Alors que des enquêtes sont menées dans plusieurs pays d'Europe pour confirmer le lien entre les suicides de dizaines d'adolescents et le macabre jeu de la baleine bleue ou «Blue whale challenge», auquel ils s'adonnaient, en Algérie, les premières victimes n'ont pas fait réagir les autorités. C'est le silence radio. En fin de semaine, deux jeunes lycéens de 15 et 16 ans se sont donné la mort par pendaison dans la wilaya de Béjaïa, dont l'un, celui de Bilal B., survenu mercredi serait lié à ce jeu. «La consultation de l'historique de navigation ainsi que la messagerie électronique sur le téléphone du jeune garçon révéleraient, en effet, que ce dernier s'adonnait effectivement à ce jeu» qui fait fureur sur Internet et dont seraient accros les adolescents, affirme une source locale au Temps d'Algérie. S'agissant du suicide de la jeune fille, nos sources se montrent prudentes et rien ne laisse croire, selon elles, que la jeune lycéenne, Firouz. L., était véritablement dépendante de ce jeu morbide. D'autres sources abondent dans le même sens et lient ce drame aux rapports de franche camaraderie qui unissaient les deux victimes, d'autant plus qu'elles fréquentaient le même lycée de Maâla dans la daïra de Sidi-Aïch, à 45 km au sud de la wilaya. Choc à Bejaïa Lancé en 2015 par des utilisateurs anonymes sur le réseau social russe VKontakte, Le Blue Whale Challenge ou défi de la baleine bleue en français, est un jeu comportant cinquante défis (un par jour), comme «se percer la main», «se réveiller à 4h20 pour regarder un film d'horreur», «se scarifier en se dessinant une baleine sur la jambe», «ne communiquer avec personne durant toute la journée» ou encore «s'asseoir sur le toit d'une tour en balançant les jambes dans le vide». Le danger de ce «challenge» sur les participants est dans l'ultime étape qui consiste à se suicider en se jetant du haut d'un toit ou par pendaison et ce, pour, soi-disant, «devenir un animal hautement évolué et dégagé des peines terrestres» à l'image du symbole du jeu, le cétacé qui, dans la légende populaire, est capable de se suicider en s'échouant volontairement sur une plage. Une enquête controversée, réalisée en mai 2016 par le journal russe Novaïa Gazeta, a conclu que sur 130 suicides d'adolescents russes entre novembre 2015 et avril 2016, environ 80 étaient liés au Blue Whale Challenge (BWC), accessible à travers les réseaux sociaux. Face à cette menace planétaire, Facebook est allé jusqu'à créer une intelligence artificielle qui «détecte les personnes capables d'attenter à leur vie» et leur envoie des messages comme : «Est-ce que tout va bien ?», «Je m'inquiète pour toi». Silence officiel Les deux suicides qu'a connus la wilaya de Béjaïa, ne sont pas les premiers. Ils viennent s'ajouter à deux autres enregistrés le mois dernier et au début du mois en cours à Sétif. Pourtant, les autorités ne semblent pas encore avoir pris la menace au sérieux. Ni enquête, ni alerte sur les réseaux sociaux, ni campagne de sensibilisation en direction des adolescents ciblés par le BWC, encore moins une démarche du ministère de la Poste, des Technologies de l'information et de la communication. Malgré toutes les menaces existantes dans le monde virtuel et qui pèsent sur la société, le département de Houda-Imane Feraoun, reste paradoxalement déconnecté. Idem pour les services de sécurité dont les brigades spécialisées de lutte contre la cybercriminalité demeurent semble-t-il, observatrices, face au danger. Ne faut-il pas aller vers un blocage ciblé de certains sites ou contenus sur la Toile ? À voir que la menace a atteint le stade de la mort qui pèsent sur nos «ados», la question s'impose d'elle-même. A Béjaïa, en attendant peut-être l'enquête qui sera diligentée par le parquet, seule à même de pouvoir lever le voile sur les deux suicides, et parallèlement au choc subi par les habitants de Sidi-Aich, une véritable psychose qui s'alimente de folles rumeurs, s'est emparée des parents à la suite de ce double drame.