Alors que la grève des médecins résidents a atteint un point de non-retour depuis dimanche lorsqu'ils ont décidé d'entamer un débrayage illimité, le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière doit faire face dès la première semaine de janvier 2018 à la pression d'une autre catégorie de personnel de son secteur. 5Les paramédicaux annoncent une grève cyclique de deux jours à partir du 8 janvier prochain pour dénoncer les agressions dont ont fait l'objet des praticiens dans différentes structures de santé à travers le pays, devant le «silence» du ministère de tutelle pourtant interpellé. Au moment où le Syndicat algérien des paramédicaux (SAP) dit avoir cru en la bonne volonté du département de Mokhtar Hasbellaoui à prendre en charge ses revendications, «force est de constater que des événements d'un autre ordre viennent se greffer dramatiquement, allant jusqu'à hypothéquer sérieusement la prise en charge des malades», explique son bureau national réuni en urgence après qu'une cadre syndicale «a fait l'objet d'une agression caractérisée» dans l'exercice de ses fonctions, dans la wilaya de Djelfa. Sur cette affaire, le SAP dénonce «une indifférence, voire une complicité» du ministère de la Santé avec le DSP de wilaya. Un autre incident a aussi interpellé le syndicat. Il s'agit de l'obligation faite à une aide-soignante d'évacuer un traumatisme crânien sur injonction de la force publique à la demande de l'administration de l'EPH d'Akbou dans la wilaya de Béjaïa. «Ces dérapages dangereux, maintes fois dénoncés, tendent à se généraliser», regrette le syndicat de Lounès Ghachi qui n'a donc pas trouvé mieux que de reprendre le chemin de la protesta. Hasard ou malchance, le retour à la charge des paramédicaux qui représentent une grande partie du personnel de la santé intervient au moment où le ministre de tutelle se trouve déjà confronté à la colère des médecins résidents en grève illimitée depuis dimanche dernier. Le professeur Mokhtar Hasbellaoui qui, à chacune de ses sorties médiatiques, affirme être un bosseur qui ne parle pas trop sauf s'il y a des résultats à annoncer à l'opinion publique ou aux professionnels de son secteur, découvre ainsi la terrible pression qui pèse sur ce département. L'un des plus instables d'ailleurs en termes de ministres puisqu'à chaque remaniement du gouvernement, le nom de son responsable se trouve toujours sur la sellette. En l'espace de cinq ans, 4 ministres ont succédé au département : Djamel Ould Abbès, Abdelaziz Ziari, Abdelmalek Boudiaf et enfin Mokhtar Hasbellaoui. Ce dernier, entré dans le bain quelques semaines après sa nomination en mai 2017, avec l'affaire du décès d'une parturiente à Djelfa, fait face aujourd'hui à une autre forme de pression. Celle des partenaires sociaux qui jusque-là lui avaient laissé tout le temps nécessaire de s'adapter. Avant d'être appelé en poste par le président de la République, le Pr Hasbellaoui dirigeait l'Institut national de la santé publique (INSP) et venait de décrocher le poste de chef de service ORL du CHU Mohamed Lamine Debaghine de Bab El Oued à Alger. Il était aussi président du conseil scientifique du CHU et de la faculté de Tizi Ouzou. Des missions, bien qu'elles soient importantes, étaient moins exposées comme l'est celle de ministre de la république. D'ailleurs, un bruit avait couru que quelques mois après sa prise de fonction, le professeur aurait déposé sa démission à la présidence de la République. Laquelle avait été refusée. En tout état de cause, avec ces deux grèves qui pèsent lourdement sur le fonctionnement des hôpitaux, le ministre de la Santé n'a de choix que de continuer ce qu'il semble si bien faire : le dialogue. Depuis son arrivé, faut-il l'admettre, Mokhtar Hasbellaoui a ouvert les portes du ministère à l'ensemble des partenaires sociaux. Mais, à moins qu'il y ait des résultats, la patience de ces derniers a des limites. Une délégation de résidents chez le ministre Après plusieurs semaines de grève et de bras de fer avec les pouvoirs publics concernant un certain nombre de revendications, notamment la révision du service civil et l'amélioration des conditions de travail, les médecins résidents seront reçus demain mercredi au siège du ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière. Mokhtar Hasbellaoui recevra une délégation du Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra), au titre d'une deuxième rencontre comme il l'avait promis auparavant. Selon le Dr Mohamed Taileb, délégué dudit collectif, le rendez-vous est prévu à 9h du matin. Il est attendu à ce que le ministre de tutelle expose devant les représentants des grévistes ses propositions concernant les points débattus, particulièrement celui relatif à la révision de la forme actuelle du service civil. Dans ce sens, le gouvernement compte, au titre des mesures incitatives, verser une indemnité conséquente aux spécialistes qui exerceront dans différentes régions du pays, comme révélé dans nos précédentes éditions.