Le passage obligé au Conseil des ministres du projet de loi portant réforme de la santé publique semble être réussi. Le ministre de la Santé, le professeur Aberkane, a eu à exposer les nouvelles dispositions relatives à l'activité complémentaire des praticiens de la santé publique. En un mot, il a eu à aborder le chapitre des primes d'intéressement au profit de certains personnels relevant des établissements publics de santé et fixant les modalités de leur attribution. L'instauration d'une telle prime, qui s'annonce désormais effective, n'est, certes, pas une panacée, mais conforte les praticiens des hôpitaux qui verront, de ce fait, leur standing rehaussé, puisque pas moins de 50% des retombées financières globales, estimées à 3,5 milliards de dinars de contribution financière des citoyens, seront alloués aux spécialistes hospitalo-universitaires, ceux spécialiste et généraliste de la santé publique sous forme d'intéressement. L'on assistera ainsi à moins de désertion en masse des médecins du secteur public vers le privé. Outre les professeurs, sont également concernés par ce dispositif d'encouragement, les praticiens et personnels exerçant dans les unités à «activités intensives à grande pénibilité et à hauts risques». Cette nouvelle mesure, bien que n'intervenant pas directement sur les salaires de base, verra néanmoins ces derniers «doubler» pratiquement, selon les dires du ministre. Ce dernier, s'appuyant sur le constat que l'activité telle que régie jusque-là n'a pas contribué à améliorer la qualité et la performance du système public de santé. Au contraire, elle a été concomitante à une régression dans ce domaine et a vu l'apparition, parfois, de pratiques peu compatibles avec la rigueur morale naturellement et universellement attendue des praticiens de santé. Les nouvelles dispositions viseront donc à encourager les compétences médicales à se consacrer exclusivement à leur activité au sein des structures publiques de santé en instituant une incompatibilité de l'activité complémentaire avec l'exercice d'une responsabilité hospitalière. Ainsi, les professeurs chefs de service et chefs d'unité ne seront désormais plus autorisés à le faire. En contrepartie à ce «renoncement» une prime incitative d'intéressement compensera la baisse du revenu induite par l'abandon de l'activité complémentaire. Il est attendu des nouvelles dispositions qu'elles se traduisent par une plus grande disponibilité des compétences médicales et leur stabilisation au niveau des structures hospitalo-universitaires. Il en est escompté une amélioration de la qualité des soins, d'autant plus que les praticiens et personnels, exerçant dans les unités à activités intenses, à grande pénibilité et a hauts risques sont intégrés dans le dispositif d'encouragement. En clair, ce dernier sera également tributaire des disparités régionales et de services. Toutes proportions gardées, le service des urgences médico-chirurgicales ou cardio-vasculaires, connaît une intensité de travail supérieure à celle du service dermatologie, par exemple. Les blouses blanches auront tout de même à faire un choix.