Ancien champion d�Alg�rie des moyens, Ahmed Kecita s�est logiquement reconverti � la fonction d�entra�neur. Il occupe actuellement la fonction de DTS de la JSB Bourouba, dans la banlieue d�Alger. Dans cet entretien, il regrette le manque de moyens financiers et estime que certains clubs sont avantag�s. Le Soir d�Alg�rie : Quelle a �t� votre carri�re de boxe ? Kecita Ahmed : J�ai box� pendant dix ans de 1975 � 1985 et j�ai remport� un titre de champion d�Alg�rie dans la cat�gorie des �moyens� en 1983 ainsi que le Crit�rium des as qui �tait une sorte de meilleur des meilleurs dans ma cat�gorie. J�ai rat� les Jeux olympiques de 1984 � cause d�un probl�me de service national. Ensuite, quand j�ai raccroch� les gants, j�ai suivi plusieurs stages de formation pour devenir entra�neur. Aujourd�hui, je poss�de un troisi�me degr�. Aujourd�hui, vous �tes le DTS de la JSB Bourouba. Quelles sont les difficult�s que vous rencontrez ? Le manque de moyens surtout. La subvention est minime et en plus de la section boxe, il y a eu quatre autres en l�occurrence la boxe Ta�, le judo, le karat� et la lutte. A combien la subvention s��l�ve-t-elle ? Elle est de six cent mille dinars par an, ce qui est tr�s peu pour g�rer convenablement cinq sections de sports de combat. Et vous souhaitez un budget annuel de combien ? Au moins deux millions de dinars. Combien de temps faut-il pour former un bon boxeur ? Il faut au moins quatre ans pour former un boxeur de haut niveau. Comment jugez-vous la boxe alg�rienne d�aujourd�hui ? Le niveau a beaucoup regress� et la meilleure preuve, ce sont les r�sultats de la s�lection nationale qui ne sont pas brillants. Dans un pass� r�cent, on a eu m�me des champions olympiques parce que je me souviens qu�il y avait �norm�ment de comp�titions. Pratiquement, chaque semaine il y avait un gala de boxe et cela contribuait � �lever le niveau. Mais pourquoi y a-t-il moins de comp�tition ? Parce qu�il n�y a plus de financement. Avant la r�forme, la boxe �tait rattach�e aux entreprises qui mettaient de l�argent pour organiser des combats. Pour motiver un boxeur qui se sacrifie et qui perd en moins deux kilos � chaque entra�nement, il faut de l�argent. Et les entreprises priv�es, pourraient-elles sponsoriser le noble art ? Oui, mais pour le moment, elles n�investissement que dans le football mais pas dans les sports individuels comme la boxe. Quelle serait la voie � suivre pour l�Alg�rie, l�amateurisme � la cubaine ou le professionnalisme � l�am�ricaine ? Nous ne sommes m�me pas capables de g�rer l�amateurisme, alors ne me parlez surtout pas de professionnalisme parce qu�on en est tr�s loin. Maintenant, si les Cubains ont r�ussi, c�est parce qu�ils ont de nombreuses salles et un tr�s fort soutien financier de la part de l�Etat, ce qui leur a permis d�avoir de tr�s bons entra�neurs et d'excellents pugilistes. L�argent, c�est le nerf de la guerre... La boxe c�est comme une voiture, si vous ne lui mettez pas de l�essence, elle ne roule pas. D�ailleurs, je vous signale que nous avons quelques boxeurs professionnels, mais ils demeurent dans l�anonymat faute de moyens. Que pensez-vous des scoring-machines que vous n�avez pas connus ? C�est une marque de progr�s et je suis pour les scoringmachines mais � condition que les arbitres soient honn�tes. Peut-on corrompre un arbitre en boxe comme cela se passe aussi en football ? Personnellement, j�ai assist� � des combats o� un boxeur touchait son adversaire et le scoring-machine d�comptait les points pour celui qui �tait touch�. Faut-il revenir � l�ancien syst�me ? M�me dans l�ancien syst�me, il y avait des arbitres malhonn�tes et chez nous en Alg�rie, il y a des �quipes qui sont avantag�es par rapport � d�autres et c�est une plaie qui ne fait pas honneur � la boxe alg�rienne. Vous voulez dire qu�il y a des arbitres qui avantagent des clubs ? Oui, c�est une r�alit� chez nous et je tiens � la d�noncer fermement. Quels sont les clubs qui b�n�ficient de ces avantages ? Je n�ai pas � citer de noms mais pour en finir avec cette pratique, il faudrait qu�il y ait un contr�le plus rigoureux. Etes-vous pour ou contre le casque de protection ? Personnellement, j�ai connu les deux cas, c�est-�-dire que j�ai box� sans casque puis avec cette protection. La premi�re fois que j�ai port� un casque, j�ai �t� bless�. Par cons�quent, moi je suis contre, d�autant plus que la boxe est l�art de toucher l�adversaire sans lui laisser la possibilit� de le faire. Mais je crois que le casque est une mani�re de faire la diff�rence entre l�amateurisme et le professionnalisme. Le casque n'est-il pas n�cessaire pour tous, vu que la boxe est un sport de combat violent ? La boxe, ce n�est pas la violence, c�est un art. D�ailleurs, il y a un classement des pratiques sportives les plus violentes o� la boxe n�appara�t qu�en dixi�me position. Georges Foreman, l�ancien champion du monde des lourds a d�clar� que la boxe �tait une �cole de la souffrance. Qu�en dites-vous ? Oui, je suis tout � fait d�accord avec lui. La boxe c'est aussi l��cole du sacrifice car elle demande beaucoup d�efforts. De mon temps, on s�entra�nait d�j� deux fois par jour. Sylvester Stallone est devenu c�l�bre et riche gr�ce � sa s�rie des Rocky o� il incarnait un boxeur. Pensez-vous qu�il ait rendu service au noble art ? Stallone, c�est du cin�ma qui ne refl�te pas la r�alit� de la boxe. Ce n�est pas du noble art, mais un �change de coups. Ceci dit, il a rendu service � la boxe parce qu�il s�est inspir� de l�histoire r�elle d�un ancien pugiliste. Ensuite, �a a march� pour lui et cela prouve que la boxe est une discipline spectaculaire qui peut drainer les foules et on en revient encore � cette question de moyens.