Des excuses au nom du gouvernement et du peuple, enquête et promesse de sanction contre le ou les auteurs. L'Algérie aura tout fait pour calmer les Al-Saoud, en colère après que des supporters aient déployé une banderole montrant le roi Salmane Ibn Abdelaziz et le président américain Donald Trump comme «deux faces de la même pièce». L'affaire a failli tourner à une crise diplomatique entre Alger et Riyad, alors qu'il ne s'agissait rien d'autre que de supporters ayant exprimé un sentiment d'indignation et soupçonné une complaisance de l'Arabie saoudite dans le vieux conflit au Moyen-Orient. Ahmed Ouyahia qui recevait mardi le président du Conseil de la Choura saoudien, Cheikh Abdellah Ben Mohamed Ibrahim Al-Cheikh, a présenté ses excuses et celles de l'Algérie suite à ce geste, promettant de prendre toutes les mesures qui s'imposent. C'est ce qu'a indiqué l'ambassadeur du royaume à Alger, dans un tweet publié en soirée. «Le Premier ministre algérien a présenté les excuses de l'Algérie, gouvernement et peuple suite aux agissements irresponsables commis dans un stade et qui ne reflètent guère les valeurs du peuple algérien authentique», a écrit Samy Salih. L'ambassadeur affirme que le Premier ministre a même promis au président du Conseil de la Choura saoudien que «des mesures sont en cours contre les auteurs et pour que ce genre de comportements ne se reproduise pas». Et il n'a pas fallu beaucoup de temps pour que la machine officielle soit mise en marche. A travers l'agence APS, le ministre de la Justice, garde des Sceaux annoncera dans la soirée-même l'ouverture d'une enquête. «Le procureur de la République, territorialement compétent a ordonné l'ouverture d'une enquête sur l'incident de la banderole portant atteinte au souverain saoudien, déployée au stade de Ain M'lila (Oum El Bouaghi)», a déclaré Tayeb Louh. Et d'ajouter que les résultats préliminaires ont conclu à «un acte individuel et isolé». L'affaire remonte, rappelons-le, au 15 décembre dernier lors d'un match opposant l'AS Ain M'lila au WA Tlemcen (Ligue 2), où les supporters de l'équipe locale avaient déployé une banderole portant un visage à moitié constitué du Roi Salmane et de Donald Trump, en signe d'indignation contre la décision du président américain de reconnaître Al-Qods comme la capitale d'Israël. A travers ce geste, les auteurs qui ont bien fait de rajouter sur leur banderole, le slogan «deux faces de la même pièce», voulaient sûrement accuser l'Arabie saoudite de complicité. Il est un secret de polichinelle que depuis quelques mois, Riyad cherche un rapprochement avec Israël, notamment à travers la médiation des Etats-Unis. Selon le New York Times et plusieurs journaux arabes, le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salman, aurait, en novembre dernier, proposé à l'autorité palestinienne un «plan», élaboré avec les Etats-Unis et Israël, comprenant la création d'un Etat sans continuité territoriale (avec des bouts de terre éparses en Cisjordanie), et surtout sans Jérusalem Est, laissant entièrement la ville sous autorité israélienne. En tout état de cause, rien n'explique l'empressement des autorités algériennes à agir si rapidement, allant jusqu'à presque «se prosterner» devant les Al-Saoud, pour reprendre le mot de beaucoup d'internautes ayant exprimé leur colère, hier. Dans sa déclaration à l'APS, Tayeb Louh a estimé que l'Algérie et l'Arabie saoudite sont «deux pays frères unis par des relations historiques, qui se sont raffermis au fil des années, en plus des liens de fraternité, de coopération et de solidarité», rappelant que le Roi Salmane Ben Abdelaziz Al Saoud, en 1956 alors prince de la région de Riyad, a été à la tête du Fonds de solidarité mis en place par le Roi Saoud pour le soutien du peuple algérien dans sa guerre de libération.