61% des élèves algériens de 15 ans n'ont pas les compétences d'analyse dans les matières essentielles. Un constat «alarmant» et «amer» révélé lundi par les services du ministère de l'Education nationale. Des syndicats du secteur tirent la sonnette d'alarme et parlent d'échec des réformes scolaires initiées par Nouria Benghebrit. Ces données rapportées par le directeur général de la pédagogie au ministère de l'Education nationale, Farid Benramdane, se basant sur les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA) auquel a participé l'Algérie en 2012 et 2015. Contacté par nos soins, Idir Achour, le secrétaire général des lycées d'Algérie (CLA) a tout d'abord estimé que ce constat est «réel» et en équation avec le système et le programme scolaire enseigné au niveau des écoles algériennes. «Il n'y a pas que les élèves de 15 ans, c'est le cas notamment des étudiants et des diplômés. S'il n'a pas la capacité d'analyse avant 15 ans, il ne pourra pas l'avoir après. Si il n'a pas la réflexion à ses débuts, l'élève va travailler par habitude» a-t-il expliqué. Selon lui, la dégradation du niveau scolaire ainsi que les capacités de réflexion des élèves, «représente l'objectif de l'actuel programme scolaire». «Le contenu des matières enseignées ne permet pas de former des élèves qui réfléchissent mais plutôt qui exécutent» dira-t-il. Idir achour a estimé nécessaire de réformer tout le programme scolaire, que cela soit au niveau des matières ou du volume d'horaire. «Le problème est clair. Il se situe au niveau des matières enseignées ainsi que l'approche pédagogique utilisée dans la transmission des messages aux élèves» a-t-il noté. Il a souligné également que les services du ministère de l'Education nationale n'interviennent pas dans ce créneau, ceci voudrait dire qu'ils sont en train de faire du bricolage. Pour le S. G du CLA «nous sommes dans un système de formation de l'incompétence généralisée». De son côté, Meziane Meriane coordinateur du Syndicat national autonome des professeurs du secondaire et technique (Snapest), ces résultats sont «l'interprétation d'échec. La sonnette d'alarme doit être tirée». «Les résultats du Programme international pour le suivi des acquis des élèves auquel a participé l'Algérie, résument la qualité des apprentissages et les compétences chez les élèves algériens » a-t-il souligné. «Le constat est amer. 61% des élèves n'ont pas les compétences de réflexion, c'est un taux alarmant, qui dit long sur l'avenir incertain de l'école nationale» a-t-il avancé. Remédier à cette réalité nécessite selon Meriane, une étude approfondie pour déterminer les causes de cet échec. «On doit faire des recherches scientifiques pour pouvoir remédier à cette situation catastrophique du niveau intellectuel de nos élèves. C'est la première étape pour remettre sur les railles l'école algérienne» a-t-il suggéré. Selon lui, il est utile de faire un diagnostique du programme scolaire mis en place, la formation des enseignants, mais également l'environnement pédagogique. «Si on détermine les causes, on pourra par la suite réformer dans le bon sens, et cesser de faire dans le bricolage» a-t-il préconisé, avant d'ajouter : «si le niveau n'évolue pas, ces lacunes vont être trainées à l'université et dans la vie active où la médiocrité règnera». L'Algérie a participé dans ce programme international (PISA) qui concerne les élèves de 15 ans vise à mesurer les performances des systèmes éducatifs en évaluant les compétences acquises par les élèves. Il s'agit des compétences dont tout citoyen moyen peut avoir besoin pour réussir dans sa vie quotidienne, à savoir la lecture, les mathématiques et les sciences.