La rencontre de mardi dernier, � Alger, des ministres des Affaires �trang�res des Etats du Sahel s�est achev�e avec la forte r�affirmation des pays repr�sent�s de se mobiliser contre la menace que fait peser la pr�sence d�Al-Qa�da dans la r�gion. Une menace qui s��largit beaucoup plus vite que la r�action des Etats concern�s pour coordonner leur action afin de la contrer. Une rencontre, la premi�re du genre, avait d�j� r�uni, en ao�t dernier � Tamanrasset, les �tats-majors militaires des quatre pays sahariens, l�Alg�rie, le Mali, la Mauritanie et le Niger. Rien n�a filtr� publiquement de ce rendez-vous, mais sa nature, son objet et son intitul� m�mes ont laiss� entendre qu�il s�agissait du combat contre la filiale locale d�Al-Qa�da. Il s�agissait officiellement de �consolider la coop�ration autour d�une lutte commune contre la criminalit� qui s�vit au niveau des bandes frontali�res, plus particuli�rement le terrorisme�. Mardi dernier, ils n��taient plus quatre pays mais sept � se r�unir � Alger sur le m�me sujet. Entre-temps, les groupes de l�organisation terroriste bas�s dans le nord du Mali ont planifi� et ex�cut� trois op�rations d�enl�vement en Mauritanie et au Mali de six ressortissants de trois pays europ�ens : l�Espagne, la France et l�Italie. Ces actes criminels commis en novembre et d�cembre derniers ont permis jusqu�� pr�sent � la branche locale d�Al-Qa�da de faire lib�rer quatre de ses terroristes qui �taient d�tenus au Mali, en �change de la vie d�un otage fran�ais dont le pays n�a pas h�sit� � exercer de tr�s fortes pressions sur l�Etat malien pour l�amener � se plier aux exigences des terroristes. La contrepartie pour la lib�ration des autres s�achemine, sauf coup de th��tre de derni�re minute, vers le versement de fortes ran�ons. Ces trois enl�vements ont �t� suivis, ce mois de mars, par un attentat-suicide contre un poste militaire au Niger qui a fait plus de vingt victimes entre morts et bless�s et permis la r�cup�ration d�un lot d�armes et de munitions. Et, ce m�me mois, un autre acte pour le moins intrigant a eu lieu dans la capitale malienne sans que sa nature terroriste soit relev�e et qui a �t� banalis� � l�extr�me par les m�dias locaux. Il s�agit d�une tentative d�attentat � la bombe artisanale dans le quartier populaire de Sogoniko, � proximit� d�une gare routi�re de Bamako. Un citoyen, vulcanisateur de son �tat, en se pr�sentant � son lieu de travail, y a d�couvert en plein air parmi le bric-�-brac un colis suspect dont la nature explosive ne faisait pas de doute. La police, alert�e, a confirm� le constat, et des artificiers militaires ont neutralis� l�engin. L�information rapport�e samedi dernier par un seul quotidien bamakois a �t� extr�mement banalis�e, en ce sens que l�acte criminel a �t� attribu� � des �individus malintentionn�s� qui pourraient �tre des �cambrioleurs� et des �bandits�. Et, m�me reprise le lendemain, au moins par un autre journal local, l��ventualit� que cet acte ait �t� de nature terroriste n�a pas �t� envisag�e. Pourtant, il devrait y �tre au moins suspect� une raison qui n�a pas sembl� �vidente et qui pourrait orienter vers une signature terroriste. C�est que cette zone de Sogoniko o� l�engin explosif a �t� d�couvert, et qui n�a pas �t� relev�e, est connue pour �tre un lieu marqu� par la prostitution. Il y a quatre ans, les autorit�s ont fait raser les �maisons closes� qui s�y trouvaient sans pour autant parvenir � dissuader les habitu�es de renoncer � leur commerce, qu�elles ont repris sur les amas et les d�tritus m�mes des �maisons� ras�es. Il est, �videmment, � esp�rer que cette tentative d�attentat � la bombe en plein Bamako qui n�a jamais connu auparavant un fait pareil n�aura �t� qu�un acte �malveillant�, m�me si ses �cons�quences auraient pu �tre dramatiques� si elle avait explos�, selon le chef militaire, qui en a supervis� le d�samor�age, interrog� par un journal local. Cependant, il est connu que le terrorisme se motivant par la religion commence souvent par ce genre de cibles li�es � la prostitution, les d�bits de boissons, les lieux pour jeux de soci�t�, de �f�tards�, etc. Sans pr�juger des auteurs r�els et de leurs intentions, y soup�onner quand m�me une signature terroriste, quand bien m�me elle ne serait pas li�e directement � Al-Qa�da, contribuerait � �lever la vigilance d�un cran. Elle ne serait pas de trop dans un pays o� l�organisation criminelle a d�j� �tabli ses bases dans certaines zones de sa partie nord. Et dont il est certain qu�elle ne se retiendra pas de tenter de le d�stabiliser du mieux qu�elle pourrait, pour mieux s�y mouvoir et cibler d�autres horizons d�j� pr�vus dans ses objectifs et ses d�clarations. C�est l� le point nodal par lequel se caract�risent les groupes terroristes pr�sents dans cette partie du Sahel et qui ont pris une longueur d�avance sur la riposte conjugu�e et coordonn�e des Etats de la r�gion pour les contrer. La rencontre d�Alger des ministres des Affaires �trang�res des Etats du Sahel de mardi dernier, m�me si elle est un peu tardive, est un premier pas concret qui a unifi� l�approche politique et a �galement envisag� pour avril prochain des r�unions des institutions de s�curit� et de la d�fense nationale des pays concern�s. Ce deuxi�me pas dont la nature franchement op�rationnelle est �vidente a int�r�t � �tre d�une r�ussite imm�diatement agissante. Car il ne s�agit de rien d�autre que d�une course contre la montre. Et le moins que l�on puisse dire, c�est que la mouvance, en mati�re de pr�paration, d�organisation et m�me d�action pour s�vir dans la r�gion, a d�j� pris une certaine avance.