Plus de huit millions d'immigrés sans papiers vivent dans l'espace de l'Union européenne, selon la commission spécialisée de cette organisation. Différents gouvernements du vieux continent adoptent des lois controversées pour mettre fin à l'arrivée de nouveaux migrants et procèdent à l'expulsion des sans-papiers. «Le plan de retour volontaire pour les immigrés», dernièrement ratifié par le gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero, en est l'une des illustrations. La formule consiste à verser l'intégralité des indemnités de chômage au travailleur étranger en situation régulière. En échange, l'intéressé s'engage à retourner dans son pays d'origine. Les Marocains et les Equatoriens sont les premiers concernés par ce nouveau texte. Quant aux immigrants sans papiers, les autorités ibériques procéderont à leur expulsion pure et simple. Fini les régularisations en masse, comme en 2005, où plus de 700 000 immigrés avaient bénéficié de titres de séjour. L'ancien ministre français de l'Immigration et de l'identité, Brice Hortefeux, s'est éclipsé dans un nouveau département, en avançant avant son départ un chiffre de 30 000 immigrés sans papiers expulsés en 2008. Il a laissé à son successeur Eric Besson un lourd passif, dont «le dossier des tests ADN pour identifier les candidats au regroupement familial». Par cette directive, les autorités françaises espèrent décourager la tentation de l'immigration. Cette situation a évidemment soulevé une levée de boucliers chez les défenseurs des droits de l'homme et des immigrés. Par ailleurs, concernant la nouvelle politique de la Grande-Bretagne sur l'immigration, Phil Woolas, secrétaire britannique chargé de la question, a indiqué que «si les gens sont licenciés, la question de l'immigration devient extrêmement épineuse. Dans le passé, il était trop facile d'entrer dans ce pays, et cela va devenir plus difficile désormais». L'expulsion récente d'une dizaine de familles étrangères confirme les déclarations du responsable anglais. L'Italie a, quant à elle, reconduit aux frontières plus de 35 000 clandestins arrivés sur les côtes siciliennes et l'île de Lampedusa.La crise économique mondiale aiguë est, selon les observateurs, à l'origine du durcissement des politiques d'immigration européennes. En effet, les entreprises d'Europe de l'Ouest ont été contraintes de supprimer des postes d'emploi par centaines de milliers. Des organisations internationales de défense des droits de l'homme et des immigrés sont montés au créneau pour dénoncer ce qu'ils considèrent comme des lois discriminatoires, voire xénophobes et racistes. Un enjeu électoral Les nouveaux chômeurs européens et les salariés vivant des conditions précaires ont, selon toute vraisemblance, cédé aux chants des sirènes du discours des partis de droite et d'extrême droite, à forte teneur sécuritaire et anti-immigrés. En Italie, les dérives du gouvernement Berlusconi ne constituent point une originalité. Allié aux élections d'avril 2008 avec le parti de la Ligue du Nord, parti raciste et xénophobe, l'actuel président du Conseil italien a lors de sa campagne joué la carte de l'immigration. Il a mis à l'index les étrangers, les accusant d'être «à l'origine des problèmes socioéconomiques de l'Italie». Le président du Conseil italien a, par le biais de ses propres médias, diabolisé les immigrés, à leur tête les Roms. Pourtant, ces derniers, roumains de nationalité, sont européens depuis l'adhésion de leur pays à l'Union européenne. Comme quoi, quand on a besoin de boucs émissaires à même de faire diversion à leur incapacité à inventer des solutions à la dure réalité économique de leur pays, les dirigeants des pays européens ne font pas de quartier. Même s'il est de meilleur ton de s'attaquer en priorité aux Arabes.