La tension est mont�e d'un cran � un mois des �lections en Ethiopie entre l'opposition et le gouvernement apr�s le d�c�s d'un homme politique, la premi�re accusant les autorit�s d'�assassinat�, le second d�non�ant une volont� de �discr�diter� le scrutin. La mort, le 16 avril, dans des circonstances controvers�es d'un homme politique Oromo � la plus importante ethnie du pays qui en compte plus de 80 � a provoqu� une vive pol�mique, les deux camps revendiquant l'appartenance du d�funt � leur parti politique. Selon un responsable de l'opposition, Merara Gudina, vice-pr�sident du Forum pour le dialogue d�mocratique (Medrek), Binsa Daba a �t� attaqu� par �quatre membres d'une milice locale� (pro-gouvernementale). Jeudi, le pr�sident du Medrek, Beyene Petros, avait affirm� avoir �des preuves qu'il a �t� assassin� et que cela �tait motiv� par la politique�. Pour le ministre de la Communication, Bereket Simon, �M. Binsa est mort de causes naturelles et n'�tait m�me pas un membre de l'opposition�, mais de l'EPRDF, le Front r�volutionnaire et d�mocratique du peuple �thiopien, dirig� par Meles Zenawi, le Premier ministre sortant. Pour lui, l'opposition utilise tous les moyens possibles �pour discr�diter� les �lections pr�vues le 23 mai, les premi�res au niveau national depuis le scrutin controvers� de 2005. L'assassinat en mars d'un opposant connu, Aregawi Guebreyohannes, dans le Tigr� (nord), avait d�j� suscit� l'�motion, l'opposition �voquant un meurtre politique et le gouvernement une simple dispute. Pour le gouvernement, le prochain scrutin ne doit pas �tre entach� de fraudes ou de violences afin d'effacer la mauvaise image laiss�e par la violente r�pression des manifestations post-�lectorales en 2005, qui avait fait au moins 200 morts selon les autorit�s. L'opposition entendait alors d�noncer le r�sultat du scrutin, m�me si elle venait d'enregistrer le meilleur score de son histoire. L'Ethiopie compte 80 millions d'habitants et plus de 30 millions d'�lecteurs sont attendus aux urnes pour d�signer leurs parlementaires. Selon des observateurs internationaux, M. Meles, 54 ans, ancien rebelle au pouvoir depuis la victoire de son mouvement sur le r�gime militaro- marxiste de Mengistu Hail� Maryam en 1991, a toutes les chances de l'emporter et de rester � son poste pour un nouveau mandat de cinq ans. Mais le Medrek, coalition de huit partis tr�s divers et sans v�ritable chef, ne cesse de d�noncer les conditions d'organisation de l'�lection, relay� par des ONG, comme Human Rights Watch qui critique �l'�troitesse de l'espace politique�. M. Meles, qui vante sa politique �conomique (10,1 % de croissance et 3,9 % d'inflation selon lui), avait r�it�r� le 13 avril devant le Parlement sa d�termination � �cr�er les conditions� pour que les �lections soient �libres, justes, et transparentes�. Beyene Petros souligne, pour sa part, qu'il �n'y a pas de consensus sur qui doit organiser ces �lections �. �Nous avons des informations selon lesquelles des officiers �lectoraux sur le terrain sont des membres de l'EPRDF. Comment peuton �tre juge et partie et esp�rer que la partie soit juste ?� M. Beyene d�nonce �galement l'instrumentalisation de l'aide alimentaire par le pouvoir et le �harc�lement des opposants�, tout en se refusant � envisager un boycott du scrutin. Le Bureau �lectoral national �thiopien (NEBE), charg� de l'organisation du scrutin, a mis en place avec le soutien du gouvernement un code de conduite pour les observateurs internationaux, notamment ceux de l'Union europ�enne et de l'Union africaine. Il tente �galement d'en imposer un pour les journalistes locaux et internationaux qui couvriront l'�lection.