Financi�rement, l�Alg�rie n�a jamais �t�, depuis 1962, aussi prosp�re. Totalement d�sendett�e au plan externe, une dette publique interne sous contr�le, des r�serves de change de pr�s de 150 milliards de dollars, pr�s de 4 500 milliards de dinars dans le Fonds de r�gulation des recettes (FRR)... Merci le p�trole ! Pourtant, c�est dans ce contexte macro-financier largement favorable que le gouvernement choisit une strat�gie �conomique d�fensive. I/ De nouvelles dispositions en mati�re d�investissements directs �trangers. Le Maroc, la Tunisie, l��gypte redoublent d�ing�niosit� pour attirer les IDE qu�ils consid�rent comme de bons vecteurs d�impulsion des exportations, de cr�ation d�emplois, de transfert de savoir-faire et d�apprentissage. Fait inattendu, c�est le moment que choisit notre gouvernement pour �refroidir� les �ventuelles intentions des promoteurs �trangers d�investir chez nous. �Nous n�avons pas besoin de votre argent, nous avons besoin de votre technologie�, dit le ministre de l�Industrie aux investisseurs �trangers. �Il n�y a qu�� exprimer vos besoins et nous sommes l�, c�est la r�ponse qu�esp�re entendre peut-�tre le ministre de la part de ces investisseurs �trangers. Eh bien, il peut attendre. Mais, plus s�rieusement, les derni�res circulaires du Premier ministre ne sont pas faites pour encourager les investisseurs �trangers � venir chez nous. C�est le moins que l�on puisse dire. Ces circulaires exigent de ces investisseurs : 1/ Un capital d�tenu � 51 % au moins par des op�rateurs nationaux. Au-del� de la participation alg�rienne au capital et de son taux, c�est la pr�sence de celle-ci dans la gestion de l�affaire qui pose probl�me � l�investisseur �tranger. Probl�me d�efficacit� et de performance, les bons capitaux d�industrie n��tant pas l�gion chez nous. 2/ L�investissement �tranger doit faire rentrer dans le pays plus de devises qu�il n�en sort (balance devises exc�dentaire). L��tat alg�rien ne veut prendre aucun risque. Mais y a-t-il industrie sans risque ? 3/ Il y a un imp�t sur les dividendes. 4/ Le financement de l�IDE est � mobiliser sur le march� bancaire alg�rien. Les commentateurs et analystes ont conclu, apr�s ces circulaires, � une indiff�rence sinon � un rejet de la part de l��tat alg�rien des IDE. II/ S�agissant des op�rateurs �conomiques nationaux, des dispositions de la loi de finances compl�mentaire 2009 instituant le Credoc pour le financement des importations, puis r�cemment, un d�cret sur les importations en franchise de droits de douane, ont s�rieusement secou� les entrepreneurs du secteur priv� qui souffraient d�j� d�une perte importante de parts de march� int�rieur � cause de la concurrence d�loyale du secteur informel. Nous connaissons l�affaire du Credoc et ses retomb�es sur l�approvisionnement en input de l�appareil national de production. Au moment o� tout le monde attendait des mesures rectificatives, voil� qu�est publi� un d�cret qui bloque au port les mati�res premi�res si n�cessaires au fonctionnement de l�outil de production et qui va alourdir consid�rablement les proc�dures d�importation, y compris les importations de mati�res premi�res, demi-produits et pi�ces de rechange pour les unit�s de production. Pr�textant d�un suivi statistique des importations, le gouvernement institue une licence d�importation en franchise des droits de douane c�est-�-dire, pour toutes importations en provenance de pays ou de zone avec lesquels nous avons des accords de libre-�change (il faut savoir que 70 % de nos importations viennent de l�Union europ�enne avec laquelle nous avons pr�cis�ment un accord de libre-�change). Factures proforma, copies l�galis�es du RC, identifiant fiscal, statuts de la soci�t�, attestation de d�p�ts de comptes sociaux aupr�s du CNRC, extrait de r�les apur�, copie l�galis�e de l�attestation de mise � jour avec la Cnas. Tout ce lourd dossier est � d�poser au niveau de la Direction du commerce de la wilaya territorialement comp�tente, qui le transmet � la Direction r�gionale du commerce concern�e, pour visa. Ce n�est qu�apr�s toutes ces proc�dures que les marchandises pourront �tre r�cup�r�es, apr�s contr�le des douanes, par leurs importateurs. Des d�lais longs qui occasionnent, bien s�r, des surco�ts aux entreprises et des p�nalit�s douani�res de retard d�enl�vement. III/ Le pr�sident du Conseil des participations de l��tat (qui est le Premier ministre) a �mis un projet de r�solution sur la gestion des entreprises publiques qui, s�il est adopt� (et il va certainement l��tre) met totalement sous l��teignoir les entreprises publiques. Ainsi, au moment o� le gouvernement annonce que la croissance et le d�veloppement �conomique se feront avec les entreprises publiques ou ne se feront pas, il d�cide d�une mise sous tutelle administrative r�gl�e de ces derni�res. Les SGP ne servent plus � rien ; les minist�res de tutelle ont des droits non seulement de contr�le et de conformit� et d�opportunit� mais aussi des droits d�injonction, les directeurs g�n�raux des entreprises publiques n�ont plus aucune marge d�initiative. Les r�formes de 1988 portant autonomie de l�entreprise publique et cr�ation des entreprises publiques �conomiques (EPE) ont fait long feu. Et tout cela en l�absence (voulue) de tout organe de pilotage de l��conomie puisque nous savons qu�il n�y a plus de plan. Investissements directs �trangers m�pris�s, secteur �conomique priv� brid�, secteur �conomique public mis sous gestion administrative directe : une �strat�gie� �conomique d�fensive d�autant moins compr�hensible que l��tat dispose de moyens financiers qui lui permettent de revenir aux r�formes, de mettre en place le syst�me, d�engager enfin la bataille des contraintes d�efficacit�. Bref, d�engager la sortie des tranch�es.