Le ministre de la Sant� a-t-il recul� sur l�instruction portant modalit�s d�application de l�activit� compl�mentaire ? Non, r�pondent les hospitalo- universitaires. Selon ces derniers, Barkat a trouv� une parade en consacrant cette activit� lucrative au profit des chefs de service et d�unit�, faute d�une r�mun�ration digne de leur statut. Ce n�est pas l�avis des praticiens et praticiens sp�cialistes qui stigmatisent toutes les �d�rives� que cette �solution� a entra�n�es. En donnant la possibilit� aux chefs de service et d�unit� �d�exercer une activit� lucrative � titre priv�, en rapport avec leur sp�cialit�, pendant les week-ends et les jours f�ri�s�, le ministre de la Sant�, s�il a r�pondu � une n�cessit�, s�est, toutefois, attir� les foudres des praticiens et praticiens sp�cialistes. En janvier dernier, le ministre de la Sant� a publi� une circulaire interdisant aux chefs de service et d�unit� d�exercer dans le priv� dans le cadre de l�activit� compl�mentaire. Une circulaire qualifi�e d�injuste par ces derniers, au point que Barkat a fini par r�agir par une autre circulaire. Celle-ci permet � ces deux corps, en parall�le avec le secteur public, une activit� lucrative dans le priv� uniquement les week-ends et les jours f�ri�s. Consid�r�e comme �un compl�ment de salaire� par les hospitalo- universitaires et une �d�rive� par les praticiens sp�cialistes, l�activit� compl�mentaire permettant aux praticiens du secteur public d�exercer dans le priv�, instaur�e en 1998, divise les syndicats. Alors que les sp�cialistes plaident pour le gel de cette activit� et l�octroi d�une prime de renonciation cons�quente pour l�ensemble des praticiens, jusqu�� ce que soient r�unies les conditions pour un contr�le rigoureux, les corps des professeurs, ma�tres-assistants et docents, de leur c�t�, affirment qu�il n�est pas question pour eux d�y renoncer tant qu�ils n�auront pas b�n�fici� de salaires dignes de leur statut. Toutefois, pour �viter des d�rives, ils appellent � la mise en place d�un contr�le strict. En attendant, ils exigent de pouvoir continuer � exercer dans le priv� pour am�liorer leurs conditions de vie. Pourquoi les pouvoirs publics ferment-ils les yeux sur ces d�rives pourtant d�nonc�es par les m�decins ? Qu�est-ce qui emp�che la mise en place d�instruments de contr�le ? Les syndicats sont visiblement d�accord sur le principe de base mais divergent sur les conditions de mise en �uvre de l�activit� compl�mentaire. Entre rejet et satisfaction, quels sont les arguments des uns et des autres ? S. A. LE SYNDICAT NATIONAL DES PROFESSEURS ET DOCENTS : �Barkat devrait retenir les comp�tences dans les h�pitaux� Pour le secr�taire g�n�ral du Syndicat des professeurs et docents, le professeur Djidjli, le recours des hospitalo-universitaires � cette activit� est n� de la n�cessit� pour ces m�decins d�arrondir leurs fins de mois. Salima Akkouche - Alger (Le Soir) - Le professeur Djidjli pr�cise que le ministre de tutelle n�a rien chang� � la circulaire de janvier dernier concernant les modalit�s d�application de l�activit� compl�mentaire. Toujours effective, celle-ci n�autorise toujours pas les chefs de service et d�unit� � exercer dans le priv�. La nouvelle circulaire du ministre de la Sant�, du 31 mars dernier, ne concerne donc pas l�activit� compl�mentaire. Les chefs de service et d�unit� sont autoris�s � exercer dans le priv� en parall�le avec le secteur public, dans le cadre de ce qui est appel� l�activit� lucrative. Suite � l�ire qu�a suscit�e l�interdiction faite aux chefs de service et d�unit� d�exercer dans le priv� dans le cadre de l�activit� compl�mentaire, le ministre a visiblement �t� contraint de reculer sur certains points, afin de retenir les professeurs hospitalo-universitaires dans leurs services respectifs, dans les h�pitaux. �Sachant que les pouvoirs publics ont tout int�r�t � maintenir dans les services publics les meilleures comp�tences, ils �taient dans l�obligation de trouver une solution momentan�e car ils ne peuvent pas leur assurer des salaires cons�quents �, souligne le professeur pour qui Barkat n�a fait que �r�parer une injustice �. Notre interlocuteur soutient que les enseignants chercheurs et professeurs sont pr�ts � renoncer � l�activit� priv�e � condition d��tre r�mun�r�s � hauteur de ce qu�ils m�ritent. Le professeur ne nie pas les d�rives qu�a entra�n�es cette activit�. Dans ce sens, il dira que le syndicat a demand� � maintes reprises qu�il y ait un contr�le strict pour mettre fin � ces d�passements. Le syndicat va plus loin en exigeant, mais en vain, des sanctions pour tout praticien qui viole la r�glementation. Cette solution, estime-t-il, est la meilleure actuellement pour que les comp�tences du secteur public ne soient pas tent�es par le priv�. Ces derni�res, souligne-t-il, ont menac� de d�missionner. �Je ne veux pas voir toutes les comp�tences quitter le secteur public ; nous avons besoin d�elles et l�enseignement ne peut pas se faire sans elles�, a expliqu� le professeur. Le combat du Syndicat des professeurs et docents reste donc celui de pr�server le secteur public en �vitant que toutes les comp�tences finissent par le d�serter. Le professeur Djidjli affirme qu�il n�y a jamais eu de d�cret pr�sidentiel interdisant l�activit� compl�mentaire pour ces deux corps. �Cela est plut�t le fait de circulaires�, corrigera- t-il. S. A. LE SYNDICAT DES PRATICIENS SP�CIALISTES DE SANT� PUBLIQUE (SNPSSP) : �Le ministre de la Sant� a sign� l�arr�t de mort de l�h�pital public� Selon le pr�sident du SNPSSP, le docteur Youcefi, le ministre de tutelle a bel et bien transgress� un d�cret pr�sidentiel. Pis, dira-t-il, �Barkat a c�d� au chantage�. Selon ce sp�cialiste, le ministre de la Sant� a recul� sur ses d�cisions sous la pression. Selon lui, lucrative ou compl�mentaire, c�est du pareil au m�me. �C�est juste l�appellation qui diff�re, c�est un jeu de mots qui m�ne au m�me r�sultat� assure-t-il. Et d�ajouter que Barkat a sign� l�arr�t de mort de l�h�pital public, seul garant de l�acc�s � des soins de qualit� pour tout le monde. Le docteur Youcefi, s�il dit �tre d�accord sur le principe de l�activit� compl�mentaire, exige, toutefois, l�instauration de garde-fous. Pour lui, c�est l�absence de ces contr�leurs qui est � l�origine de cette perversion. �Cette activit� est pratiqu�e de fa�on anarchique�, estime-t-il. Pour am�liorer le quotidien du personnel de la sant�, la solution ne r�side pas, selon le docteur Youcefi, dans l�instauration de l�activit� compl�mentaire. Il faut plut�t penser � un salaire digne pour les m�decins. �Il est du devoir des pouvoirs publics de sauver le secteur public. A partir du moment o� les diff�rents corps de la sant� publique pourront disposer d�un statut digne, l�activit� compl�mentaire ne sera plus n�cessaire�, dira-t-il. Il propose �galement une prime de renonciation cons�quente pour le personnel qui d�cide de se consacrer uniquement au secteur public. Elle sera �videmment plus major�e pour les chefs de service et d�unit�. L�unique formule pour pr�server le secteur public, � son avis. Selon lui, la course � cette activit� ruine les h�pitaux. Car elle conduit certains m�decins du secteur public � d�serter leurs services pendant toute la semaine et � d�tourner les malades au profit des cliniques priv�es. �Sous couvert d�am�lioration de leurs conditions socioprofessionnelles, certains m�decins s�adonnent � des pratiques indignes pour s�enrichir au d�triment de la sant� du malade�, dira-t-il. Pourquoi les pouvoirs publics ont-ils ferm� les yeux sur ces d�rives ? Le pr�sident du SNPSSP explique que c�est parce que derri�re beaucoup de cliniques priv�es, se cachent des personnes influentes. �Ailleurs, cela se fait au niveau de l�h�pital et reste soumis au contr�le du conseil de l�Ordre et de l�Administration ; et cela n�est permis qu�aux comp�tences reconnues. L�argent est vers� aux bureaux des entr�es et non pas au praticien directement�, pr�cise-t-il. Le repr�sentant des praticiens sp�cialistes ne nie pas avoir fait, depuis plus de dix ans, de la suppression de cette activit� son combat. Mais puisqu�elle est consacr�e dans le statut de la Fonction publique en son article 44, le SNPSSP propose le gel de l�activit� en attendant une meilleure r�glementation. �Exiger un compl�ment de salaire est l�gitime, mais cela ne doit pas se faire avec n�importe quel moyen ou au d�triment du malade�, a-t-il indiqu�. Ce dernier pr�dit d�j� que les malades seront orient�s vers les cliniques priv�es pour �tre pris en charge rapidement pendant les week-ends.