Quelque peu zapp�e par la pr�occupation officielle qui en avait fait, dans un pass� r�cent, un v�ritable leitmotiv, l�exigence de repentance de la France pour ses crimes coloniaux commis en Alg�rie reste n�anmoins dans la s�mantique partisane. Le Front de lib�ration nationale (FLN) la reformule � nouveau, � l�occasion de la comm�moration de la journ�e du 20 Ao�t 1955. C�est par l�entremise d�un communiqu� rendu public jeudi que le Front de lib�ration nationale remet au go�t de l��t� qui s�ach�ve la question de la repentance de la France de ses crimes coloniaux. �Le FLN ne cessera jamais d�exiger la reconnaissance et les excuses officielles pour ses crimes coloniaux perp�tr�s contre le peuple alg�rien �, lit-on dans le communiqu�. Le parti de Abdelaziz Belkhadem, segment le plus visible et le plus entreprenant de ce que les convenances d�signent par famille r�volutionnaire, se dit fermement convaincu de la n�cessit� de criminaliser le colonialisme. Soit. Mais, pour saine qu�elle soit, cette conviction affich�e par le FLN souffre d�une asym�trie avec le sentiment officiel par rapport � la probl�matique de la repentance. Le pr�sident Bouteflika, qui avait un moment mis toute sa flamme discursive � r�clamer de la France un acte de repentance et des excuses, revenait sur ce qui apparaissait comme son sacerdoce en sugg�rant de �surmonter les traumatismes� par une �voie originale�. Cette mue, sensible, il faut le dire, dans le discours officiel �tait intervenue en mai 2009, � l�occasion de la comm�moration � S�tif des massacres du 8 Mai 1945. Dans un message lu par un conseiller � la pr�sidence, le chef de l�Etat pr�conisa, en effet, d�engager le pas sur la voie originale qui permette de surmonter les traumatismes caus�s au peuple alg�rien par l�Etat colonial fran�ais. �Nous savons bien que nous ne pouvons pas faire porter au peuple fran�ais tout entier la responsabilit� des malheurs et des souffrances qu�en son nom le colonialisme fran�ais nous a impos�s mais pour tourner d�finitivement cette page noire de l�histoire, il faudrait aux deux peuples trouver ensemble la voie originale qui permettrait de surmonter les traumatismes caus�s au peuple alg�rien par l�Etat colonial fran�ais�, avait consign� le message pr�sidentiel. L�intensit� �motionnelle mise autrefois � demander la repentance de la France a fondu. Depuis ce r�ajustement du la�us officiel concernant la question de la repentance, les ardeurs, partisanes et autres, se sont atti�dies. Le FLN, comme le reste de la famille r�volutionnaire, au demeurant, y cessa de trop s�agiter, se suffisant de rappels � l�occasion du genre de celui commis jeudi. C�est, disons, mieux que de ne rien dire du tout. D�autant que la France de Sarkozy oppose toujours une hautaine attitude � l�exigence alg�rienne, y compris la version soft sugg�r�e par Bouteflika depuis mai 2009. Rappelons que cette bataille des m�moires a envahi le d�bat et les pol�miques politiques apr�s que la tr�s mal inspir�e Assembl�e fran�aise eut l�id�e de voter, en f�vrier 2005, une loi glorifiant le colonialisme en Alg�rie. L�Alg�rie avait, dans une juste et l�gitime r�action, formul� une exigence de repentance de la part de la France pour ses crimes commis contre le peuple alg�rien. La r�action alg�rienne, m�me tardive, il y a utilit� � le souligner, incita le pr�sident Chirac � soigner quelque peu la fa�ade ternie de l�Hexagone, en rattrapant d�une certaine mani�re la b�vue monumentale de l�Assembl�e. Mais cela n�y changera rien. La pol�mique �tait lanc�e. Le trait� d�amiti� alg�ro-fran�ais que les deux pr�sidents Bouteflika et Chirac s�appr�taient � parapher s�en trouva, du coup, rel�gu� aux calendes grecques, avant de se voir d�finitivement enterr�. Les �endresses� alg�ro-fran�aises partirent tout aussi en vrac, depuis. L�histoire d�complex�e L�histoire de l�Alg�rie, la guerre d�ind�pendance en particulier, sort, peu � peu, des b�ates c�l�brations officielles � o� dominait le festif �dans lesquelles les pouvoirs successifs l�avaient enferm�e. La narration des �pop�es en mode lin�aire est s�rieusement bouscul�e par le d�bat contradictoire, raisonnable ou passionn�. Les comm�morations des �v�nements qui ont marqu� la glorieuse r�volution de Novembre 54 n�ont pas �t� cette ann�e que d�p�t de gerbes de fleurs et ronronnements de discours oiseux. La volont� de r�appropriation de la m�moire nationale par les citoyens longtemps sevr�s de v�rit� a �t� manifeste. Une volont� hautement attest�e par les d�bats qu�a suscit�s et suscite encore le livre de Sa�d Sadi Amirouche, une vie, deux morts, un testament, consacr� au colonel Amirouche, chef de la Wilaya III historique. Le livre, plus que d�autres jusque-l� publi�s, a, outre la r�habilitation d�un h�ros victime m�me dans sa mort de l�ostracisme officiel, le m�rite de d�lier bien des langues, c�est-�-dire de soulever le d�bat entre, surtout, les acteurs de la guerre de Lib�ration nationale. M�me si elles ont parfois �pous� des �lans pol�mistes, il faut le reconna�tre, les interventions de ces acteurs, qui ont daign� soumettre � l��preuve leurs m�moires, ont aussi le m�rite d��viter au d�bat de faire long feu. Tant mieux, d�autant que cela a grandement aid� � doser l�int�r�t du citoyen pour l�histoire de son pays. Comme jamais auparavant. Sur le Net, comme dans les chaumi�res les plus recul�es et d�connect�es du pays, l�histoire de la guerre d�Alg�rie a fait d�bat. Pour une fois, le fait historique n�a pas �t� l�apanage des seuls historiens et des �lites. L�histoire, d�complex�e, se laisse d�sormais visiter par le commun des citoyens.