manquent pas d�argument. La Badr dispose, entre autres, selon son patron, de 300 agences diss�min�es � travers le territoire national. Elle compte en outre arriver � l�horizon 2013 � plus de 400 agences bancaires. Les deux banquiers, accompagn�s de leurs proches collaborateurs, ont fait le d�placement jusqu�� Boumerd�s pour convaincre les fellahs, notamment les producteurs de pomme de terre de la r�gion, que les �tablissements dont ils ont la responsabilit� ont adopt� une nouvelle strat�gie commerciale bas�e sur le travail de proximit�. Cette approche n�cessite une pr�sence constante sur le terrain, d�o� leur venue pour cette journ�e d�information. Instaurer la culture de la banque En vue d�am�liorer le cr�dit RFIG destin� aux fellahs ayant besoin d�un financement pour le lancement de leurs cultures saisonni�res, la Bard a adopt�, selon son P-dg, une nouvelle d�marche. Le cr�dit en question sera consenti par le biais d�un interm�diaire. Sont aptes � administrer les financements pour certains fellahs, les offices publics en charge d�une fili�re, la c�r�aliculture par exemple, les coop�ratives � vocation agricole, les soci�t�s de production vers�es dans l�agroalimentaire, les grands collecteurs comme les propri�taires d�entrep�ts frigorifiques. �Ce sont eux qui connaissent mieux les v�ritables fellahs�, dira � ce propos le patron de la banque. En effet le Pdg de la banque rurale se plaint de la lenteur des remboursements des pr�ts �RFIG� consentis aux fellahs. Il a rappel�, toutefois, que l�exp�rience v�cue avec la fili�re de la c�r�aliculture a �t� positive. Celle-ci a �t� propos�e en second lieu aux producteurs de pomme de terre, nombreux dans la wilaya de Boumerd�s. Les producteurs de lait et les vignerons seront �galement les demandeurs potentiels de cette formule. Concernant le leasing (location- vente de mat�riel agricole), M. Djebbar fait �tat de 1 600 demandes satisfaites depuis que la formule a �t� prise en charge par sa banque. Ce qui a n�cessit� un apport de 1,500 milliard de dinars. Pour rappel l�acquisition d�un �quipement agricole par cette formule est subventionn�e � 40 % par l�Etat. La Badr financera l�acquisition par les coop�ratives agricoles et les CCLS du mat�riel agricole qu�elles loueront aux fellahs qui ont des petites superficies. A l�occasion, il n�a pas manqu� de rappeler que la Badr finance les projets � vocation agricole lanc�s par des jeunes et agr��s par l�ANSEJ, l�ANGEM et la CNAC. Ce qui est, selon lui, synonyme de rel�ve dans ce secteur d�activit� et participe au renforcement de la s�curit� alimentaire du pays. �La Badr est � la recherche d�autres instruments de financement de l�agriculture�, affirmera l�orateur qui ajoutera : �Nous devons aller vers plus de bancarisation de l�activit� agricole.� Assurer et conseiller les agriculteurs �Sur les 800 000 fellahs recens�s par la Chambre nationale agricole, seuls 128 000 adh�rent � la CNMA. C�est tr�s peu�, d�plore de son c�t� le P-dg de la CNMA, M. Araba. Celui-ci estime que la caisse qu�il g�re s�est quelque peu �loign�e de sa vocation premi�re et des fellahs. Pour y rem�dier, la CNMA a mis au point des produits et compte en mettre d�autres sur le march� lui permettant de ratisser large dans le monde agricole et de la paysannerie en g�n�ral. En plus de l�assurance cr�dit, des assurances sur les cultures, les serres et la production qu�elle vend aux fellahs, la CNMA accordera une ristourne � ses clients qui n�ont pas subi de sinistres. �Nous comptons d�une part intervenir aupr�s des fellahs pour les sensibiliser sur les risques multiples et d�autre part leur prodiguer gracieusement des conseils techniques de production, par nos propres techniciens sur les meilleurs moyens de sauvegarder leur production et leurs cheptels�, affirme M. Araba. Par ailleurs, se voulant compl�mentaire de la Badr � qui �choient les grands dossiers, la CNMA jouera le r�le de petite banque aupr�s des petits fellahs des zones rurales. Un syst�me de petits pr�ts, destin�s aux petits fellahs, est en gestation. Ristourne et conseils Des fellahs sont intervenus pour d�battre de leurs probl�mes. La pr�sence des deux dirigeants �tait pour eux une aubaine pour dire ce qu�ils pensaient du fonctionnement de la Badr et de la CNMA et du comportement de certains banquiers locaux, particuli�rement ceux de la Badr. Un fellah de Larbatache est all� jusqu�� formuler des accusations contre les responsables de l�agence locale de cette banque. Un autre s�interroge sur les modalit�s et les crit�res pour l�octroi d�un cr�dit RFIG. �Il y a un oc�an qui s�pare le discours et la r�alit�, dira am�rement l�un d�eux. �1,500 milliard de dinars de cr�dits consentis par une banque ne repr�sente absolument rien�, estime un �leveur. De cette visite, les responsables des deux institutions financi�res ont, sans doute, tir� une conclusion. Il reste un long chemin � parcourir pour mettre en place un processus de partenariat entre le secteur financier et le monde agricole.