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De Giap à Chavez...
Le monde vu par Le Temps
Publié dans Le Temps d'Algérie le 17 - 02 - 2009

«L'impérialisme est un mauvais élève !» Cette vérité assénée par le vainqueur et héros de Diên Biên Phu, le général vietnamien Võ Nguyên Giáp, l'un des dix plus grands stratèges militaires jamais connus et reconnus à travers le monde, est toujours d'actualité.
Elle ne concerne pas seulement, toutefois, les impérialistes et les colonialistes de tous bords, voire tous ceux qui cultivent un esprit néocolonial ou néolibéral ; non, elle concerne également tous ceux qui croient détenir la vérité.
Tels ces gouvernements qui répètent à l'envi leurs erreurs, ne tenant jamais compte des enseignements que Diên Biên Phu leur offre.
Cet axiome devrait être appris, également, par tous les mauvais élèves qui végètent dans les médias, forts de la puissance des outils médiatiques que des lobbies richissimes ont mis entre leurs mains.
Des instruments de propagande — et ce n'est un secret pour personne — détenus en majorité par des nébuleuses aux ramifications extraterritoriales ou des forces occultes, mais inventoriées et qui s'en nourrissent d'abondance.
Ne jamais oublier
Cette sentence ô combien révélatrice du fils d'un mandarin, qui a su exploiter intelligemment les faiblesses des deux plus grandes puissances militaires de l'époque, la France et les Etats-Unis d'Amérique, devrait figurer sur le frontispice de tous les sièges de gouvernement occidentaux… Pour ne jamais oublier.
Pour cultiver la mémoire, mais surtout pour en prendre de la graine afin de ne pas reproduire des erreurs passées et souvent tragiques. Giap l'a bien vu : il s'agit de mauvais élèves pour lesquels seul un bonnet d'âne siérait le mieux.
Hugo Chavez, qui vient d'être conforté par la majorité des Vénézuéliens qui lui font de nouveau confiance pour briguer un troisième mandat, n'a jamais cessé depuis son accession au pouvoir, il y a 10 ans, d'être la cible privilégié de ces mauvais garnements.
Car il ne répond pas aux standards établis et surtout parce qu'il est aux côtés des pauvres et non plus de la centaine de familles bourgeoises qui s'empiffraient des richesses du pays qu'elles avaient accaparées plusieurs décennies durant, au détriment des masses populaires affamées et «colonisées» sur leurs propres terres.
Chavez et les autres
En donnant un grand coup de pied dans la fourmilière, Chavez a brisé un ordre établi et favorisé l'émergence d'une véritable démocratie ; ce qui ne plaît pas à la bourgeoisie compradore alliée des multinationales et des intérêts nord-américains en particulier.
Le Venezuela est très riche, surtout en hydrocarbures. Il est donc convoité comme tous les territoires où l'or noir est disponible. L'Irak en est le dernier exemple, en attendant… Ne pas avoir un Président fantoche à la solde d'intérêts impérialistes n'est pas du goût de tout le monde. Et logiquement Chavez qui dérange ouvertement est une cible privilégiée.
On comprend pourquoi El Présidente a été durement critiqué par toute une presse aux ordres. Mais Chavez le guérilléro, sûr de l'appui de son peuple et de la justesse de sa cause, n'en a cure. C'est pourquoi il prend des décisions qui en offusquent plus d'un. Et il a raison !
Car enfin, de quel droit par exemple Luis Herrero, le parlementaire européen d'origine ibérique invité par les partis d'opposition pour suivre le référendum constitutionnel de ce dimanche, se permet-il d'insulter le Venezuela en affirmant que Chavez est un dictateur ?
N'est-il pas tenu d'observer seulement et de constater s'il y a des anomalies, de rapporter ensuite les infractions ? Non, Monsieur se permet de porter des jugements. Lui aussi a oublié d'apprendre la leçon : on n'est plus en pays conquis au Venezuela, Dieu merci señor Herrero !
Résultat : expulsion méritée de ce député pas comme les autres…
La faiblesse des uns…
Partout ailleurs dans le monde on verra de telles pratiques, de telles attitudes. Au nom de quoi ? En Afrique, des chefs d'Etat sont souvent humiliés par les dirigeants, voire les sous-fifres des ex-colonisateurs ; ce qui a toujours donné lieu à des brouilles mémorables. Rappelez-vous ce cas typique : De Gucht, le ministre des Affaires étrangères belge, avait manqué de respect à Kabila, le président de l'ex-Congo belge.
C'est dire combien, plus que jamais, l'arrogance est souvent de mise. Car pourquoi en fait et de plus en plus souvent certaines personnalités occidentales, voire des gouvernements se permettent-ils d'avoir de telles attitudes et se présentent comme des donneurs de leçons, si ce n'est parce que les anciennes colonies gardent toujours, pour beaucoup d'entre elles, le complexe du colonisé ?
Seules les faiblesses des «républiques bananières» permettent à ces «mauvais élèves» de maintenir leur néocolonialisme. De là vient leur puissance, surtout quand les plus hauts dignitaires de ces Etats ont été installés avec la bonne grâce d'officines bien connues.
Evoquerons-nous les scandaleux cadeaux, diamants et autres verroteries offerts en de si nombreuses occasions à tous ces chefs d'Etat européens, à leurs ministres et Premiers ministres en échange de privilèges obscurs ? Une générosité politique abjecte et qui montre bien que la corruption des cols blancs est loin d'être achevée. Oui, décidément, l'impérialisme est un bien mauvais élève !
L'Afghanistan stratégique
Sur un tout autre registre, comment expliquer que les USA, déjà embourbés en Irak par la grâce d'un cow-boy en retraite, cherchent déjà à s'empêtrer dans d'autres bourbiers comme l'Afghanistan par exemple ? Est-ce seulement pour faire oublier une crise qui a ruiné des milliers de familles ?
Savent-ils seulement ce qui les attend au pays des «taliban» ? Un pays où l'une des plus grandes armées jamais déployées, l'armée rouge soviétique, a perdu, après dix ans de lutte acharnée, la guerre ? Pour toujours.
Un pays où, paradoxalement, les «taliban» — formés par les officines US pour contrer l'intervention soviétique lors de la guerre froide — connaissent parfaitement les us et coutumes guerriers des G'Is ? Et sont donc redoutables ? Même l'actuelle coalition de l'Alliance n'est pas en mesure de dire si l'issue des campagnes menées sur le sol pachtoune sera en leur faveur. Et beaucoup de pays veulent retirer leurs troupes de ces sables mouvants.
Après plusieurs années de guérilla, il est permis de douter de l'issue de cette sale guerre où le but est, apparemment, non plus d'extirper le «terrorisme», mais bien de s'installer durablement et de façon stratégique dans un pays qui représente sur l'échiquier mondial la place du roi.
L'Inde, avec lequel des pourparlers, des compromissions et des accords seront signés très prochainement par les USA, qui dédaignent de plus en plus le Pakistan, qui a toujours été leur allié et leur vassal avec Musharraf, sera sans doute le fer de lance des USA dans la région à l'avenir.
Mais plus que tout, ce qui inquiète aujourd'hui nos «maîtres penseurs», c'est la liberté dont jouit le père de la bombe atomique pakistanaise, Abdul Kadeer Khan. Un savant qu'on aurait préféré voir finir ses jours dans les geôles pakistanaises, mais qui est toujours un héros national. Et libre désormais ! Serait-ce le fou du roi ?
Le savant sera-t-il «suicidé» un de ces jours ? Cette option est à craindre, car l'Occident ne peut se permettre de laisser un électron libre comme Khan irradier la région. La partie est loin d'être jouée. Mais le jeu d'échecs est dans la région un sport cérébral national…
Alors, quand Chavez décide de faire suivre ses paroles par des actes, c'est normal, cela perturbe les mauvais élèves qui se rendent compte alors qu'ils ont affaire à plus mauvais élève qu'eux.
Car l'impérialisme n'a jamais réussi à rendre docile l'élève Chavez. Pour les impérialistes, les colonisateurs, les exploiteurs, les esclavagistes, Hugo Chavez est donc tout simplement un très mauvais élève !Puisse-t-il le rester toujours… Pour le bonheur de son peuple.


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