Alors qu'ils ont souvent été marginalisés du fait, notamment, qu'ils n'habitent pas la capitale, le grand maître de la chanson chaâbie, Mazouz Bouadjadj, et les chanteurs Noureddine Benattia et Abdelkader Ghelamallah, ont été honorés ce lundi en soirée, au Théâtre régional Djilali Benabdelhalim de Mostaganem. En présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, les chanteurs Rachid Guetafa et Bensaber Boukharouba ont donné un concert de chaâbi en interprétant notamment des Qaçaid du terroir et de madaih puisés du patrimoine artistique local et national. Le poète Abdelkader Arabi a, de son côté, déclamé de très beaux poèmes en melhoun. Né le 16 janvier 1935 à Mostaganem, il est reconnu parmi les derniers grands maîtres de la chanson chaâbie aux côtés d'Amar El Achab et Reda Djilali qui vivent depuis plusieurs dizaines d'années en France et ne sont, eux aussi que rarement invités à se produire en Algérie. Tout comme les anciens maîtres de la chanson chaâbie tels que le pionnier Hadj M'hammed El Anka, Hadj M'nouer et Hadj Mrizek, Maâzouz Bouadjadj est l'un des rares chanteurs qui comprennent le sens des Qaçaid écrites par les grands poètes et paroliers tels que Sidi Lakhdar Benkhlouf, le saint patron de Mostaganem, Bensahla et Benmsaib et n'a pas besoin de pupitre pour lire son texte puisqu'il les apprend par cœur. La carrière de Maâzouz Bouadjadj a commencé dans sa ville natale en 1952. Ce début de carrière devait être interrompu des le début de la Guerre de libération à laquelle participa le chanteur qui sera interné au centre de détention d'Aïn Tadles et au camp de concentration de Sidi Ali. Après l'indépendance en 1962, il reprend le domaine artistique et se fera remarquer par sa belle et limpide voix, sa façon unique de chanter, ses sourires au public et ses mimiques. La capitale du chaâbi Il est connu pour avoir brillamment interprété aussi bien des chansons hawzies ou des Qaçaid telles que Yal Wahdani ou El Khezna El Kbira que seuls les grands chanteurs tels que le maître de la chanson andalouse Dahmane Benachour ou Hadj M'hammed El Anka pouvaient nterpréter comme il se doit. L'artiste s'était également fait connaître en chantant Khelkhal Aouicha et Ya Saheb El Ghemama, des chansons quelque peu plus rythmées que les grandes Qaçaid. Nouredine Benatia qui est également né dans cette ville qui fut la véritable capitale du chaâbi et a donné des dizaines d'excellents chanteurs, qui n'ont pas eu la chance d'être médiatisés ou ayant mis fin à leur carrière de chanteur comme Abdelkader Bendamèche, qui a préféré se consacrer à la recherche dans le domaine du chaâbi et à l'écriture de son histoire et celles de nos grands artistes. Il faut noter que Bendamèche qui est sortant de l'Ecole nationale d'administration, est également parmi les rares chanteurs qui comprennent le sens des paroles du melhoun et un brillant chanteur. Nouredine Benatia, qui a été honoré lors de cette soirée, a dès son jeune âge été attiré par le madih avant qu'il ne se spécialise dans le hawzi et le chaâbi. En 1984, il a fondé avec quelques artistes de Mostaganem, l'association El Fen ouennachat qui formera sous sa direction des centaines de jeunes musiciens et chanteurs des deux sexes. Il a également été directeur de la culture des wilayas de Mostaganem et de Relizane durant une dizaine d'années. Le troisième enfant de la ville de Mostaganem honoré est Abdelkader Ghelamallah. Connu pour sa maîtrise des instruments de musique, notamment le piano, le luth (ôud), la mandoline et la guitare, ce chanteur s'est également consacré à la formation des jeunes de l'association du Club étoile culturelle de Mostaganem. Etant passé par l'école andalouse, il maîtrise aussi bien le hawzi que le chaâbi et même dans le moderne. Abdellah Ghelamallah a écrit trois ouvrages dédiés au patrimoine, à la musique traditionnelle et au melhoun.