Cinq ans après les violences qui avaient accueilli les résultats des précédentes législatives en 2005, le scrutin de dimanche s'est déroulé dans le calme, dans l'attente de premiers résultats partiels. Les autorités éthiopiennes ont annoncé, hier, un taux de participation record de plus de 90% aux législatives de la veille, mais les critiques persistaient sur l'équité du scrutin, qui devrait sauf surprise, reconduire le régime au pouvoir depuis 1991. Cinq ans après les violences qui avaient accueilli les résultats des précédentes législatives en 2005, le scrutin de dimanche s'est déroulé dans le calme, dans l'attente de premiers résultats partiels attendus en principe hier soir. Le Bureau national éthiopien des élections (Nebe) a fait état d'un taux de participation provisoire de «plus de 90%» des 32 millions d'électeurs inscrits, sur une population totale de 80 millions d'habitants pour ce pays le plus peuplé d'Afrique sub-saharienne après le Nigeria. L'Eprdf (Front révolutionnaire et démocratique des peuples éthiopiens), dirigé par le Premier ministre Meles Zenawi et au pouvoir depuis 19 ans, fait figure de grand favori. En 2005, des violences avaient fait près de 200 morts à la proclamation des résultats du scrutin quand l'opposition - avec le meilleur score de son histoire - et l'Union européenne (UE) avaient dénoncé des irrégularités dans le comptage des voix. Le taux de participation avait alors été de 82,6% sur 27 millions d'inscrits. Si le régime avait promis pour cette année un scrutin «libre, juste et transparent», l'organisation américaine Human Rights Watch (HRW) a accusé hier le gouvernement éthiopien d'avoir «intimidé les électeurs et imposé des restrictions illégales aux médias». «Derrière une façade ordonnée, le gouvernement a fait pression, intimidé et menacé les électeurs éthiopiens», affirme HRW dans un communiqué. «Quels que soient les résultats, cette élection se caractérise d'abord par les mois de répression qui l'ont précédée», affirme l'organisation de défense des droits de l'Homme, qui demande aux observateurs internationaux de «ne pas ignorer les mesures répressives, légales et administratives, utilisées par l'Eprdf pour restreindre la liberté d'expression durant la campagne». «Aucune intimidation systématique n'a eu lieu», a réagi le porte-parole du gouvernement éthiopien, Shimeles Kemal. Il a accusé HRW «de mener une campagne de dénigrement contre le gouvernement pour des raisons Idéologiques» et lui a reproché de «récolter (ses) soi-disant informations depuis (son) bureau de Nairobi», faute d'une représentation en Ethiopie. Le chef des observateurs de l'UE, Thijs Berman, a confirmé dimanche soir le fort taux de participation et le déroulement dans le calme du scrutin, se bornant à ce stade à indiquer avoir été saisi d'un nombre non précisé de plaintes, en cours d'examen. La rébellion du Front national de libération de l'Ogaden (ONLF), dans le sud du pays, a affirmé que le scrutin n'était «pas juste et libre», encourageant l'opposition à choisir la voix de la rébellion «pour chasser le régime au pouvoir». Dimanche déjà, un chef de l'opposition, Merara Gudina, avait affirmé que les observateurs de son parti avaient été très souvent interdits d'accès dans les bureaux de vote et évoqué des cas de bourrages d'urnes.