La cinquième édition du Festival national de la chanson chaâbie se déroule au Théâtre national Mahiedine Bachetarzi et à l'Institut national supérieur de musique (INSM) à Alger. La zorna était au rendez-vous dans la soirée de mercredi dernier au Théâtre national Mahiedine Bachetarzi à Alger, lors de l'ouverture du cinquième Festival national de la chanson chaâbie. La zorna a laissé ensuite place, sur une scène décorée du style constantinois par Ilhem Mebarki, à un orchestre mené par Djamel Thaâlbi et composé de musiciens venus de plusieurs wilayas pour jouer, entre autres, l'air de Rah el ghali rah de Boudjemaâ El Ankis, qui n'est autre que le président du jury, et sera honoré cette année avec Maâzouz Bouadjadj et Cheikh Hsissen. «Hsissen a eu le même sort que Hadj M'rizek. Les jeunes connaissent leurs chansons, mais ignorent tout sur eux. Tout le monde fredonne Ya tir el kafs mais peu savent que c'est une chanson de Hsissen», nous a expliqué Abdelkader Bendamèche, commissaire du festival. Hsissen, Ahcène Larbi de son vrai nom, fils de La Casbah d'Alger, a été l'élève de Cheikh Khelifa Belkacem. Sa carrière a été courte puisqu'il est décédé à l'âge 29 ans en septembre 1958 à Tunis, où il est toujours enterré au cimetière Djelaz. Un film documentaire sur l'auteur de Nhar El Djemaâ Rah Tiri sera projeté lors de la soirée de clôture du festival le 31 août. Natif de Mostaganem, Maâzouz Bouadjadj, 75 ans, a beaucoup appris de Cheikh Hamada. Admirateur d'El Anka, Hadj Menouer et Hsissen, il a enregistré presque 300 chansons, dont les plus célèbres sont Kholkhel Aouicha et Narak ya Welfi. Depuis 2006, date de son lancement, le festival a rendu hommage à Hadj M'hamed El Anka, El Hachemi Guerouabi, Mohamed El Badji, Hadj M'rizek, Hacen Saïd et Amar Laâchab. Selon Abdelkader Bendamèche, 223 candidats se sont présentés à la première sélection du festival en avril 2010. Après plusieurs étapes, 32 candidats ont été retenus pour la finale. Chaque finaliste présentera un récital d'une quinzaine de minutes. Le jury évaluera, entre autres, la voix, l'apprentissage du texte, la maîtrise de l'interprétation et la tenue du candidat. Le premier prix est de 300 000 DA, des prix spéciaux du jury et d'encouragement seront également accordés. Djamel Sahouadj de Chlef a été le premier sélectionné à passer sur scène mercredi soir. Il a interprété Salah alih ya imam, suivi de Mokhtar Meziane d'Alger, Nadjib Bounour de Blida et Mourad Zidiri de Béjaïa. Interprétant Ya taleb puis Fat chouaâ el kamra, la jeune Imène Sahir de Blida a laissé une bonne impression auprès du nombreux public. Elle a eu droit à un grand «yatik essaha» à la fin de son spectacle. Vêtue d'une tenue algéroise, Imène Sahir a rappelé l'époque des grandes chanteuses du hawzi et du chaâbi telles que Fadhila Dziria, Cheikha Tetma et Cheikha Yamna. Au programme du festival, d'autres candidates sont prévues telles que Sabriya Boudjella de Mostaganem et Nacéra Kheloui de Tizi Ouzou. Attaché à la tradition pédagogique de faire redécouvrir les qcidate du chaâbi, le festival offre chaque soir une lecture publique d'un texte. Mercerdi, le jeune Abdessalem Toumi a lu le célèbre Sobhan Allah Ya ltif, immortalisé par El Hadj M'hamed El Anka, et écrit par Mustapha Toumi. «Je n'ai pas appris l'art à l'école, je ne suis pas un lettré, mais c'est à l'école de la faim et de la misère que j'ai forgé mon art. Mon pain c'est du bon pain fait avec de la farine qui n'est pas empruntée et tout le monde le sait. Tout le monde peut en témoigner», sont des paroles éternelles ! El Anka et Toumi étaient des voisins à La Casbah d'Alger. Mustapha Toumi, 73 ans, parolier et compositeur, a écrit pour plusieurs autres artistes, à l'image de Warda El Djazaïria. Mustapha Belahcène de Relizane a assuré la deuxième partie de la soirée en interprétant Nejm doudja assas. Ce fidèle de l'école ankaouie a émerveillé les présents par une manière soignée de chanter. Jeudi et vendredi, les artistes invités étaient Abdelmadjid Meskoud et Abdelkader Chaou. A noter enfin que l'espace Fadhila Dziria à l'Institut national supérieur de musique (INSM) accueille également une partie des soirées du festival. Des master class au profit des candidats sont également organisés à l'INSM. «Nous avons aujourd'hui de l'expérience. Avec du recul, on peut mieux aborder les choses. On a compris qu'il est important d'axer sur le formation et sur la communication de la connaissance», a insisté Abdelkader Bendamèche.