T�kout, cette localit� enclav�e du sud des Aur�s, est sortie hier de l�anonymat. Les �mes qui l�habitent ont, en effet, bris� le silence une fois de plus pour attirer l�attention des pouvoirs publics sur le mal de vivre, la mis�re et surtout la mort qui guette une g�n�ration enti�re de jeunes, r�duits au m�tier ex�crable de tailleur de pierres. Ex�crable car il a entra�n� la mort d�une soixantaine de personnes (recense�s) dont deux en l�espace de 24 heures, soit mercredi et jeudi derniers. Hier, T�kout �tait une ville morte. Une gr�ve g�n�rale, presque spontan�e, a �t� observ�e par tous les commer�ants de cette localit� en signe de solidarit� avec les familles des deux derni�res victimes de la silicose, �g�es de 24 et 30 ans. Solidarit�, deuil mais aussi des revendications dont la prise en charge m�dicale, plus qu�imp�rative, par les pouvoirs publics, des jeunes de cette localit� atteints par cette maladie ou exer�ant encore dans la taille de la pierre qui en est la cause. La gr�ve g�n�rale des commerces de T�kout a �t� �galement suivie par les �l�ves des CEM et lyc�e de la ville qui ont rejoint le rassemblement de protestation pacifique tenu devant le si�ge de la da�ra et de l�APC. �Aucun incident n�a �t� enregistr�, ont tenu � nous rassurer des citoyens de T�kout. L�amertume et la d�solation �taient pourtant � leur comble depuis que cette pathologie est devenue la hantise de toute une r�gion. Un m�decin de T�kout, que nous avons contact� par t�l�phone, �tait justement en compagnie d�un jeune malade. Tailleur de pierres de son �tat, le patient est atteint de la silicose et est suivi par le docteur Rahmani qui n�a pas manqu� de parler de d�cennie et de spirale macabres � propos de cette maladie. �A T�kout, cela fait des ann�es que nous enregistrons un d�c�s par mois � cause de cette pathologie. Une sorte de r�pit, qui n�a pas trop dur�, a �t� observ�e au mois de janvier dernier puisqu�en f�vrier, nous sommes pass�s subitement � deux morts, de surcro�t en l�espace de 24 heures. Plus dramatique, les victimes de la silicose � T�kout sont toutes �g�es entre 18 et 30 ans. Il faut arr�ter ce massacre.� C�est dire que le malheur qui frappe cette localit� est tr�s profond. Les jeunes de T�kout avaient pourtant tant esp�r� apr�s les �v�nements tragiques qui ont secou� cette ville en 2004. Des jeunes et moins jeunes avaient �t� sauvagement tabass�s pour avoir justement d�nonc� la marginalisation, le d�nuement, l�absence totale de perspectives d�insertion dans le monde du travail, la hogra. Un v�cu de mis�re en somme. Six ans apr�s, ils n�ont toujours que la taille des pierres pour se consoler et la silicose pour mourir� jeunes.