Comme chaque ann�e depuis 1991, l�Alg�rie c�l�bre, le 18 f�vrier, la Journ�e nationale du chahid. Episodiquement, cette c�l�bration est accompagn�e de fixations puis�es dans le fond passionnel national. Cette ann�e, c�est l�id�e d�incrimination du colonialisme fran�ais qui se trouve convoqu�e pour donner de l��paisseur � l��v�nement. Sofiane A�t-Iflis - Alger (Le Soir) - Non qu�il ne faille pas que de telles initiatives bourgeonnent dans le champ des c�l�brations. Il est toujours utile, m�me n�cessaire d�en entretenir autant que de besoin. Notamment en ces moments o�, sur l�autre rive de la M�diterran�e, �closent les r�visionnismes. Mais faudra-t-il aussi que les initiatives, � l�instar de celle pr�sente, qui poursuit de criminaliser le colonialisme fran�ais, proc�dent, pour de vrai, d�audaces politiques saines. D�avoir eu � entendre, par le pass�, des roulements stridents de tambourins pour se r�veiller les lendemains sur des silences sid�raux et inexpliqu�s, on s�interdit, l�gitimement, d�applaudir, a priori, � l�aboutissement du projet de proposition de loi incriminant le colonialisme qu�une centaine de d�put�s du Front de lib�ration nationale s�attache, dit-on, � peaufiner. Le projet, soumis au traitement m�diatique avant m�me qu�il ne soit engag� dans la proc�dure parlementaire, se retrouve repris comme un leitmotiv par des acteurs politiques et sociaux, se r�clament de la famille r�volutionnaire. Du moins dans son essence et ses attendus, en l�occurrence incriminer le colonialisme et, partant, soumettre la France � la repentance. L�Organisation nationale des enfants de chouhada (Onec) jure par le sang des martyrs d�aller au bout de cette entreprise laborieuse. Au menu de la s�rie de conf�rences qu�elle organise � l�occasion de la Journ�e du chahid, l�organisation de Tayeb Lahouari y inscrit cette pr�occupation comme point central. Les essais nucl�aires fran�ais entam�s le 13 f�vrier 1960 dans le Sahara alg�rien, dans la r�gion de Reggane (Adrar), rappel�s cette ann�e plus qu�auparavant aux mauvais souvenirs des Alg�riens, �tayent cette conviction ambiante qu�il faille aller de l�avant jusqu�� faire ployer la France et l�amener � s�excuser de ses crimes coloniaux. Cependant, si Belkhadem, le secr�taire g�n�ral du FLN chevauche, par le discours, dans la m�me direction que les d�put�s du parti, il n�en est pas de m�me de certains autres chefs de partis, � l�exemple de la secr�taire g�n�rale du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune qui croit, elle, percevoir quelques relents politiciens dans l�initiative d�clar�e d�une centaine de d�put�s. La premi�re responsable du PT s�est m�me interrog�e r�cemment si le projet en question ne servirait en d�finitive que de simple �l�ment de d�cor au congr�s prochain du FLN. D�ailleurs, il faudra s�interroger sur l�inaboutissement du projet similaire initi� en 2005 par les d�put�s du MSP, dans le sillage des r�actions qui fus�rent tr�s en retard, il faut le dire apr�s le vote par l�Assembl�e fran�aise de la loi du 23 f�vrier 2005 louant �les vertus� du colonialisme. Et c�est � raison que d�aucuns s�interrogent aujourd�hui si la fixation faite aujourd�hui autour de ce projet de loi visant � incriminer le colonialisme fran�ais ne travaille pas � couvrir les bruits qui sourdent autour de nombreux scandales �conomiques. Les organisations se r�clamant de la famille r�volutionnaire ont habitu� � surfer bruyamment sur quelques faits et propos hautement sensibles, juste histoire de se mettre en �vidence ou pour d�tourner l�opinion de quelques temp�tes politiques en cours ou annonc�es. L�on se rappelle de toute l�agitation que ces organisations ont orchestr�es lorsqu�il leur fallait intervenir dans le d�bat autour des faux moudjahidine, voire m�me les faux chahids. Leurs r�actions se sont limit�es � la d�nonciation de ceux qui posaient la probl�matique. Une fixation qui a meubl� les c�l�brations de la Journ�e nationale du chahid. Mais le travail attendu d�elles et de tous ceux comme elles qui se r�clament de la famille r�volutionnaire, n�a pas �t� fait. Avaient-ils eu, au-del� de la r�action, � chercher � examiner, � piocher s�rieusement la question des faux moudjahidine ? Non. Rendent-ils service � l�histoire en s�inventant, de la sorte, une fixation � chaque c�l�bration d��v�nement ? Encore non. Il se joue comme un air postulant � distraire politiquement, les dividendes, �videmment, bien calcul�s.